Réveillées au petit matin, nous allons tôt nous restaurer puis profiter des jardins dans la fraîcheur matinale. Sylvie attend avec impatience que l'on installe les perroquets sur leur perchoir. Pour Sylvie, ils ont été sauvées et vive la une vie de rêve pour perroquet. Pour Anne, ils ont la malchance d'être né beau et on leur a coupé des plumes pour les empêcher de se sauver (pour les plumes, elle en est sûre ; elle a demandé. On lui a même dit, coupé les ailes 😒
Ils sont là, bêtement, à attendre que le temps passe, sauf le couple là. Au moins ils sont ensemble et ils s'apprécient, ça se voit. Les oiseaux noirs qui batifolent un peu partout ont bien plus de chance ; on les trouve moches et ordinaires. Et c'est bien comme ça. D'ailleurs Anne les trouve bien plus beaux avec toutes ces teintes que le soleil fait miroiter dans leurs sombres plumes... "on y va ?" Dit Sylvie perturbant les réflexions de Anne.
Et nous voilà parties pour un tour de la ville, Anne avec ses chaussures de guerre et ses bâtons de marche, Sylvie avec son appareil photo, son air conquérant et le plan sur lequel nous avons tracé un parcours bien précis. Mais très vite nous dévions ; une palissade qui ne nous plaît pas, une façade qui attire notre attention, la ferme intention de rester sur le trottoir à l'ombre, une voiture avec un haillon ouvert avec un couple lumineux à son bord royalement assis, ... tout est bon pour nous détourner.
Nous arrivons tout de même à la plaza Mayor nommé aussi Central Park. Fontaine servant de piscine aux pigeons, vendeurs ambulants chargés de babioles, autochtones prenant le frais, touristes de tout poil, ... ça ne manque pas d'attrait. D'ailleurs, vous retrouvez Anne assise avec une jeune allemande. Elles échangent joyeusement sur leurs expériences respectives. Sylvie s'en trouve bien car ainsi elle passe plus inaperçue, pense t'elle, c'est à dire débarrassée de son Anne trop voyante. Elle peut saisir sur le vif tout ce mouvement.
Quand un porche nous séduit, contrairement à chez nous où tout est privatisé, il faut entrer. Le bâtiment recèle forcément des surprises architecturales ; un long couloir donnant sur des patios, un escalier torsadé derrière lequel s'abrite une cour carrée bordée de coursives soutenues par des colonnes ouvragées de pierre ou de bois. Il y a aussi ce contraste avec la rue très bruyante. Le silence y est trompé par le bruit de l'eau, le piaillement des oiseaux, des discussions, ...
Nous remontons les rues ; c'est tout plat bien que le sol soit suffisamment tourmenté pour solliciter les pieds, les chevilles, les genoux, ... puis d'un coup nous n'en pouvons plus. Sur le plan, nous avons l'air d'être tout près de l'hôtel. Mais dans les faits les carrefours se font désirer. Nous arrachons chaque rue à notre énergie déclinante. Et là, Anne sait que si Sylvie lui propose de gravir quoi que ce soit dans les jours à venir, elle sait quelle verte réponse elle lui fera... mais à voir la tête de Sylvie, ça ne lui viendrait pas à l'idée. Victoire ; nous nous effondrons sur le premier banc trouvé dans le hall de l'hôtel. La fontaine juste derrière nous rafraîchit l'esprit à défaut du corps. Nous gravissons les escaliers qui nous séparent de notre chambre. Après une petite pose sur le banc situé juste devant notre porte, nous l'ouvrons, nous nous traînons jusqu'au lit et nous effondrons. Mais pas de répit pour les braves ; dans 1/2 heure, un fabuleux massage nous attend.