Papillonnage photographique de pays en pays… Sylvie voit très bien où elle veut aller…. Anne tant bien que mal tente de la suivre. En tous cas elles y vont, 2 ou 3 fois par an, mais veulent en parler plus souvent que ça…
Des tissus colorés en pagaille, des temples mayas en pleine jungle, des lacs où se reflètent les volcans...
Du 1 au 14 février 2020
2 semaines
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Levé fait. Valises bouclées, chats nourris, navette prise... Anne se dit qu'il est grand temps de mettre son cerveau en stand-by. Quand il sera de nouveau opérationnel, elle avisera... peut-être pas avant 15 jours.😑 enfin, elle espère. Quoi stand-by ?!! C'est sans compter sur l'inextinguible capacité de Sylvie à la surprendre. Sylvie qui spontanément prend toujours la mauvaise direction. C'est arrivée au bout du bout du train que Anne, face à l'oeil rond de Sylvie attestant de sa grande perplexité, se rebranche, regarde de son œil à elle et, furibarde, répare. "L'autre bout ! L'autre bout Sylvie !". Merde ; elle ne va pas pouvoir poser son cerveau comme elle l'avait prévu. Il va falloir trouver une autre stratégie... pas partir ? A non. Ça non plus elle ne peut pas. Pas encore cette fois là. Mais elle y réfléchit fortement. Ça fait 20 ans qu'elle y réfléchit fortement... en route donc pour Belize et le Guatemala. Faut-il vraiment expliquer les longues files d'attente, les déconvenues divers et variées rencontrées à chaque étape ? Signalons tout de même la gentillesse du personnel de bord, le repas plutôt bon, la bénédiction d'une sieste, d'un film, qui vous enlève 1 à 2h de vol, les petits échanges sympathiques avec des inconnus dont on se sent proche par le simple fait de partager la situation. Ça aide un peu. Mais fondamentalement oublions vite ce pénible moment qu'est un vol international avec escale qui court sur deux jours. Mais là non ! Sylvie ne le voit pas DU TOUT comme ça ; le deuxième jour de vol, elle l'a voulu pour économiser 2 jours de route. Mais Anne elle s'en fout ; ça reste deux jours où on prend l'avion avec tout ce que ça sous-entend de galère... peut-être même qu'elle aurait préféré deux jours de macadam. Le débat va rester ouvert jusqu'à demain après-midi... après !... après !... et bien on verra bien. A chaque putain de jour suffit sa putain de peine. Allez encore 3h30 de vol avant de pouvoir dormir.


Anne en mode stand-by et Sylvie en mode conquérante du monde 


Escapade au Bélize

retrouvez le carnet de voyage de nos 4 jours à Caye Caulker

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Grand ménage dans la ville 

Tu te douche ?" Demande Sylvie de la salle de bain. "OUIII !" Réponds Anne. "Qu'est-ce que tu dis j'entends pas" demande Sylvie un peu plus fort. "Ouiiiiii ! Mais merde tu le sais que j'ai mal à la gorge !" Essaie de hurler Anne, ce qui achève de la rendre aphone. Elle se précipite à la salle de bain pour exprimer à Sylvie à coup de gestes aussi amples que possible l'absurdité qu'il y a à demander à une aphone de parler plus fort. Ça se lit sur sa tête que Sylvie avait déjà oubliée. Simultanément, dans son style le plus pur, Sylvie clame "puisque c'est comme ça je t'appelle pas la prochaine fois" avec l'air de dire - mais alors plus jamais !!! -. Ha le sens du drame de ses deux là n'est plus à prouver. C'est du vent tout ça. Un peu plus tard, avec son sens bien à elle de l'empathie, Sylvie se met à parler aussi bas qu'elle le peut. "Un peu plus fort" signifie Anne en gestes que Sylvie ne comprend pas 🙄, mais où va-t-on ! mais où va-t-on !!! Mais sur le bord du lac voyons donc ! Bras dessus bras dessous - façon de parler tellement nous avons chaud mais le coeur y est - nous descendons des ruelles étroites faites pour garder la fraîcheur.

Flores, sa presqu'ile et ses rues pavées 

La veille, quand nous sommes arrivées à Florès avec le coucher de soleil, nous avons peinés dans des rues à peine plus larges, pavés de guingois dans un 4x4 pick-up énorme équipé à l'ancienne, sans caméra de recul, sans bip pour nous annoncer la proximité des obstacles et en vitesses manuelles. Sylvie, en chauffeur émérite, suait de concentration à lui brûler ses dernières gouttes d'énergie. C'est tout petit pourtant Florès. Et on voyait bien l'hôtel en passant dans une rue perpendiculaire. Mais les sens uniques, nombreux, ne sont pas indiqués. Ce sont les habitants qui jouent les sirènes d'alerte et il y en avait toujours un pour nous aider à respecter la loi. On a bien cru ne jamais y arriver quand, passant pour la quatrième fois au même croisement, on a osé tourner à gauche. Après avoir laborieusement gravi les 3 étages de hautes marches qui nous garantissaient une vue sur le lac, Sylvie s'est effondrée sur le lit.

Le lac Peten Itza
Quiétude sur le lac 
Dans les rue de Flores

Elle s'est aussitôt endormi pour 1/2h disait-elle qui a duré bien son heure et demie. Quand elle est dans cet état vous pouvez tenir une conversation avec elle sans même la réveiller. Anne s'y est amusé sur quelques mots - c'est attendrissant ; on dirait qu'elle est sous hypnose - puis a lancé sur son téléphone le morceau de musique le plus tonitruant qu'elle a en stock ; faudrait pas qu'elle se pourrisse la nuit à venir quand même.

L'état des routes 

Bon, tout ça c'est déjà du vieux. Nous faisons le tour du lac dans l'autre sens que celui préconisé par le GPS ; Sylvie a besoin de son quota de routes déglinguées. Tout d'abord c'est une sorte de macadam qui, de chaque côté semble s'être déchiré et nous fait penser au glissement des plaques tectoniques en moins dangereux puisque les failles ne dégueulent que du gazon. Très vite ça devient du caillou et finit par ressembler au lit d'un ruisseau asséché. Ça secoue sec mais luxueux dans ce pick-up haut perché sur ses caoutchoucs tout neuf. Le GPS n'y comprend plus rien et nous annonce 50 mn de route quand il en annonçait 20 plus tôt. En fait, brutalement, nous sommes à bon port. C'est un petit paradis à flanc de coteau plongeant dans le lac et noyé de verdure. Dégoulinantes, nous récupérons en profitant de la quiétude ambiante avant de nous attaquer à la question récurrente quand on débarque dans un nouvel hôtel ; y faut descendre (ou monter) beaucoup de marches ? Parce qu'il y en a en pagaille ici. Et le lit il est bien grand ? Et bien non ; aucun lit ne l'est. Et là nous tombons sur des gens adorables qui nous réaménagent la chambre la mieux placée à nos yeux avec deux lits. Si c'est pas beau ça ? Sylvie signale à Anne que le lieu appartient à Francis Ford Coppola. Il est pas mort celui-là ? Demande Anne. Et c'est au tour de Sylvie de regarder Anne avec consternation... et on va le voir ?

Détente à la Lancha 

Installées à la terrasse de notre bungalow, nous mesurons posément notre énergie et définissons un programme en conséquence ; aller dans l'eau. Mais laquelle ? L'eau de la piscine ou celle du lac ?... et puis pourquoi pas les deux tiens ? En maillot de bain, t-shirt et shorts - faut pas rigoler avec le soleil des tropiques - nous commençons par la piscine qui est juste à côté de notre bungalow. C'est frais, c'est bon et - nous l'aurions souhaité que nous ne l'aurions pas eu - nous l'avons pour nous toutes seules. Un petit courant d'air dans les arbres, un peu d'ombre, ... on aurait presque froid. Nous passons à la phase 2 de notre plan liquide. Et là, c'est encore mieux ; nous pourrions descendre au lac par une interminable succession de marches zigzaguant sur la forte pente qui y mène. C'est à l'ombre des arbres tout le long. Mais nous résistons à la tentation et optons pour le mini-funiculaire de l'hôtel. Il avance au rythme d'un marcheur fatigué. Cela nous laisse tout le loisir d'observer le décor. Là aussi nous sommes seules et le lac nous appartient. On se déplace lentement en suivant des courants plus chauds. Après cette épuisante activité nous remontons... on vous laisse deviner comment... et on sieste. On lit. On re-sieste, enfin, surtout Sylvie qui enfin se relâche vraiment. Anne aurait plutôt tendance à essayer de se gratter le dos - pas facile à atteindre -. Il est couvert de boutons d'insectes. Elle a beau réfléchir, elle ne voit pas quand ça a bien pu se passer. Et puis dans le dos ? Pourquoi que dans le dos ? Des moustiques ? Des puces de lit ?... dans l'avion... Au rythme de ces activités fondamentales comme seules savent en procurer les vacances, on laisse se finir la journée.


Coucher de soleil  sur le lac Peten Itza

La Lancha - Lake Peten Itza, El Remate.

Perdu dans la forêt, un coin idyllique après 12km de piste, on vous le déconseille si vous n'avez pas de voiture car c'est un peu loin de tout.

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Magie du matin sur le lac Peten Itza à El Remate

Les courants d'air, la clim, les ventilateurs, ... ne suffisent pas à maintenir Anne dans un état "d'aphonitude"... pauvre Sylvie... 🙂 ... non, c'est pas vrai. Sylvie ne pense ni ne dit des choses pareilles... 🙂 ... Anne si. Levées pour petit déjeuner à 6h dans le but de partir au plus vite, c'est à 6h50 que nous nous mettons en route. Nous nous rendons sur le site Maya de Tikal. Mais la route est si belle au petit matin sous la lumière rasante du soleil qui fait lever quelques nappes de brume sur le lac, pousse les enfants sur la route de l'école, les touristes ensuqués à boire leur café assis sur des pontons les jambes balantes, la chorale des oiseaux à s'échauffer, les chiens à trottiner sur la route le bout des oreilles et de la queue battant la mesure, les poules sous l'oeil vigilant de leur coq à braver les roues des voitures pour picorer allez savoir quoi, ... bref, ça vit.

El Remate au petit matin  
on en voit beaucoup de pontons le long des lacs

Arrivée au parc naturel qui abrite le temple du Jaguar et autres merveilles, nous entamons guillerettes le chemin conseillé par un des guides qui nous le vend comme étant le plus plat, même s'il est un peu plus long. Bien sûr on se trompe. Bien sûr ça rallonge encore. Bien sûr ça monte quand même. Mais nous y arrivons. Sylvie persuade Anne de faire la dernière montée en lui rappelant qu'après 1 train, 5 ou 6 avions, 2 bateaux-taxi se seraient dommage de renoncer si près. Il faut reconnaître qu'à l'ombre des arbres, aux bruits intrigants des animaux en activité, la balade est plus plaisante que prévue. Et - ho la chance - au pied du site on peut prendre une bétaillère qui nous ramène au parking.


Tikal et le temple du Jaguar 


Dans la jungle à la découverte des temples Mayas 

Le site en lui-même est impressionnant. Mais la culture Maya n'attire pas plus que ça Anne et cela depuis l'enfance. Depuis qu'on lui a raconté les sacrifices humains perpétrés du haut de ces temples. Elle laisse Sylvie batifoler pendant qu'elle essaie, vainement, de retrouver son énergie. Sur la route du retour, Sylvie nous trouve un endroit un peu écarté de la route, en hauteur, ou manger... une pizza... elle en a déjà marre des tortillas. Mais pas n'importe laquelle. Un italien qui a vécu pas mal de temps en France a ouvert un petit restaurant "las Orquideas", qui ne paye pas de mine mais où on mange réellement bien. Puis nous repartons... au radar... vite on se couche pour une sieste d'1h1/2. Nous nous sommes promis de retourner dans le lac et Sylvie entend bien ne pas y louper le coucher de soleil. Mais Anne traîne à se préparer. Elle se douche 🙂... elle ne veut pas salir l'eau du lac. Et tu crois qu'elle va où l'eau de ta douche ? Pense Sylvie, résignée face aux lubies de Anne, ne lui dit trop rien à part de se dépêcher. Et ça c'est trop dur de se dépêcher. Attendre Anne, puis le funiculaire - c'est que nous ne sommes pas seules aujourd'hui - puis l'eau, enfin l'eau ! Et la, dans les arbres ça s'agite ! Des singes écureuil au pelage noir se laissent deviner tout en faisant un raffut de tous les diables. Sylvie essaie de filmer... puis Anne, fuyant les moustiques, laisse Sylvie en tête à tête avec son coucher de soleil et lui fait porter un verre bien frais d'hibiscus à l'agua mineral. Avec un peu de chance elle aimera cela... épuisante cette journée.


Un coati  et un dindon ocelé 
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Le réveil animalier sur le lac 

A l'aurore, nous descendons une dernière fois par le funiculaire histoire de profiter du ponton et du lac à son réveil. Des nuages nous cachent le soleil. La quiétude du moment nous enchante. Nous y sommes arrivées suffisamment tôt pour assister au réveil de l'activité animale. Dans le silence, nous avons vu des groupes d'oiseaux passés en formation au raz de l'eau. Perchées sur des branches mortes, des aigrettes commencent mollement à étirer leurs ailes. Des petits poissons créent en rafale des ondes en sautant hors de l'eau. Les bruits progressivement montent. Nous profitons d'une dernière petite brise et rebroussons chemin. Anne n'a pas récupéré de sa fatigue d'hier. Dépitées nous renonçons à visiter un parc animalier tout près de là. Puis nous prenons la route. Ou plutôt Sylvie prend la route et Anne se renferme sur un état déplaisant qui la mène de la suée au frisson. Elle dort à moitié en laissant Sylvie en-tête à tête avec l'asphalte et le paysage qui assez rapidement s'est mis à se vallonner ou plutôt à se bosseler de monts très abrupts. C'est très très vert, plein de vaches et de taureaux. Dans d'autres circonstances, Anne aurait mitraillé le décor ambiant. Mais là, il va falloir l'excuser, elle nous lâche.

Magie de la lumière 


Coucher de soleil 
Coucher de soleil sur le Rio Dulce  de l'hotel Banana Palms
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Le banana palms hotel 

Il a plu une bonne partie de la nuit. Malgré le ciel un peu couvert nous savons qu'il va faire chaud. Arrivée hier dans notre nouvel hôtel, état de Anne oblige, nous avons dormi une bonne partie de l'après-midi. Nous sommes juste aller faire trempette au coucher du soleil dans la piscine pleine de chlore (et sans enfants chahutant : -), juste pour ne pas avoir à affronter l'échelle du ponton sur le lac.

Notre chambre est immense et comprend en réalité cinq pièces, trois lits et un balcon. Mais nous regrettons celui de monsieur Coppola qui avait tant de charme (malgré cette invraisemblable quantité de marches). Sylvie extirpe Anne de son sommeil à 7h. Dans 1h "la Lancha" que nous avons louée pour nous toutes seules nous embarque pour aller jusqu'à Livingston, ville qui ne peut-être atteinte que par l'eau.

Iguane sur le ponton de l'hotel en attendant le bateau 

Nous avons bien l'intention de nous arrêter quand bon nous semble pour photographier iguanes, cormorans, pélicans, aigrettes, ... et paysages. Pleines d'entrain nous mitraillons tout ce qui bouge. Et à Anne de dire "on dirait bien à voir comme ça que les aigrettes et les pélicans sont meilleurs au vol plané que les cormorans..." en attendant, un cormoran lancé à pleine vitesse en ligne droite bas à plate couture notre embarcation, même quand elle est frénétiquement en mode tape-culs. A un moment un autre bras de rivière tout boueux rejoint celui sur lequel nous sommes qui lui, était limpide... enfin presque. Il charrie des déchets végétaux en pagaille. "Tu trouves pas qu'on dirait des trucs de castor ?" "Et tu t'attends à en voir peut-être ? " "bein non mais quand même, ça ressemble" Sylvie ne sait que répondre. Puis de se dire "pourquoi la rivière s'appelle t'elle "Rio Dulce" ? Vu que l'une des façons de dire pâtisserie en espagnol c'est "dulce", Anne se demande s'il y a un lien. Mais quel type de lien ? L'eau aurait-elle une couleur de miel ? Mieux ! Elle aurait un petit goût sucré ?... non pas vraiment.

Dans la lancha 
le Castillo San Felipe près du lac Izabal
Des oiseaux aux plumages colorés dans la lagune aux nénuphars 
Quiétude sur le Rio Dulce 
Et pendant ce temps sur une branche, un iguane se dore au soleil 
La lagune aux nénuphars  et ses oiseaux colorés
 L' ile aux oiseaux

Puis, arrivées à Livingston qui est à l'embouchure, elle comprend , un peu déçue, le pourquoi du nom Rio Dulce. C'est en comparaison avec l'eau de mer salée que la rivière a été baptisée rivière douce. Mais toutes les rivières peuvent s'appeler rivière douce ! Ce sont pas cassés pense t-elle.

Arrivée sur Livingstone  chez les Garifunas
Un bateau  ou une épave ? 
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Notre chauffeur de touk-touk  

Sylvie qui ne se creuse pas la tête comme ça se focalise plutôt sur l'étape suivante ; louer un touk-touk pour faire le tour de la ville ; elle ne se sent pas d'humeur à crapahuter sous ce soleil éclatant qui donne du 32°, 33° au bas mot, même avec cette petite brise. "Quando ?" Claironne t-elle a l'homme qui les a laborieusement aidé à sortir du bateau. "100 quedzals para una hora ! para todo el recorrido por la ciudad ! ". Vu la conversation qui s'en suit avec notre capitaine de navire sur l'heure à laquelle il nous demande de revenir, on se doute bien qu'il y en a pour 2h, donc 200 quedzals. Mais pour des tarifs pareil, pourquoi chercher à négocier ? On vous laisse faire la conversion.

Tranche de vie à Livingstone 

L'homme est bavard. Il nous présente le fondateur de la ville - Heu, sa statue en plâtre peint - ; un homme, esclave de son état, qui a mené la rébellion contre les oppresseurs, c'est à dire les espagnols et les anglais. Il nous fait traverser les quartiers en les nommant. Anne, qui par nature ne retient aucun nom, et Sylvie qui par nature n'écoute pas (Anne se demande parfois pourquoi elle s'emmerde à lui faire la traduction simultanée), nous sommes dans l'incapacité de vous donner ne serait-ce qu'un des noms entendus. De plus, internet est avare d'informations sur ce sujet... Anne s'en trouve fort dépitée. Le seul nom glané c'est "les Garifunas" qui désignent les descendants de ces esclaves rebelles. En même temps, si on avait la prétention de jouer les guides touristiques, ça se saurait.

Le pont suspendu pour aller à la playa Quehueche 
La  playa Quehueche 

La balade comprend également un pont suspendu. Elle aime pas ça Anne les ponts suspendus. "Mais si ! Ça va aller ! " s'exclame Sylvie en embarquant Anne à vive allure "ça tangue moins comme ça" lui assure t-elle. De fait, si ça tangue, elle n'a pas le temps de s'en rendre compte. Sylvie serait bien du genre à jeter un môme dans l'eau pour lui apprendre à nager. Après le pont et une petite marche sur une bande de sable maculée de déchets divers entre l'eau et un grillage, nous arrivons sur une plage plantée de 2 ou 3 cabanons en béton. Nous y partageons un verre avec notre guide qui n'oublie pas de laisser le compteur tourner. "On est bien hein ?" Qui dit. Bein ... on se repose en tout cas. Et c'est au frais... qu'on pense sans le lui dire. Parce qu’il paraît que c'est la plus belle plage de l'île. Y'a des notions à revisiter par chez eux on dirait. Soyons un peu positive ; on y vivrait pas, on a pas regretté de ne pas avoir pris un hôtel ici mais la visite est pour le moins instructive et pittoresque. Ça nous fait penser à Pondichery ; des noms qui nous ont fait rêver avant de les voir et des souvenirs pas à la hauteur. Nous reprenons le bateau.

Un hotel tout droit sorti d'un roman
De nombreux pélicans envahissent les épaves 

En tournant à nouveau autour de Livingston , nous remarquons plus encore les épaves de bateaux que nous cachaient le pittoresque des nuées d'oiseaux marin agglutinés dessus. Nous repassons devant l'hôtel Henry Berrisford, au port comme planté dans l'eau, tellement délabré que nous l'avions cru désaffecté... "mais non regardes ! Y'a quelqu'un appuyé à la rambarde... et à une autre personne qui balaie !"... VALPARESO !!! Ça c'est une ville à la hauteur de son mythe ! Mais ça, c'est un autre voyage. Nous remontons cette fois ci à vive allure, ce qui nous mène quand même à 1h15 de trajet. On se repose un peu. On mange un peu. Puis direction piscine et jacuzzi. Faut que Sylvie se repose avant d'entamer un tri d'images qui ne s'annonce pas des plus simples vue la quantité. Si elle s'en plaint, en vrai elle est fin heureuse... ça la change de la journée précédente.


Les murs peints de Livingstone 
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Il est trois heures du matin et Anne tourne dans leur immense chambre. Sylvie dort semble t-il. Elle a mal au dos de tant dormir. Alors elle fait des allers-retours d'une pièce à l'autre. Elle a mis le chronomètre de son smartphone en route pour être sur d'en faire au moins 10mn. Il lui faut 34 secondes pour faire un aller-retour. Mais comme elle s'ennuie, elle tente une marche arrière. Mais dans la pénombre elle entre dans tout. Elle fait des squats, des levés de genoux. Elle tient 10mn, puis se recouche. Son dos va mieux, elle se rendort. Sylvie, comme d'habitude se réveille sur le coup de 4 heures du matin. Anne semble dormir profondément. Elle va s'assoir sur le balcon avec son copain l'Ipad mais vous n'en saurais pas plus ; elle tient à son intimité nocturne.

La petite pluie fine qui a commencé plus tôt tombe encore et a un peu rafraîchi l'atmosphère ; ça ne s'appellerait pas les Caraïbes s'il en était autrement. Ainsi, toutes les nuits depuis que nous sommes là, nous alternons nos réveils nocturnes tout en ayant la même impression injustifiée que l'autre n'est pas affecté pareillement par le décalage horaire. Sylvie traîne un bon bout de temps avant de se rendormir. Ce matin justement, nous ne traînons pas ; nous avons beaucoup de route à faire. Les prévisions nous annoncent 5h de trajet, nous en ferons beaucoup plus.


Route vers Guatemala city 

Pourtant, les routes sont dans un état très correct. Mais elles ne sont pas larges et charrient pour un dimanche beaucoup de camions, parfois de taille appréciable. Ici comme dans beaucoup de pays que nous avons visités, le respect du code de la route est très vaguement appliqué. Nous comprenons vite que la ligne jaune continue se passe allègrement, surtout si nous ne voulons pas rester à deux à l'heure derrière une enfilade de poids lourd qui tire la côte avec souffrance. Nous avons de la lecture aussi. D'innombrables panneaux nous exhorte à la prudence "si maneja no bebe" - Anne trouve que ça se comprend tout seul alors supposez donc ; vous trouverez la traduction en fin de texte - ou encore, "si maneja no utilisar selular". Et plein d'autres trucs que malgré nos efforts nous ne retenons pas.

Nous croisons beaucoup de marchands de fruits sur la route 

Vers midi, chose improbable, nous croisons un Mac Donald. Anne fait une fleur à Sylvie et y accepte une pause qui va être des plus salutaires. Car après, ça monte sec et ça tourne beaucoup. C'est brutal à conduire et difficile à supporter pour Anne qui, enrhumée, a les tympans qui explosent. Nous traversons Guatemala City avec un peu moins de difficultés qu'attendu, mais vu le trafic en ce dimanche après-midi, nous n'osons pas imaginer ce que ce doit être en semaine. Peu après avoir quitté Guatemala City, nous nous retrouvons sur une pente vertigineuse à deux voies avant laquelle, pour toute mise en garde, on nous incite à utiliser le frein moteur. Tout de suite nous pensons aux "gros cubes" croisés depuis ce matin emportés par leur propre poids et tentant de freiner. Et ça doit arriver souvent car la route est équipée de nombreux ralentisseurs. Rien qu'à les observer dans leur puissante contre-pente tapissée d'une épaisse couche de gravier, on a l'imagination emportée. La sortie pour Antigua, notre destination, apparaît brusquement. À peine prise, l'entrée de la ville s'annonce. Et là, c'est un peu la panique. La rue principale, pas très large, faite de pavés petits et irréguliers, charrie une file de voiture continue. C'est à peine si nous arrivons à stopper devant la porte de l'ancien cloître transformé en hôtel.

Un ancien couvent rénové - l'hotel Casa Santo Domingo 

Dans la précipitation, Anne débarque sacs et valises et Sylvie part aussitôt à la recherche d'une place qu'elle va mettre un temps infini à trouver et qu'il faudra vite quitter. Et là, en entrant dans le hall de cet hotel-musée, Anne est émerveillée. Le lieu est superbement rénové. Il y a de nombreux recoins, tous plus beaux les uns que les autres. Partout des plantes, des arbres, des fleurs ombragent des allées et des patios où trônent des fontaines. Il y a des oiseaux partout. La pierre est belle. Les objets anciens harmonieusement mis en scène accrochent le regard. Une musique discrète habite le lieu. C'est idyllique et honteusement en contraste avec tout ce que nous avons vu des villes Guatémaltèques croisées jusque-là. Une fois les formalités faites, la voiture garée au bon endroit et les affaires débarquées dans la chambre, la fin de journée est des plus douces. Piscine et jacuzzi, bon repas, bonne et douce nuit sans climatisation ; nous sommes en hauteur ; il fait plus frais ici.

Hotel Casa Santo Domingo  sa piscine et son patio

Nous vous recommandonsHotel Casa Santo Domingo. Les bâtiments se déploient dans les ruines d’un vaste complexe monastique dont plusieurs éléments sont parfaitement intégrés dans les installations de l’hôtel. Les jardins et patios sont magnifiques. Cet hotel est ouvert à la visite.

Volcan Pacaya 
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Réveillées au petit matin, nous allons tôt nous restaurer puis profiter des jardins dans la fraîcheur matinale. Sylvie attend avec impatience que l'on installe les perroquets sur leur perchoir. Pour Sylvie, ils ont été sauvées et vive la une vie de rêve pour perroquet. Pour Anne, ils ont la malchance d'être né beau et on leur a coupé des plumes pour les empêcher de se sauver (pour les plumes, elle en est sûre ; elle a demandé. On lui a même dit, coupé les ailes 😒

Les perroquets de l'hotel 

Ils sont là, bêtement, à attendre que le temps passe, sauf le couple là. Au moins ils sont ensemble et ils s'apprécient, ça se voit. Les oiseaux noirs qui batifolent un peu partout ont bien plus de chance ; on les trouve moches et ordinaires. Et c'est bien comme ça. D'ailleurs Anne les trouve bien plus beaux avec toutes ces teintes que le soleil fait miroiter dans leurs sombres plumes... "on y va ?" Dit Sylvie perturbant les réflexions de Anne.

Et nous voilà parties pour un tour de la ville, Anne avec ses chaussures de guerre et ses bâtons de marche, Sylvie avec son appareil photo, son air conquérant et le plan sur lequel nous avons tracé un parcours bien précis. Mais très vite nous dévions ; une palissade qui ne nous plaît pas, une façade qui attire notre attention, la ferme intention de rester sur le trottoir à l'ombre, une voiture avec un haillon ouvert avec un couple lumineux à son bord royalement assis, ... tout est bon pour nous détourner.

Plaza Major ; le central park d'Antigua 

Nous arrivons tout de même à la plaza Mayor nommé aussi Central Park. Fontaine servant de piscine aux pigeons, vendeurs ambulants chargés de babioles, autochtones prenant le frais, touristes de tout poil, ... ça ne manque pas d'attrait. D'ailleurs, vous retrouvez Anne assise avec une jeune allemande. Elles échangent joyeusement sur leurs expériences respectives. Sylvie s'en trouve bien car ainsi elle passe plus inaperçue, pense t'elle, c'est à dire débarrassée de son Anne trop voyante. Elle peut saisir sur le vif tout ce mouvement.


L'intérieur des hôtels sont magnifiquement rénovés, souvent ce sont d'anciens couvents 

Quand un porche nous séduit, contrairement à chez nous où tout est privatisé, il faut entrer. Le bâtiment recèle forcément des surprises architecturales ; un long couloir donnant sur des patios, un escalier torsadé derrière lequel s'abrite une cour carrée bordée de coursives soutenues par des colonnes ouvragées de pierre ou de bois. Il y a aussi ce contraste avec la rue très bruyante. Le silence y est trompé par le bruit de l'eau, le piaillement des oiseaux, des discussions, ...

Des rues colorées et des bâtiments en ruine - tout le charme d'Antigua 

Nous remontons les rues ; c'est tout plat bien que le sol soit suffisamment tourmenté pour solliciter les pieds, les chevilles, les genoux, ... puis d'un coup nous n'en pouvons plus. Sur le plan, nous avons l'air d'être tout près de l'hôtel. Mais dans les faits les carrefours se font désirer. Nous arrachons chaque rue à notre énergie déclinante. Et là, Anne sait que si Sylvie lui propose de gravir quoi que ce soit dans les jours à venir, elle sait quelle verte réponse elle lui fera... mais à voir la tête de Sylvie, ça ne lui viendrait pas à l'idée. Victoire ; nous nous effondrons sur le premier banc trouvé dans le hall de l'hôtel. La fontaine juste derrière nous rafraîchit l'esprit à défaut du corps. Nous gravissons les escaliers qui nous séparent de notre chambre. Après une petite pose sur le banc situé juste devant notre porte, nous l'ouvrons, nous nous traînons jusqu'au lit et nous effondrons. Mais pas de répit pour les braves ; dans 1/2 heure, un fabuleux massage nous attend.

Arche de la Santa Catalina 
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Réserve d'Atitlan avec ses singes écureuils et ses coatis

Assise sur son banc Anne attend sans empressement que Sylvie fasse le tour de la réserve d'Atitlan. Des papillons, des coatis, des singes, ... ça l'occupera bien un certain temps. Pour sa part, elle est mieux là, à l'ombre et les courants d'air. Les seules autres personnes présentes partent pour faire un parcours de tyrolienne. Elle écoute les consignes avec amusement et se réjouit de ne pas en faire partie. Elle connaît à présent quelle position tenir, comment freiner avec le gant renforcé, le signe spécifique qui doit provoquer ce ralentissement, ... enfin, toutes choses utiles si jamais Sylvie s'obstine à vouloir l'embarquer dans cette aventure là. Que tous les saints du Guatemala fassent que non. Mais ça n'a pas l'air d'être à son programme. Décidément elle veillit.

Réserve à papillons  et ses monarques

Ce matin, pour arriver à Panajachel nous avons pris une route qui passe par la montagne, étroite, escarpée, mais dont le revêtement laissait entendre qu'elle était entretenue. Nous avons été agréablement distraites par un paysage des plus attractifs. La traversée d'un village rendue laborieuse par la présence d'un marché et par une gestion des sens uniques des plus contrariante, nous ont fortement ralenti. Cela nous a baladé d'une ruelle étroite à l'autre encombrées de tout ce qui peut encombrer une ruelle par une belle matinée d'activité urbaine pour finir par nous faire passer par un petit pont affublé de deux poteaux, sans doute placé là pour limiter le passage de véhicules jugé trop volumineux... un peu comme le notre... on a tenté, c'est passé. Puis, chemin faisant, nous sommes arrivées à un pont effondré.

Les routes ne sont pas toujours facile 

Pour continuer notre route, il a fallu traverser le cours d'eau en contrebas de celui ci, ce qui n'a pas vraiment posé de problèmes avec notre pick-up de compétition. Mais ça motive l'attention. Puis nous avons eu à plusieurs reprises des traces d'éboulis provoqués par les parois mal stabilisées des montagnes excavées pour créer sans doute cette fameuse route. Ce con de GPS avait bien tenté de nous prévenir que ce ne serait pas de tout repos ; il nous annonçait 2h pour faire 76 km. Mais nous en avons vu d'autres pour que celle-ci nous impressionne vraiment... mais au retour, parce qu'il y a un retour, nous passerons par la Pan American Motorway... une autoroute quoi... mais on l'avait pas vu.


 La route et ses bus colorés
Le lac Atitlan est entouré de  3 volcans : Atitlán (3537 mètres) Tolimán (3158 mètres) San Pedro (3020 mètres)

Tout près de là il y a un hôtel dont les jardins nous ont été recommandé. Nous nous y promenons en jouant à cache-cache avec les jets d'eau rotatifs. C'est dans cet hôtel-ci que nous aurions voulu être. A défaut d'y dormir on y boit un cocktail de jus de fruit fait avec goût par un barman qui connait bien son boulot. Il nous sort les quelques mots de français qu'il connait. Mais il va arrêter d'être sympa comme ça lui ?

L'hotel de la réserve 

On raccompagne une française rencontrée là à son hôtel et qui nous conseille sur les villages côtiers à visiter. Nous sommes épuisées. Pour récupérer de tout cela, nous allons nous plonger dans l'un des bassins de sources chaudes de notre hôtel... mais si qu'il est bien notre hôtel enfin !


Négociation hilarante 
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Le lac Atitlan au petit matin et en milieu d'après midi.

A 8h ce matin, nous longeons le lac au fil d'une promenade aménagée. De l'autre côté de l'eau nous voyons les volcans couronnés de nuage. Sylvie pourchasse les oiseaux de son appareil photo. Les vendeuses ambulantes nous pourchassent de leurs assiduités à nous vendre toutes les mêmes choses. Une certaine réussit à séduire Sylvie qui cède pour une écharpe multicolore qui - promis - ne perdra pas ses couleurs au lavage. D'après Anne, elle doit même pas se froisser 😑 Elle ne tardera pas à rejoindre le bac où toutes celles achetées avant dans des conditions similaires dorment, jusqu'à ce qu'ont les tries. Sylvie qui depuis longtemps ne s'intéresse plus aux oiseaux noirs - il faut dire qu'ils sont légions - lance son dévolue sur de petits oiseaux jaunes à la tête rayée de noir et blanc, et sur un "dahu volant" (vu qu'il n'y a pas moyen de les voir) qui porte paraît-il le nom de quetzal. "Venir ici pour prendre en photo des canaris c'est top !" Lance Anne, moqueuse, qui n'est pas de la meilleure humeur qui soit ce matin. D'ailleurs, le programme a fortement été chamboulé ; Anne veut un message du bas du dos. Elle ne le sent que trop celui-là. Par la même occasion elle veut partir d'ici. Pas que à cause de l'hôtel, mais des touristes (y'en a trop) avec ce que ça draine de désagrément - enfilade de magasins de babioles, des palanquets de mauvais restaurants, disparition de la quiétude. Massage fait - une bonne heure - nous partons aussitôt. Nous avons loué pour 3h une lancha histoire d'aller sur l'eau et jeter un coup d'oeil à 1 ou 2 villages côtiers puis nous mettons les voiles pour Chichigastenango où Sylvie a dégoté "the hôtel".

Santa Catarina Palopó ; son village à flanc de côteau.


Marchande de tortillas 


San Antonio Palopo

A Chichigastenango, demain, c'est le plus gros jour de marché de la semaine. Et Sylvie, elle aime bien ça, les marchés. Et puis qui voudrait louper le plus grand marché du Guatemala ? Franchement ? Attention je vous regarde bien dans le blanc des yeux ! Je le saurais si vous mentez ... Pour le moment, nous essayons de monter... non. De descendre dans notre lancha. Et ça bouge beaucoup. Sylvie se lance. Mais sa prestation n'encourage pas Anne. Bien au contraire. Celle-ci vocifère tant qu'elle peut. Et même sans comprendre le français, notre "lancheteur" ne s'y trompe pas et trouve vite la solution de faire échouer l'avant de sa lancha sur la plage. C'est clair ça stabilise. Nous voilà parties à toute petite allure vers les villages de Santa Catarina et San Antonio. Nous avons tous le loisir de voir progressivement s'accumuler des nuages aux sommets des volcans. Sylvie est persuadée qu'ils sont formés par la fumée qui en sort. Anne n'y croit pas une seconde. Un petit jeu de "mais si" "mais non" s'en suit et nous occupe un certain temps. Pas de gagnante ce coup ci. Des deux villages il n'y a pas grand chose à retenir ; c'est intéressant vu de loin par le jeu des volumes qui s'enchevêtrent, pas passionnant vue de dedans. Peut-être peut-on accorder à Santa Catarina un petit plus d'attractivité avec ses façades peintes de motifs bleus. Une fois rentré, nous nous partageons les taches afin de partir au plus vite. Nous sentons comme une libération de ne pas rester coincées dans cette ville. Chichigastenango est perché dans la montagne. Il y fait froid paraît-il. Anne, ce qu'elle retient surtout, c'est que ses tympans sont malmenés par les effets de l'altitude conjugués à son rhume. Nous avons réussi à arriver avant la nuit et ce n'était pas gagné d'avance. Sur cette route de montagne il y a du camion qui circule. Du très lourd, très chargé, très poussif. Quand nous arrivons à en doubler un à la mode Guatémaltèque - Sylvie en a encore des sueurs froides - après bien sur une longue période bloquée en pente à 2 à l'heure derrière lui, nous ne roulons pas longtemps avant de tomber sur un autre de ces phénomènes routiers, encore plus gros, chargé et poussif que le précédent. Nous traversons des "zona urbanisé" parfaitement moches et sans intérêt. Derrière, on aperçoit parfois un décor superbe totalement unphotographiable ; les périodes entre deux horreurs construites sont trop brèves et surtout, s'arrêter ?! Alors que nous venons de risquer notre vie à dépasser un convoi exceptionnel !?! Et risquer qu'il nous redouble ?!? C'est tout bonnement inimaginable.

Préparation du marché 

Quand nous sommes arrivées à environ 300 mètres de l'hôtel, nous avons littéralement été projetées dans les rues encombrées du marché. A ça ! le site de l'hôtel nous l'avait dit, il est à 3 pas du marché. Vitres descendues nous interpellons les marchands pour ce faire guider dans le capharnaüm ambiant. Les uns nous confirment que si si on a le droit de passer et que c'est par là, les autres nous accusent en râlant de bloquer ainsi le passage. Sylvie est tendue au possible. Encore quelques tours de roues et un employé de l'hôtel nous prend en charge. Nous sommes sauvées. On débarque tout, on signe le registre, on intègre notre chambre. "Mui linda !!!" Déjà, il y a des fenêtres qui donnent sur de la verdure. On a au plafond de belles poutres entre lesquelles un motif à bande rouge et blanc est peint. On a une cheminée et à tout moment on peut appeler quelqu'un pour qu'il nous mette en route un feu. On a tout un coffre de bûches si nous le souhaitons. Anne pense plutôt qu'elle profitera de cette fraîcheur qui lui manque pour bien dormir mais l'idée du "on peut si on veut" lui plait bien. Sylvie souffle un peu. La route l'a mise à plat. Elle se serait bien jetée tout de suite dans le marché pour avoir un petit avant-goût de demain. Mais Anne la freine. Et si on prenait un petit avant-goût liquide au bar plutôt. Et pourquoi pas ; c'est vrai qu'elle est vannée. La nuit tombe... Sylvie aussi.

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Vue sur le cimetière au petit matin

Quel bonheur ; il fait 10° ce matin ! Dès hier au soir une douce fraîcheur nous a enveloppée. Exténuées par la route nous avons mangé dès que possible. L'hôtel a eu l'étrange prévenance de rassembler tous les français mangeant dans leur restaurant dans la même salle. Autre surprise, nous avons retrouvé le voiturier qui nous avait aidé à descendre nos bagages, en costume local, pour nous servir à table. Chose incongrue, dans ses sandales, il portait une chaussette à l'un de ses pieds et pas à l'autre ; ça avait surpris Anne qui a cherché une raison à la chose ; cachait-il un panaris, n'avait-il pas eu le temps de laver ce pied là, était-il d'un naturel distrait et aurait oublié de mettre l'autre... n'avait-il qu'une chaussette... l'interroger aurait été indiscret. Quand Sylvie est apparue, elle vaquait ailleurs à l'instant T, la chaussette lui était sortie de l'esprit et elle ne lui en a pas parlé. Quand Sylvie s’est rendu compte de la "françitude" de l'entourage, elle est partie en conversation. Anne s’est éclipsée, s’est lavée aussi rapidement que lui a permis de le faire la douche qui était des plus facétieuses, s’est couchée dans son lit en pente et puis plus rien. En tout cas jusqu'à ce que Sylvie arrive. Elle ne fait pas toujours dans le discret la môme Sylvie. Elle serait même du genre à presque systématiquement demander "tu dors ?" En allumant la lumière. Mais là, c'était plutôt Anne qui, sur le qui-vive, s'inquiétait de dénoncer la douche avant que Sylvie ne la découvre à ses dépens. Puis, une fois propre, Sylvie a cherché à éteindre sa lampe de chevet. Tire une corde. Non c'est pas ça. Tatone par-ci par-là. Trouve une tirette à tirer. Si c'est ça. Puis, quelques minutes plus tard, on frappe à la porte. C'était notre voiturier-serveur-ange gardien qui venait s'enquérir de ce que nous souhaitions exactement... "nada, dormimos" répond Anne. Et l'histoire du feu de cheminée lui rappelle que l'homme est à notre service tant qu'on est là... "j'ai pas tiré sur la corde" dit-elle. "Moi si..." dit Sylvie.


Le quartier des bouchers. La vocation de boucher commence dès le plus jeune âge


Marchande de volaille 

Au petit matin, raides toutes les deux, nous nous projetons vers la salle du petit-déjeuner et y retrouvons notre homme à tout faire. Nous nous mettons au point pour le remballage de nos affaires mais pour l'heure nous partons au marché. On y retrouve pêle-mêle les babioles pour touristes, les carcasses de bœuf, les fruits et légumes, un stand de crevette au milieu des tissus, les pots en ferraille, bref, une très grande variété dans un assez grand désordre au milieu desquels passe le chaland, des porteurs de toutes choses y compris de volailles vivantes tenues par les pattes la tête en bas ou - pour les plus chanceuses - dans des bassines fermées par un filet au travers desquels passe leur tête. Anne se tord les pieds sur le pavage plus qu'irrégulier en papotant sur l'art et la manière de laver le tissu de jupe traditionnelle que toutes les campagnardes ou presque portent, avec une jeune marchande qui espère au demeurant lui vendre une de ces babioles malgré l'obstination de Anne à s'y refuser.

L'effervescence du marché

Puis nous partons. Rien que quitter la ville par les ruelles où nous manquons à tout moment d'écraser un chien, accrocher les cannes d'un vieil homme, frotter les murs et autres réjouissances, Sylvie est tendue à l'extrême. Les 2h30 de route que nous avons à faire pour rejoindre Guatemala City promettent d'être épiques. Mais c'est en fait ni plus ni moins difficile que la veille. On croise bien un camion renversé qui n'y était pas hier - car nous rebroussons une partie de la route - mais c'est sur les abords de Guatemala City que les choses se compliquent. La signalisation plus que déficiente, la densité du trafic, et Google map qui fait des siennes, il arrive ce qui devait arriver ; nous nous trompons de route. Il nous faut vous préciser la chose suivante ; nous ne pouvons laisser les "données en itinérance" active (parce que ça coûte la blinde hors d'Europe), ce que Google-Map utilise pour recalculer la route. Nous naviguons donc sur des itinéraires que nous enregistrons au départ de chaque étape, quand on a le wifi actif de l'hôtel.

Vue sur le paysage volcanique sur la route vers Guatemala City 

Donc, si vous avez suivi, brutalement, il faut se démerder sans car vous êtes sorti du périmètre couvert par l'itinéraire prés-enregistré. Plus aucune route ne se dessine. Mais voilà notre chance ; les discutailles de Sylvie avec les autres voyageurs français dont Anne s'éclipse systématiquement au bout de 3 ou 4 minutes. Grâce aux conseils qui lui ont été donné nous avons chargé MAPS.ME ! Un truc qui marche comme un GPS mais sur une carte que vous avez chargé au préalable : -) pas besoin de connexion. Bref, on s'en est sorti avec 1/2h de plus au planning. Puis voilà. C'est fini. On rend la voiture, on fait une petite sieste, un dernier petit trempage à la piscine de l'hôtel, couchées tôt, debout à 4h du mat etc.