Papillonnage photographique de pays en pays… Sylvie voit très bien où elle veut aller…. Anne tant bien que mal tente de la suivre. En tous cas elles y vont, 2 ou 3 fois par an, mais veulent en parler plus souvent que ça…
Survoler la Cappadoce en montgolfière , tournoyer comme un derviche tourneur, escalader le château de coton et plein d'autre chose encore ...
Du 4 au 18 juillet 2010
15 jours
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notre parcours  

« Il fait chaud » dit Sylvie. « Il fait chaud » redit Sylvie. Plus tard, Sylvie dit « il fait chaud ». Anne pense aussi qu’il fait chaud mais se demande si elle ne serait pas un peu influencée.

Sylvie – un peu plus tard – répète encore qu’il lui semble avoir chaud et, sur ce détail, Anne lui signale qu’au moment de choisir la destination, il lui semble qu’elle avait soulevé l’éventualité que dans ce lieu, à cette saison, ça risquait d’être inévitable. Mais oui, Anne concède qu’en effet, à l’évidence, il fait chaud.

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Sylvie pense avoir beaucoup marché. Anne croit plutôt qu’elles viennent de commencer à déambuler, mais soit. Sylvie porte la chaleur au plus profond de ses tripes cette fois-ci, ce qui permet à Anne de ne pas atteindre ses limites et de rentrer guillerette, faire le seeting à la terrasse d’un hôtel 4 étoiles, à respirer les vapeurs d’essence portées en tourbillons par l’air chaud d’ici… heu … Antalya.

 Antalya - vue du Karaalioglu Park 
Karaalioglu Park  
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Premières ruines, premiers épuisements, premier soleil écrasant. Sylvie n’a plus de jambes, plus de souffle et Anne – solidaire – jubile de se sentir si capable. Anne remercie mentalement Sylvie qui maudit Anne… mentalement. Mentalement Anne et Sylvie sont très en phase.

La montée est rude sous le soleil  

Anne et Sylvie gravissent donc – lentement – une pente impossible de caillasses, d’herbes folles et de pièges à chevilles délicates, à la recherche de vieilles pierres.

Sylvie finalement renonce et s’octroit une sieste méritée. Anne finit seule le peu de chemin et ne dit pas à Sylvie qu’elle se dégonfle devant une petite escalade qui lui permettrait de voir un beau théâtre de l’intérieur plutôt que du dehors… après tout ce n’est qu’une ruine.

 Termessos la cité antique

Mais Anne pavane ; elle a pris des fleufleurs et des sauterelles en photo et Sylvie sourit ; elle est toute requinquée. Elle ne s’est pas encore rendu compte qu’elle a semé son téléphone au milieu de la verdure.

 Termessos est situé au fond d’une gorge et de deux sommets des monts Gulluk 
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 Anne et les petits cailloux 

Aïe. Anne a mal aux pieds… tu parles de coton !!! Et puis les pieds dans l’eau après tout ça lui va.

Sylvie – elle – cavale sur cette blanche pente dont elle a toujours rêvé de voir.

Elle est certes un peu déçue. Elle n’avait qu’à pas passer son temps à regarder tout ce qu’il y avait à en voir sur internet de son château à la ouate. Anne c’est les petits cailloux tout blancs dans tout ce blanc pas cotonneux du tout et qu’on ne voit pas bien qui l’occupent en piquant sa blanche peau qui jamais ne quitte chaussures. Mais c’est beau, si si.

 Le site de Pamukkale 

Dommage que Sylvie – en dépit de toute la connaissance qu’elle a du lieu – n’ait pas eu la présence d’esprit de prendre leur maillot de bain. Ça, ça lui aurait plu à Anne, qui du coup – elle aussi – est un peu déçue.

 La ville de  Denizli en contre-bas
Les ruines de Hierapolis  
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Détente au port d'Izmir 

Anne a demandé à la dame qui lui avait demandé de la prendre en photo, d’où elle vient. Souvent les gens ont la curiosité de demander à Anne et Sylvie d’où elles viennent et Anne – comme une reine – n’a pas souvent la présence d’esprit, donc la politesse, de retourner la question. Là, de justesse, elle rattrape cette femme accompagnée de sa fille – sans doute elle-même mère de famille – et lui pose la question.

La femme est grecque ! et c’est un abrégé de l’histoire gréco-turque que Anne reçoit en cadeau.

Anne reçoit comme un courant inattendu cette douleur qui habite et anime la femme de la perte de la terre qu’elles sont en train de fouler. Elle, sa fille et par elles, tout un peuple visitent leur terre légitime, tente t-elle de transmettre à Anne. Ils ont étés chassés de chez eux par des barbares venus d’Asie. Et leurs descendants ne méritent pas de devenir Européens. Certes une partie du peuple turque est respectable mais la part barbare des Turques refuse l’Europe et donc ne la mérite pas.

Oui parce que Anne a posé une question aussi ; Faut-il intégrer la Turquie dans l’Europe ? Voilà la seule notion que Anne arrive à mettre en éveil dans son esprit par rapport à la Turquie. Maintenant il lui faut approfondir ses réflexions sur la déchirure entre ces deux frères ennemis et sonder l’approche Turque de la question… par respect. Elle se rappelait bien qu’il y avait quelque chose entre ces deux là, que ça remontait à longtemps et qu’il y avait des remous contemporains, mais cela n’effleurait pas souvent sa conscience. En tout cas moins souvent que le problème wallon flamand ; en même temps elle est plus souvent à manger une petite frite en Belgique à l’entrée du week-end qu’à déguster un kebab en Turquie sous le soleil de juillet.

Visitez-donc ici, mais venez ! venez en Grèce ! dit la dame à Anne. Et on sent dans son intonation qu’elle ne doute pas une seconde du résultat de la comparaison. Sa fille – patiente – reste souriante et silencieuse. et pendant ce temps Sylvie gambade deci-dela.

 En front de mer, une immense esplanade battue par les vents.  
 Kemeralti Market 
 Saat Kulesi (Clock Tower)  et Konak Square
Le téléphone public 
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Bibliothèque de Celsius  

Anne veut voir Ephèse… parce que si Elle, connaît le nom – Elle qui ne connaît rien – c’est que ça doit être quelque chose de connu, donc à ne pas louper ; il ne faudrait pas mourir complètement idiote tout de même. Même si Sylvie – par anticipation – trouve qu’il y a mieux à faire que de ruiner son temps dans ces vieilles pierres. Mais bon.

Anne s’est débrouillée pour que Sylvie soit sur une pente descendante, alors Sylvie ça lui plaît bien parce que, en plus, elles sont bien toutes en tas au même endroit – les ruines – Et pas éparpillées de-ci de- là. On en a pour son déplacement dans ce cagnard qui lui bouffe toute son énergie.

De plus, elles sont ruineuses ces ruines … Mais pas mal du tout, il faut le reconnaître.

La porte d'Hadrien et pleins d'autres chose encore  
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La mosquée Ula Camii et le mausolée vert de Bursa  

« Ce foulard !! » Pense désespérément Sylvie en regardant Anne sur l’écran de contrôle de son appareil photo. Et puis ce nœud nœud qu’elle se fait sur la tête… Sylvie se désespère et demande à Anne des sourires encore plus grands. Anne qui se sent de plus en plus ridicule à afficher excessivement une denture qu’elle sait loin d’être « ultra bright » – elle – elle trouve que c’est ses lunettes qui lui donnent l’air sévère ; pas le foulard.

Elle le met pour, ou plutôt contre le soleil. En tout cas c’est ce qu’elle dit. Sylvie sait bien que Anne – la pauvre – pense pouvoir se fondre dans la foule avec son fichu fichu vert à froufrou. Non mais franchement, quand elle se colle là en plein milieu, dans une pose de touriste parfaite, avec son mètre soixante seize et ses jupes qui viennent de nulle part… comment peut-elle imaginer une seule seconde pouvoir passer inaperçue.

 Tranche de vie  

La tenir loin d'elle, ça oui. Parce que Sylvie – elle – elle a besoin de passer inaperçue pour pouvoir photographier le chaland. Mais avec ça à côté d'elle s'est foutu d'avance.

Anne redresse son foulard. Elle est toute contente ; on vient de lui demander si elle était musulmane. « Mission camouflage peut-être possible » pense t-elle. C'est pas comme Sylvie avec son sac à dos vert beurk qui bat des ailes avec ses poches de côté. Si c'est avec ça qu'elle pense pouvoir passer inaperçue !!!

Yesilcarsi 
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 Arrivée sur Istambul par le pont de Galata

Sylvie veut « ABSOLUUUUMENT » retourner à Istanbul et bien sûr Anne a des réticences. Sylvie a conservé de leur ex-immersion stambouliote tout un tas de flashs positifs auxquels Anne en associe quelques autres plus dérangeants ; faut-il voir là une révélation de leurs natures profondes ?

 Le "Osmanli macunu" est une sucrerie ottomane

Dans l’embouteillage qui les mène à l’hôtel, Anne se détend ; elle voit bien que l’ambiance a tout de même changé en 15 ans. Et puis, c’est pratique de ne plus avancer à ce point là ; Anne a le temps d’avoir envie d’une pièce monté de pâtisseries très alléchantes, d’une glace – c’est qu’elles sont particulièrement crémeuses les glaces turques – d’un kebab (mais, après la glace, ça va faire drôle quand même). Et puis cette robe, là !! Anne est sûre qu’elle a le temps de l’essayer. Fortement agacée de voir Anne baver à la vue des vitrines, Sylvie se dit que cette fille n’est décidément qu’un estomac ambulant…roulant en l’occurrence, nantie de deux yeux.

Sylvie commence à sérieusement se sentir agacée de voir Anne baver devant les vitrines et se dit que décidément cette fille n’est qu’un estomac ambulant (en l’occurrence roulant pour l’instant) avec deux yeux collés dessus. Elle ne serait pas autrement surprise de la voir jaillir de la voiture pour se précipiter… tient chez ce glacier juste là. Anne – le plus innocemment possible – propose une petite collation à Sylvie arguant qu’elle a largement le temps d’aller chercher ce qu’il faut, chez ce glacier, là, juste en face.

Que dire franchement ? pense Sylvie en s’esclaffant et refusant catégoriquement

Istanbul une ville toute en contradiction 

Anne – un peu déçue – reprend l’observation consciencieuse du nouvel Istanbul et élève un peu son débat intérieur ; les hommes en armes ont disparu, les rues sont toujours animées mais la foule est plus bigarrée et les femmes arborent des tenues beaucoup moins systématiquement et religieusement conforme au camouflage de leur féminité.

Quand Anne et Sylvie se promènent dans les rues du vieil Istanbul elles goûtent le plaisir d’être à la fois anonymes et dans leur rôle de touriste, dans une ville vivante et accueillante. Cela se traduit – entre autres – par l’aide permanente des autochtones quand elles se perdent, par un jeu connu et assumé de « je te photographie tu me passes ton e-mail que je puisse t’envoyer ta photo » et « viens voir mon échoppe pleine de choses que tu as envie d’acheter et que je stocke juste pour toi ».

Envolé le sentiment d’être justes tolérées ; ils sont touristiquement blasés les stambouliotes, mais positivement.

 La mosquée bleue
  La Citerne Basilique
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Le turkish viagra  
 le souk  
Les épices du grand bazar  

A leur échelle, Anne et Sylvie sont tombées dans le luxe ; Sylvie, en préparant le voyage en Turquie, a opté pour une certaine sécurité en cette période estivale et a choisi une solution prémâchée où les hôtels leurs ont été imposés... heu proposés. Elles se promènent donc de 4 étoiles en 3 étoiles ½.

Mais maintenant qu'elles y sont, Sylvie trouve décidément que s'était se contraindre pour pas grand chose ; la Turquie c'est grand et touristiquement au point. Il n'est pas bien compliqué d'y trouver un hébergement, même au mois de juillet. Ça aurait été sans doute plus sportif chaque soir, mais au moins elles n'auraient eu qu'à s'en prendre à elles-mêmes, si désagréments il y avait et elles auraient été plus libre. Et puis Anne serait moins regardante à tout.

Là, elle a comme qui dirait tendance à jouer la « princesse au petit pois ». Au bout d'un certain nombre de jours de cette inhabituelle prise en charge, elle joue les blasées, se met à classer les buffets – quand il y en a – les piscines – quand il y en a – la qualité de la clim., de la literie, s'agace quand la savonnette n'est pas à gauche du lavabo et que le deuxième rouleau de papier toilette manque à l'appel.

Sylvie reconnaît que la convivialité hôtelière n'a pas l'air de faire partie des mœurs locales. Mais quand même, Anne a décidé de foutre la honte ce soir, au resto de l'hôtel, à l'équipe en poste. En même temps, elle leur aurait bien dit qu'il mettait leur vie en jeu de lui servir une assiette de spaghetti pseudo-bolognaise, portion congrue, et un yaourt même turc comme menu touristique.

« Quoi, sous prétexte qu'on a prépayé les repas du soir (et oui, Sylvie reconnaît mentalement qu'elle a aussi osé faire ça ; les repas du soir et les petits-déjeuner sont inclus) il faudrait qu'on supporte d'être 2 dans une salle de restaurant déserte (les autres clients, eux, ils savent que la Turquie offre partout d'excellents restaurants), que des serveurs même pas bilingues soient incapables de leur exposer le menu, voir de leur adresser la parole (bein oui – pense Sylvie qui commence à trouver ça super marrant – c'est vrai qu'ils causent même pas anglais) et qu'on leur fasse gober que ÇA c'est un menu dégustation ? »

Sylvie, yeux immensément ouverts, un vague sourire ébauché histoire de ne pas casser l'ambiance, regarde le responsable de l'hôtel venir platement s'excuser, recevoir les accusations qui ont pris de l'ampleur et leur proposer ce qu'elles veulent dans la carte. Sans supplément bien entendu.

Anne commence à se sentir mieux, ou moins bien selon la zone de sa conscience qu'elle explore ; elle se sent honteuse de mettre cet homme plutôt affable dans cette situation. Mais en même temps, ça fait bien trois hôtels qu'elle en a assez d'être considérée à peine plus que comme la nappe sur la table. Elle est là pour causer aux gens, même si c'est de pas grand chose.

Et puis des spaghettis bolognaises, où va-t-on ?

Anne et Sylvie ont bien mangé ce soir. Deux fois en fait ; les spaghettis qui étaient excellents et ce qu'elles commandèrent à la carte qui n'était pas moins bon. Le serveur fit de gros efforts pour tenir deux minutes d'une conversation qu'il n'eut pas tant de mal à alimenter ; Anne a toujours quelque chose à dire.

Et puis, pense Sylvie, c'est intéressant d'apprendre un peu plus sur la façon de s'y prendre pour arrêter d'être pris pour ce qu'on croit qu'on est mais qu'on refuse d'être, même si on l'est un peu car il faut avoir son « destin en main »… heu… un bon repas ça fait divaguer parfois.

 Discussion devant Sainte Sophie 
 Sainte Sophie 
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 Sylvie 

Anne et Sylvie peuvent faire une étude comparative de l'état des routes de bien des pays qu'elles traversent. Par ailleurs, qui dit que tout ce temps passé sur les routes ne permet pas de connaître l'autochtone ? C'est bien un endroit où le fameux autochtone ne fait pas attention à l'étranger, du moins en tant que touriste. Celui-ci a intérêt à se mettre au pas à l'instant sur les mœurs circulatoires locales.

Ainsi en Turquie, pas de priorité à droite - en tout cas dans les faits - toute limitation de vitesse annoncée est à ré estimé à la hausse d'au moins 30 ou 50 km/h selon les situations. A moins qu'un individu n'agite frénétiquement un petit drapeau rouge, ce qui doit vous inciter, non pas à respecter l'allure demandée, mais à réduire de moitié la correction envisagée. C'est savant. Le feu de signalisation turque passe à l'orange avant de passer au vert. Tout conducteur averti se doit de présentir la transformation et d'anticiper son "décollage". Autrement, il subira les remontrances sonores de ses co-usagers routiers. Il faut apprendre à se faire doubler et à doubler par la droite.Il ne faut pas compatir au sort du piéton qui, par mégarde s' est aventuré là où vous-même vous l'auriez cru légitimement en droit de traverser.

En cela les Turques ressemblent aux Néo-zélandais se dit Anne qui fait tout pour rester très éveillée. Elle se dit aussi que Sylvie a bien eu raison de prendre une assurance "totale problèmes" en louant la voiture car elle pressent qu'elles en auront... des problèmes.

 sur la route 
 Le lac tuz - lac salé 
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Anne 

Contradiction du jour, Anne veut une piscine. Mais le Tour-operator a fait une bévue ; il a oublié de réserver l'hôtel prévu. Sylvie fulmine ; elle déteste dépendre de l'incompétence d'autrui. Ça fait plusieurs jours qu'elle décompte l'arrivée dans ce petit paradis justement. Elles doivent y séjourner trois jours durant. Il est extrêmement bien côté sur internet. C'est celui auquel est associé leur périple en montgolfière, celui où il y a une piscine ! Bref elles sont arrivées après une longue journée et, fatiguée, reçoivent cette invraisemblable nouvelle à laquelle le responsable ne peut rien car il n'a plus – dit-il – de chambres disponibles. Les énervements, accusations, protestations de Sylvie n'y peuvent rien et l'agent local censé résoudre ce genre de problèmes, celui d'ailleurs responsable de cette mauvaise blague, est injoignable. Sylvie a beau tenter de passer un coup de fil d'ici, un autre de là en faisant raisonner toutes les lignes connues d'elle, les agences Françaises ont portes closes depuis longtemps ; il est tard et une heure de plus encore en France.

Sylvie râle et engueule… pour rien. Anne calme le jeu. Car elle voit bien que la seule solution à laquelle elles auront accès est celle proposée depuis une bonne demi heure déjà par le responsable de l'hôtel. Celui-ci, attend aussi calmement qu'il le peut que Sylvie accepte de l'écouter. Anne lui sourit et s'épanche en amabilité. Sylvie boue.

Une chambre est a présent réservée dans un gros complexe croisée un peu plus tôt sur la route. L'ironie avait voulu alors, qu'elles soient tombées d'accord sur le fait de trouver aberrant l'existence de tels structures, heureuses de pouvoir y échapper.

N'empêche, ce soir, sauvegarde de la planète ou pas, Anne a le cœur gros de devoir se passer de la piscine, même s'il est convenu avec l'hôtelier débrouillard, de leur attribuer dès demain une belle chambre au raz du bassin d'où elles pourront observer touristes et oiseaux venir se rafraîchir dans une eau bleu lagon. Elle rêve à cette soirée volée et, dans la salle du restaurant – fenêtre hermétiquement close et climatisation à fond – face à une Sylvie qui semble avoir tout oublié de ses énervements, elle jette un œil peu amène à toute personne qui a le culot de regarder dans sa direction.

Cependant – paradoxes des choses acquises devenues ordinaires – ne doutons pas que d'ici deux jours, le petit paradis sera plein de défauts ; la chambre trop sombre et ou trop humide, le petit déjeuner pas aussi bien finalement que dans le gros complexe, l'eau de la piscine pas assez froide ou trop bleue… les choses auront repris leur place en somme.

 vendeur de barbe à papa 
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Debout à 4 heures du matin. Cela fait déjà deux nuits de presque insomnie pour Sylvie. Le jour, elle tombe, forcément.

Préparation de la mongolfière  
 Lever de soleil sur la Cappadoce

Du retour de leur balade en ballon où elles ont assisté, il faut le reconnaître à un spectacle particulièrement inoubliable – c'est quand même quelque chose de profiter du soleil levant sur un paysage de canyons aux aspects féériques – Anne écoute d'une oreille distraite le planning que Sylvie prévoit pour ce jour. Mais elle sait que Sylvie est complètement à plat. Ça ne la dérange pas si les plans de Sylvie ne se réalisent pas complètement ; elle a plein de choses à faire qui ressemblent plus à des vacances que 15 000 km de route. Lire, écrire des bêtises et surtout rester à l'ombre à rien faire, dans un petit courant d'air, là où on peut oublier qu'il fait 35°.

Des trucs à voir ? Bein on en voit non ? Anne ne se lasse pas d'observer les oiseaux ordinaires – pas les beaux qui font baver les gens quand ils regardent respectueusement vos photos, mais Anne les aime plus encore ; elle a le sens de l'ordinaire, bien que ces oiseaux là ne soientt forcément pas si ordinaire que ça pour elle – les insectes qui viennent s'abreuver à l'eau de la piscine. Ah la piscine !! De toutes les façons, la belle lumière pour les photos, on l'aura pas avant 16h30 maintenant alors… Elle peut bien dormir la Sylvie, faut qu'elle récupère, ça oui ! Qu'elle aille donc faire une petite sieste ; elle peut compter sur Anne pour oublier de la réveiller.

 Goreme et la vallée de l'amour
 Le paysage volcanique de la Cappadoce vue du ciel
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Milieu de matinée ; Sylvie dort. Aujourd'hui Sylvie a glissé le long d'une pente ; son pied l'a trahi. Juste avant elle a failli verser d'une nacelle de montgolfière et hier, elle a eu une insolation qu'elle a tentée d'écluser avec une bonne sieste. Sylvie depuis le début du séjour digère mal et ses intestins lui expriment quotidiennement leur profond désaccord. Bref, Sylvie supporte mal la chaleur turque. « Ou peut être ce voyage-ci tout simplement » pense Anne qui – loin d'être charitable – commence à digérer une vieille histoire d'œil en moins.

Anne n'a pas vu glisser Sylvie le long de cette pente. Elle pense que son cœur aurait fait un bon… Parce que là où Sylvie glisse, Anne peut glisser ; non décidément, cette Anne ne vaut rien du tout.

Mais réfléchissons, que fait Sylvie auprès d'une Anne qui a l'air insensible à ses chutes et ses peines à monter des pentes sous 35° ? Et bien Sylvie aime Anne. Ah bein cette Anne alors, elle en a de la chance. C'est sûr que Sylvie à l'air d'en avoir moins.

 Mustafapasa
 La vallée rose et rouge

Bon Anne va faire des efforts. Après une grosse introspection elle va tenter d'oublier qu'elle se doutait un peu – après l'expérience de leur voyage précédent – des effets néfastes que cette température et ce soleil allaient avoir sur Sylvie. Surtout, elle va oublier qu'elle avait tenté de la prévenir, en vain, comme si souvent.

 Sultansazligi National Park 
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Anne a voulu conduire pour exorciser la sombre atmosphère qui règne derrière le rideau de ses yeux douloureux. Anne ne supporte pas les climatisations. Or, chaleur du jour oblige, la clim. est à fond dans la voiture toute la journée. Et, joie des constructions en béton faisant le reste, la nuit aussi se passe sous climatiseur. Anne n'est qu'un crâne qui bourdonne. Fit des nuits sous la tente au Botswana où la fraîcheur nocturne venait caresser leurs orteils et méninges.

 Avanos - le village de la poterie

Là, elles roulent, traversant des espaces infinis de désolation. Du moins c'est ce que Anne ressent en regardant tous ces champs sans un seul arbre. Son esprit l'emporte sur les pentes américaines, botswanaises, malgaches, et elle se dit que bien sûr il faut nourrir tout le monde. Mais elle déteste l'idée de toutes ces forêts dévastées, ces pampas rendues désertiques pour les besoins humains ; elle n'avait pas eu l'occasion de donner son avis quand on a fait ça en son nom et celui des autres. Elle a appris depuis l'importance d'une agriculture différente.


Anne s'enfonce dans le sombre sous le soleil turc, pensant à la faune locale réduite à rien, à la douleur d'une planète qui agonise sous les reflux du pétrole, pendant qu'elle brûle plus que son quota d'essence, avec en plus cette saloperie de clim qui marche « à fond la caisse », c'est surement pas bon ça non plus, et qui lui « bouffe la tête »…

« C'est moche un !! » dit Sylvie… « Qu'est-ce que t'as ? » « J'te sent molle »… « Juste de très méchante humeur » répond Anne qui émerge soudain de sa nappe de pétrole.

Il est temps de s'arrêter et de casser le cercle des idées sombres.

Dans la campagne turque 
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Sylvie se doute qu'elle ne devrait pas lire à Anne ce passage sur son petit guide favori. Celui-ci exprime en peu de ligne le traditionalisme et la dévotion reconnue au lieu, cause sans doute, de l'obligation faite aux femmes par les détenteurs des clefs du musée « Medleva » à couvrir têtes, épaules et genoux. Sitôt Anne entend la chose, sitôt elle déteste la ville.

La longue route qu'elles parcourent depuis 2 heures vers le sanctuaire est triste à mourir ; l'humeur de Anne s'assombrit. Elle clame régulièrement qu'elle veut rentrer chez elle, qu'elle ne voulait pas de ce voyage, pas plus que des autres d'ailleurs et patati et patata...

Sylvie a bien trouvé 3 tournesols à lui faire photographier et il faut reconnaître que Anne y a mis du cœur ; Sylvie a de quoi re-tapisser la maison entière.

 Les champs de tournesol 

Sylvie, jusque là s'estime contente car Anne n'a pas eu la curiosité de lui demander combien d'heures durerait ce calvaire et elle n'ira pas le lui annoncer d'elle même. Anne – pas dupe – ne demande pas car elle connaît la sournoise habitude de Sylvie à prétendre comme à un enfant que c'est aujourd'hui la plus longue étape et qu'après ce ne sera que du bonheur ou qu'elles ont fait le plus dur, ou encore qu'il ne reste pas tant que ça alors qu'elles n'ont pas atteint la moitié du parcours.

 Musée Mevlana  - la loge des derviches tourneurs 

Après un silence reposant, Anne reprend sur l'insupportable contrainte endurée par ces femmes – et surtout à elle bordel de merde.

Plus tard, beaucoup plus tard – assourdies et débordées par une flopée de gamines drapées dans d'étranges maillots ambiance fin 19e siècle, allant du cou jusqu'en dessous des genoux avec un vague volant pour faire fille – Anne et Sylvie rebroussent chemin à la piscine de l'hôtel où elles avaient pousséune tentative de baignade à l'horaire exclusivement féminin du jour.

Elles décident alors de tenter le fameux musée, armées chacune d'une grande écharpe… totalement inutile. « Ah ces guides à la con !! » pense Anne en admirant des ouvrages de toute beauté offerts à son regard et à celui des contemplateurs très respectueux. Tous, comme elle, avancent dans un brouhaha de petits froissements générés par leurs pieds, chaussés de petits sachets plastiques bleus, distribués à l'entrée des salles d'exposition.

 Les derviches tourneurs 
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 devinez un peu dans quel état le pot de miel est arrivée... pas entier en tout cas... car il y en avait  plein  la valise

En trempant son croissant dans son café, Anne se souvient d'avoir lu dans un guide de voyage que le premier croissant avait été créé par un cuisinier pour son sultan turc. Anne, par contre, ne se souvient plus de la raison, ce qui n'enlève pas que si c'est un guide qui l'écrit c'est que ça doit être vrai. Et le café, tout le monde sait que ce sont les turcs qui savent le boire comme il faut.

Mais là dessus Sylvie n'est pas du tout d'accord. D'abord, ils ne font que boire du thé à chaque heure du jour qu'Allah veut bien faire et dans de si jolis petits verres, que Sylvie se ferait un plaisir d'en ramener une série, si toutefois Anne ne montrait pas tant son désaccord.

Bien sur que ça casse ! Plein de jolies choses cassent et Sylvie ne comprend pas la mouche turque – hi hi !! - qui a bien pu piquer Anne, mais celle-ci refuse catégoriquement de ramener désormais de leurs voyages des choses qui cassent. Il faudrait alors qu'elle lui explique pourquoi elle compte acheter des pots de miel. Si Sylvie posait franchement la question à Anne celle-ci lui expliquerait qu'elle ne veut plus de choses qui cassent TROP FACILEMENT ; c'est facile à comprendre non ? Un pot en bon gros verre blanc ou un petit verre tout fin tout délicat... non mais franchement, comment Sylvie peut-elle seulement envisager la comparaison. Seulement Anne reste pour le moment concentré sur son croissant. En le finissant, elle ne doute pas qu'il puisse venir d'ici tant il est fameux. Elle se dit que même si les raisons de Sylvie pour la trainer en Turquie étaient tout autre, elle, elle est bien contente que ce pays soit l'une des meilleurs tables de ce monde ; il peut se passer ce qu'on veut pendant ce voyage, tous les jours une quête gustative s'offre à elle.

 Parc national d'Üzümdere et l'élevage de truite 
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402, 503, 107, … les étages se succèdent et souvent Anne ne se rappelle plus le numéro de chambre du jour. Le 307 était… au rez de chaussé ! Celui là, difficile de l'oublier.

Car, pour qui fréquente assidument les hôtels, un 502 est au cinquième, un 224 au second et donc un 307, certainement pas au rez de chaussée.

Anne cherche ce matin car – comme souvent – Sylvie a quitté la salle du petit déjeuner pour son rendez-vous avec elle même, la laissant seule finir un somptueux premier repas turc composé de thé, d'olives noires pimentées, de tomates et de concombre, de fromage – deux ou trois sortes, accompagnée d'herbes fraiches ou sèches – d'œuf (mais pas trop, c'est pas bon pour le cholestérol), de poivrons cuits, de fruits frais (mais surtout de la pastèque) et secs, des céréales, du yaourt (comme seul les turcs – et les grecs – savent le faire), du pain et de la confiture (pour ne pas être trop dérouté dans ses habitudes), du Alva (mais ça c'est juste pour le fun).

Donc, repue, Anne vagabonde dans les couloirs comme dans sa mémoire ; Sylvie lui avait bien rappelé avant de se sauver le sésame, le code, le secret, le truc, … mais son attention était ailleurs, coincée entre une olive et un morceau de fromage bien sec.

Pas d'inquiétude, il y a toujours un petit passage à la réception qui la sauvera. Mais l'air facétieux des deux réceptionnistes la freine un peu.

Déjà hier, sympathiquement s'entend, ils s'étaient un peu moqués d'elle. Ils en avaient ri tous les quatre, eux deux franchement, Sylvie et elle pour la forme, car il faut avoir de l'humour n'est-ce pas ? Mais là, oublier son numéro de chambre juste sur le temps du petit déjeuner… elle ne veut même pas imaginer comment ils se taperaient la main sur la cuisse – virtuellement s'entend ; ils ont appris à rester correctes – et comment elle aurait continué à faire semblant de bien le prendre.

Allez, Anne se lance, elle est sans doute au bon étage ; elle s'est calée sur son souvenir de mouvement de bras « je l'ai monté jusque là pour appuyer sur le bouton » sent-elle. Même principe pour son déplacement dans le couloir ; elle « sent » que c'est à peu près par là. Et puis ce numéro ; il lui semble tout à fait complice, voire accueillant. Elle frappe à la porte… « Oui ? » « Anne ? » «C'est toi ? » dit la voix derrière la porte… même pas drôle.

 En route vers Myra 
 Une nécropole lycienne est creusée dans le flanc d’une montagne rocheuse 
 La superbe basilique byzantine de Saint-Nicolas de Myra  
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 Retour  vers la France 

Sonnerie répétitive d'un réveil, appel programmé de l'hôtel, mouvement rapide de Sylvie vers la douche… Anne ne peut que se lever. Les valises ont étés bouclées la veille et c'est sans heurts qu'à 5H - ¼ – régalée d'un miraculeux petit déjeuner servi à 4h30 tapante – elles récupèrent la clef de la voiture que leur tend l'employé de l'hôtel qui vient d'aller chercher le véhicule dans les soubassements. L'avance sur l'horaire est confortable. En vertu de l'heure et des dimanches en général, la ville est déserte. Tout va bien.

Sauf le GPS. Depuis le début du séjour il semble afficher une réelle incompétence ou bien une certaine incompatibilité avec les routes turques. Il voit des ronds points là où il n'en existe pas, il les précipite régulièrement sur des routes à sens unique, en cul de sac ou inexistantes, les déclare arrivées en plein milieu du parcours, annonce 500 km quand il y en a 2 avec détours, perds brutalement ses destinations et – depuis un certain temps – ne considère même plus nécessaire de communiquer et garde pour lui ses commentaires qu'il ne veut plus rendre activable.


Pour cette dernière destination il a décidé de leur faire prendre un axe exclusivement réservé au tramway.

Sylvie conduit, Anne essaie de guider, interprétant comme elle le peut le GPS et cherchant des itinéraires bis… enfin, Sylvie comprend qu'écouter Anne est leur seule échappatoire à une inévitable danse circulaire sans fin. L'avance prise se dissout vite. Mais elles finissent par avoir le dernier mot. Anne est juste un peu à cran ; lutter contre son stress, Sylvie ET le GPS, c'est un peu fort pour ce début de retour.

Elles arrivent. Mais ne trouvent personne pour réceptionner le véhicule. C'est dans le ton. Elles dépassent le problème en gérant l'enregistrement des bagages. Sylvie considère qu'un dépôt de clef au comptoir devrait largement suffire ; après tout ils ont son numéro de carte bancaire. Mais l'employé se manifeste et il faut entamer les procédures. Quelques va et vient, un malentendu ou deux engageant quelques frais imprévus, … cette partie se règle finalement pas trop mal mais leur laisseront juste le temps d'embarquer ; pas le temps de souffler. « Mais pourquoi donc les retours ne peuvent-ils jamais être sereins ? » pense Anne.

1h et quelque plus tard, c'est le changement d'avion. La pression est retombée, Elles ont eu le temps de relativiser ; après tout elles ont réussi à être dans l'avion et les bagages – quoiqu'il se passe – vont suivre, c'est déjà énorme. Mais là c'est du sérieux, il faut transiter.

Grâce au ciel c'est le même aéroport. Mais il ne faut jamais négliger les problèmes de circulation entre zone domestique et zone internationale ; la Turquie – même si ça n'est pas les États Unis qui sont actuellement parmi les pires dans le genre – n'est pas à sous estimer. Sortir, re-rentrer, re-passer le contrôle douanier et le contrôle des bagages à main… tout ça en ½ heure, relève de l'exploit.

Sylvie freine Anne qui ne comprend pas le parcours à faire et ne veut pas faire confiance à Anne qui bout. Sylvie leur impose 1 ou 2 détours avant qu'Anne ne s'agace vraiment et impose le chemin qu'elle suppose depuis longtemps être le bon ; ce petit risque de l'erreur fait toujours qu'Anne a du mal – à moins que le ton monte – à imposer à cette entêtée de Sylvie ce qu'elle a capté. Car Sylvie n'écoute qu'elle même et de temps en temps… elle même. Anne ne pourra imposer un avis, une proposition, un chemin qu'avec une forte affirmation clamée sans possibilités de discussions. La moindre hésitation et Sylvie n'écoute déjà plus. Mais au fait ! Elle n'écoutait pas !

Trêve. Là, Anne a pris la méthode, j'attrape la main, je tire très fort sans ménagement en affichant un méchant agacement. Elles trouvent vite. Et là ! Embouteillage.

Les files se mélangent en gros paquets devant 3 malheureux guichets où des agents méticuleux passent 2 à 6 minutes pour valider un passeport. Anne, mentalement, compare leur sortie de Chine, de Russie, du Brésil, … et soudain se rappelle que la douane Canadienne leur avait fait un sketch du même acabit.

Sylvie, comme à son habitude, slalome à petite allure, l'air de rien. Anne, contrariée, la suit de mauvaise grâce. Et bien sûre Anne se fait reprendre – en anglais – par une Slovaque. Anne jette un coup d'œil au dessus de la mêlée et – stoïque – ne dit rien. Ce n'est pas la première fois qu'il lui faudra assumer les « grattages de fil » de la Sylvie. Sylvie gratte, Anne – plus voyante – se fait apostropher. Sylvie n'en a cure et les protestations de Anne n'y ont jamais rien changer. Anne a fini par s'incliner et – résignée – s'attend toujours à cette obligation d'assumer pour deux. Respecter la file veut souvent dire louper le bus et prendre le suivant, arriver au guichet et s'entendre dire « complet ». Ne pas suivre Sylvie casse le binôme. Alors Anne suit et met son mouchoir dessus ; elle respecte les files quand elle est toute seule.

La femme, finalement, arrivera à récupérer la place qu'elle estimait être légitimement la sienne. Anne lui clamera, enjouée « you are the winner » car elle a du mal à ce que la communication ne soit pas établie, quoi qu'il en coûte. Il y aura un échange acide , sans haussement de ton, qui ressemblera à des amabilités. Sylvie qui n'y a rien compris, s'y ait trompé. « Vous aviez l'air copine toutes les deux ! » dit Sylvie à Anne. « Que tu crois ; elle me disait que des gens comme moi valaient mieux que ça reste chez eux, qu'on en avait besoin nulle part ». Et toi tu lui a dit quoi ? « Qu'elle avait qu'à aller au Japon ou en Angleterre si elle voulait des files parfaites et que je m'alignais sur le système turc, … je te passe les détails ».

Anne n'en veut plus à Sylvie de prendre à sa place des remarques de ce genre. Mais voilà, Sylvie ne se fait jamais apostropher ainsi alors qu'elle oui. Il y en avait pourtant du monde autour d'eux à agir ainsi. Anne, mastique, rumine et remâche tout un flot de pensées culpabilisantes qui pas à pas la propulse jusqu'aux douaniers. Décidant que l'incident ne devait plus lui gâcher les quelques heures de vol restantes, elle passe le barrage, et, dans l'élan, laisse derrière elle leur dernier grand voyage de l'année.

 Les babouches