Nous prenons un véhicule électrique conduit par une guide afin de faire un petit périple commenté dans les lieux associés à la l’histoire juive. Nous commençons par la place des héros qui borde la zone du ghetto où furent enfermés 20 000 juifs pendant la seconde guerre mondiale. Sur la place, 70 sculptures en forme de chaises symbolisent les martyrs de la Shoah. Et la guide nous raconte que les juifs, déportés du quartier de Kazimierz où ils résidaient vers celui transformé en ghetto, n’avaient pu prendre avec eux que ce qu’ils pouvaient porter à dos d’homme ; des valises de vêtements, d’objets et … des chaises… Cet acte trivial retenu pour symboliser, entre autres, l’absence des victimes frappe Anne qui se dit que les symboles c’est bien mais sans les explications ça fait chou blanc en imaginant des gens jouant tout sourire à s’assoir sur les chaises pour se faire prendre en photo, empreint d’ignorance… Ça aussi ça peut glacer le sang.
Elle se souvient bien là ! tout autant que de notre passage devant les portes de l’usine Schindler. Nous renonçons à y entrer - trop grande file d’attente - mais une série de portraits recouvrent les vitres et marque nos esprits. Et bien sûr on pense au film.
Nous visitons également le quartier de Kazimierz, enchâssé dans un bras de la rivière - la Vistule. Ses petites rues, pleines de vieilles façades, synagogues, cimetières, … nous distraientt vite par ses galeries d’art, ses boutiques, ses musées, … et nous montrent que le temps passe, que la vie continue de couler.
Sylvie rappelle à Anne que c’est dans l’un de ces cimetières que nous avons appris la signification des pierres posées sur les tombes… Cherchez un peu ; nous n’avons pas vocation à faire guide touristique 🙂 bien que depuis quelques lignes c’est à s’y méprendre. Mais là, c’était dur de faire autrement.
Nous prenons la décision de limiter là notre devoir de mémoire et renonçons à visiter Auschwitz. « J’ai fait le boulot pour deux » dit Sylvie ; "j’y suis allée y’a longtemps ».
Histoire de s'aérer la tête nous partons dans les Carpates à Zakopane, le Courchevel polonais qui se trouve à deux heures de route de Cracovie. Notre objectif, enfin celui de Sylvie qui adore « s’envoyer en l’air », est : monter jusqu'au sommet en téléphérique. Polaire et manteau sont de rigueur pour aller tout là haut. Sylvie s’en donne à coeur-joie et photographie de la cabine même, collée à la vitre le splendide décor. Arrivées à destination nous faisons le tour du bâtiment en bois presque désert en observant les nuages. ils sont tellement proches que rapidement ils nous encerclent. Voir arriver cette masse blanche sur nous nous amuse. Mais comme prévu, il fait froid. Nous retournons vite au pied du mont, nous installer à la table d’un restaurant en plein air puis, après un bon repas basique mais revigorant, nous visitons quelques rues bordées de chalets en bois.
Le point le plus attractif pour Anne reste la visite du plus ancien cimetière de Zakopane conçu comme un jardin slalomant entre les arbres, ce qui lui donne une ambiance plutôt intimiste. Les tombes, pour la plupart en bois, possèdent des sculptures et des christs de style folklorique manifestement typique du coin. Une fois n’est pas coutume - les lieux de culte nous attirent parcimonieusement - , nous entrons dans l’église en bois tant elle nous séduit ; elle est belle autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Elle dégage elle aussi cette ambiance intimiste et hors d’âge que nous avons également ressenti dans son cimetière.
Après ? et bien on a dû rentrer. mais il ne doit rien avoir d’exceptionnel à ce retour tant nous ne nous en souvenons pas.