Papillonnage photographique de pays en pays… Sylvie voit très bien où elle veut aller…. Anne tant bien que mal tente de la suivre. En tous cas elles y vont, 2 ou 3 fois par an, mais veulent en parler plus souvent que ça…
Survoler l'Okawango, voguer sur le Zambèse, faire un safari dans la réserve de Moremi, rouler d'interminables kilomètres dans le bush. Un voyage riche de rencontres humaines et animalières.
Du 29 septembre au 15 octobre 2009
17 jours
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Quand Sylvie dit "Botswana", Anne qui l'instant d'avant n'écoutait pas, a tout de suite la pensée qui s'évade. Le delta de l'Okawango lui saute à la mémoire. Sylvie, ravie, voie d'un coup passer dans le regard de sa compagne les kilomètres de bush, la course avec les autruches, et tous ces animaux sauvages qui, seul ou en troupeau, déboulent soudainement sous leurs roues, ... en tout cas c'est ce qu'elle souhaiterait.

Arrivée à l'aéroport de Windoek 
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Sylvie est très concentrée en ce début de voyage ; c’est la première fois qu’elle conduit un engin de ce genre, un 4/4, et elle sait que Anne ne prendra pas le relais. De plus elle doit dominer la conduite à gauche mais pour le moment elle passe son temps à déclencher les essuies glaces quand elle veut actionner les clignotants ; Galère. Mais elle a de longues heures de route pour s’y accoutumer avant d’affronter les pistes poussiéreuses et défoncées qui nous attendent au cours de ce voyage.

Nous sommes ravies ; nous sommes en direction de la frontière entre la Namibie et le Botswana, les yeux à l’affût des femmes Héréros habillées en costume traditionnel. Pour Anne, c’est un fantastique défilé de mode ; A part les chapeaux qui donnent l’impression de projeter des cornes de part et d’autre de la tête, elle se verrait bien porter ses imposantes robes longues très plissées et très colorées. Mais ces femmes, sans doute fatiguées du regard inquisiteur des touristes, n’aiment manifestement pas être prises en photo. C’est donc à la dérobée que nous les photographions, en amplifiant sans doute leur ressentiment quand elles nous surprennent.

Le festival de tenue des femmes Hereros  
Tranche de vie à Gobadis 
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Au Zelda Guest Farm 

Sylvie se dit qu'elle fait bien chaque fois de ne pas tenir compte des réticences de Anne ; quand elle pense que cette grande perche a tellement peur de quitter le sol !!! que sa seule crainte était de grimper sur le toit du 4x4 tous les soirs pour y dormir... nous nous revoyons déployer pour la première fois la tente en éventail ; Sylvie grimpée sur une des roues du véhicule, en équilibre précaire, Anne sur un tabouret trop petit, tenant à bout de bras une des longues tiges de l'auvent, constatant la gênante proximité d'une branche d'arbre. Sylvie, en reculant l'engin, à déchirer la toile. Nous avons bien mis ... 1h1/2 à monter cette fichue tente.

Le safari commence bien tiens ! Mais Anne a recousu, maté l'échelle, Sylvie est devenu une pro de la conduite de 4x4 en toutes situations et nous avons fini par battre le record de déploiement repliage de tente/éventail du Botswana…


Toute une organisation la vie de camping
Laché de guépards
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Grâce au ciel on a notre FRIGIDAIAIAIRE presque glaciaire, amarré par deux grosses chaînes, rapport aux pistes pleines de trous pour qu'il ne voyage pas à travers tout l'habitacle... Faut juste savoir que les yaourts, quand ça rebondit dans le frigidaire/fraiseur, à force, ça perce, ... Et t'es bonne pour nettoyer toutes les victuailles et l'engin dard dard à cause des odeurs. Par contre ça aide aux passages des contrôles sanitaires quand l'inspecteur ouvre ton frigo et au lieu de l'inspecter longuement, le referme vivement assailli par le dégoût.

A part ça le bush, c'est terriblement monotone ; c'est une barrière visuellement compacte de petits arbres et de broussailles bloquant le regard sur des kilomètres et des kilomètres. Ca lasse. C'est seulement quand on s'enfonce dedans à l'occasion d'une piste de traverse que l'on découvre qu'il peut également être beau et attrayant.

Sur la route 
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On monte dans un coucou pour un survol de 45 minutes du delta 

Quand nous nous présentons au guichet de la compagnie aérienne, nous n’avons qu’une seule possibilité pour faire ce tour ; le matin même. On nous préviens tout de suite que le matin, avec le réchauffement de l’atmosphère, les courants d’air chahutent plus que l’après-midi. Ça inquiète Anne, sujette au mal des transports, ça glisse sur la conscience de Sylvie qui veut ce qu’elle veut.

En attendant l’heure, nous nous installons au seul bar du coin, où nous nous faisons voler le beau zoom nouvellement acheté pour l’occasion… Ça casse un peu l’ambiance. Et dire qu’on a même pas eu le temps de l’utiliser. Nous y allons. A peine décollé, l’avion ne cesse d’être secoué par d’incessants trous d’air. Anne s’accroche pour ne pas vomir, incapable de jeter un coup d’oeil au décor, ou si peu. Elle ne découvrira cela qu’à l’atterrissage, sur l’écran de l’appareil de Sylvie. Cette dernière aura eu le temps de faire quelques superbes clichés avant de succomber elle-même.

C’était pourtant tentant ce premier aperçu. Ces immenses plaines verdoyantes s’étalent autour d’un réseau aquatique complexe comme peut l’être un delta qui a la caractéristique de ne pas atteindre la mer. La richesse des paysages, la diversité de la faune y sont époustouflantes. De plus, nous sommes à la fin de la saison sèche ; les animaux se rassemblent, poussés par l’assèchement progressif des étendues d’eau. C’est notre chance ; nous allons pouvoir nous rattraper et parcourir des pistes chaotiques mais à peu près praticables à la rencontre des lions, léopards, zèbres, gnous, gazelles, rhinocéros… et oiseaux de toutes sortes.


Survol du delta de l'Okavango
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" Qu'est-ce qui t'impressionne toi ? Ici ? " Demande Sylvie… "Les supérettes !! T'as que ça. Et en même temps t'as tout dedans."

Une ville au Botswana, à part la capitale, c'est pas grand chose ; une rue de moins d'1 km, comprenant 1 à 2 pompes à essence, la dite supérette, une banque Barclay royalement ouverte 3h le matin, de son ATM souvent hors de fonctionnement, de 2 ou 3 cabanes aux fonctions indéfinies, d'un arrêt de bus, de 2 ou 3 panneaux pub, et ... c'est tout.

"Et le pic and pay" ? c'est dingue demande Anne

D'habitude elles se battent côté bouffe ; l'une veux manger local, l'autre veut se nourrir, de préférence avec ce qui posera le moins de problèmes à son estomac ; une Pizza Hut par exemple ou un MacDo.

Mais là, pas de quoi se chamailler. Un pic and pay c'est un comptoir genre resto rapide ou tu choisis une viande ou un poisson - généralement pané - et un truc qui accompagne, genre frite, purée - patate ou igname-, haricot, pâtes, riz. On te claque copieusement tout ça dans un truc en polystyrène et t'as qu'à bouffer à ne plus avoir faim jusqu'au lendemain. De la grande cuisine pour ouvrier à quand même 1 ou 2 euros. Un luxe finalement pour un local.

La vie quotidienne et le pick and pay
Des écureuils très joueurs 
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Les pistes sableuse pour aller au lodge 

Bon d'accord, cette sardine oubliée sur le toit, se rappelant à nous pas un gros raffut métallique avant de se perdre dans le sable… Nous la cherchons longuement le long de la piste… celle là même où à tout moment tous types d'animaux qu'on voit d'habitude dans les zoos déboulent sans prévenir, seul ou en troupeau… Et bien nous les croisons souvent !! Très souvent !!! Mais pas là. Car en fait il ne faut pas descendre des véhicules quand on traverse une réserve… pour se faire charger par un éléphant, croiser une famille de babouin, un lion même au repos, il vaut mieux encore être à abri dedans. "On a pas été futée sur ce coup là quand même" dit Anne. "Bof ; pas eu d' problèmes à ce que je me rappelle" répond Sylvie.

Les lions  en train de digérer
Course avec les autruches 
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Porte d'entrée de la réserve 

Nous en ont eu d'autres des problèmes ; grand delta de l'Okavango, réserve de Moremi ! La vrai belle réserve !! Celle où les loueurs de 4x4 ne vous assurent pas sur l'éventuelle casse de véhicule. Sylvie se rappelle encore de la tête du caissier à l'entrée quand elle a demandé un droit pour une nuit dans la réserve. "Il a même pas voulu nous faire payer tout de suite tellement il était sur de nous voir repasser avant l'heure du couvre feu !!" Et bien non alors. Notre gros 4x4 équipé de 2 bidons d'eau potable, de 2 d’essence, d'un treuil, d'une corde, d'une planche, de tout un tas de matériel de réparation, d'un FRIGIDAIRE, de matériel de camping pas dernier cri mais bien au complet, et bien on se l'ai embourbé TOUTE SEULE !!! … Au bout de bien… 1/2 heure. "Comment tu t'es ratamé dans la boue quand t'es sortie !!" raille Anne. "Ouais bin j'te rappelle que t'es pas sorti parce que tu voulais pas saloper tes nouvelles chauussuures !!" se gausse Sylvie.


Dans la réserve 
L'état des pistes dans la réserve de Moremi 
Les girafes 
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"Mais là, on ne sait jamais trop d'où sort un véhicule. Là, des gardes. Ils nous ont débourbé, enseigné les rudiments de la conduite de 4x4, donnés quelques infos entre autres sur les pistes boueuses genre "passez jamais sur les côtés ; même si y'a de l'eau, au milieu c'est tassé par les autres passages. Sur les côtés on s'embourbe."… Çà on a vu !! Puis ils nous ont dit de les suivre. Ce que nous avons réussi… 10 minutes tant ils allaient vite.

Anne rappelle à Sylvie la caravane de fortune qui a fini par se créer avec un ensemble de 4x4 au passage du gué, près d'un pont de rondin effondré. Sylvie lui rappelle l'arrivée au campement, puis l'invasion des babouins à la recherche de provisions à piller ; c'est comique un homme et un singe presque aussi grand que lui se disputant de toutes leur force un sac de sport, … mais ça impressionne aussi.

Notre campement 

Pour faire pipi, Anne avait bien tenté de préméditer la chose. Pour ne pas avoir à descendre l’échelle en pleine nuit, elle a embarqué un Tupperware durement calibré pour tenir entre les jambes. Mais, comme souvent, ce que l’on prévoit ne marche pas comme on veut ; la première fois, pas de problèmes. Mais la seconde, ce sont les grandes eaux et le Tupperware déborde. Elle s’en sort avec des acrobaties pour ne pas amplifier le désastre et aux orties le Tupperware. Elle descendra donc l’échelle, avec finalement très peu de difficulté.


Les termitières, les fleurs sauvages et la réserve de Moremi.


Un babouin et  un calao 
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camping du planet Baobab 

Nous arrivons au bien nommé « Planet Baobab » pour le coucher de soleil. Afin ne pas perdre ce moment unique, nous nous précipitons prendre en photo les arbres majestueux, rougis par la lumière du moment, qui encerclent le lodge.

les baobab millénaires 

Le lendemain, sur la route qui nous mène à Kasane, nous traversons le Makgadikgadi pans. A la saison sèche, c’est une grande zone désertique de terre et de sel mêlés où subsistent quelques étendues d’eau qui à la saison humide reprennent un peu plus de terrain. A ce moment là, une flopée d’animaux, après une grande migration, reviennent pour un temps vers ces terres. Pour le moment, nous venons admirer d’aussi près que nous le pouvons les oiseaux qui y résident. Nous y rencontrons un couple de passionnés d’oiseaux qui passe tout leur temps à visiter des lieux de ce genre. Anne, qui en a ras le bol de la friture-purée, prépare une salade de tomates sans assaisonnement qui les ravis de tant de raffinement culinaire.

Makgadikgadi pans 


Après les longs kilomètres de pan le paysage change, nous retrouvons de la verdure dans le bush 
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Oh une piscine !!!  et un restaurant

Attention !!! Des fois t'as un camping avec piscine !! La joie de la trempette aux heures les plus chaudes, on a tous connu ça pour le coup. Et même parfois, y a un restau !! Et là !! tu auras la chance de manger un peu plus évolué que du pick and pay, sans toutefois échapper à la friture-purée. Là au moins, y’a une assiette.

Le coucher de soleil et les hippos dans la rivière 

Sans atteindre l’émerveillement que nous avons ressenti dans le delta, Chobe nous offre quand même de belles surprises. Au petit matin, nous abandonnons notre 4x4 pour un autre, à ciel ouvert, conduit par un guide. Certes nous sommes avec d’autres personnes mais l’avantage c’est qu’il maîtrise la conduite de terrain et qu’il est en lien avec d’autres véhicules répartis sur le site. Ils se transmettent en direct les coins où les animaux se trouvent. Nous avons ainsi moins de risques de rentrer bredouille ; comme dans tous lieux naturels, on ne sait pas à l’avance où ils se trouvent. C’est ainsi et il faut que ça reste comme ça, mais c'est jamais facile à accepter. Pour notre part, nous n’avons jamais réussi à voir de rhinocéros ailleurs qu’en captivité.

En longeant la rivière, nous voyons de nombreux éléphants venus manger, se désaltérer, s’enduire de poussière, … , de nombreux troupeaux d’herbivores, tranquilles, donnant un air d’Eden à ces berges herbeuses.

Les éléphants de Chobe 

C’est en fin de journée que nous allons faire un tour en barque, seul cette fois, à part le piroguier, pour observer les hippopotames et le coucher de soleil.

En bateau sur  la rivière de Chobe 
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Pour aller voir les Chutes Victoria, il nous faut traverser la frontière entre Le Botswana et le Zimbabwe … ce qui est une longue épreuve ; il faut affronter des kilomètres de queue, pour enregistrer le véhicule, payer le visa le tout dans des guichets différents. Outre les papiers à signer, il y a les taxes que l’on doit payer dans la monnaie du pays que vous ne pouvez avoir que dans le pays même, à moins de s’arranger avec les chauffeurs de poids lourds qui, bien sûr, vous arnaquent.

Nous ne saurons que trop conseiller à ceux qui veulent s’y risquer de prendre un tour organisé. C’est l’accompagnateur qui s’occupe de tout et qui, de plus, a des ententes avec les douaniers. De plus vous échappez à la sinistre ambiance qui règne aux abords de la frontière. Cette désagréable étape passée, nous arrivons au majestueuses Chutes Victoria. Ebahies et enfin heureuses d’être là, nous faisons tout le chemin qui longe les chutes et décidons de nous offrir un tour en hélicoptère, même si Anne est un peu inquiète, a donner son aval. C’est bluffant ; nous prenons la mesure de ces failles où tombe l’eau et des terres qui les entourent. De plus, l’hélicoptère est bien plus stable que le petit avion pris au début du voyage. Anne se détend et profite pleinement du vol.

Les chutes Victoria 


Découverte des chutes en hélicoptère 
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Puis nous atterrissons dans une réalité un peu moins drôle ; il nous faut à nouveau passer la frontière, cette fois entre le Zimbabwe et la Zambie, puisque notre lodge - car exceptionnellement ce n’est pas du camping aujourd'hui - se trouve à Livingstone, en Zambie. C’est le même cirque que le matin même, mais en pire. Passons....

Arrivées à Livingstone, nous nous perdons en cherchant notre Lodge dans les faubourgs de la ville. Pour la première fois nous n’en menons pas large au milieu de ces maisons délabrées, de ces gens qui nous regardent, semble t’il, de travers. Nous espérons vivement sortir de cet endroit mais n’osons pas faire demi-tour. Puis nous atteignons un pont effondré. Nous voilà donc obligé de faire ce demi-tour. C’est sans gloire et à petite allure que nous rebroussons chemin. Arrivées sur la grand route, nous soufflons et retournons vers la frontière pour enfin apercevoir de grands panneaux publicitaires nous indiquant le bon chemin.

C’est dans un grand soulagement que nous nous garons dans les parkings accueillants de ce lodge de luxe tout neuf où, il faut l’avouer, notre 4x4 couvert de boue dénote.

Repos au Livingstone safari lodge

Anne, un peu intimidée, suit Sylvie qui de tout temps à l'attitude de celle "qui y a toujours été" ; elle ne se laisse pas impressionner aussi facilement. L’accueil, l’immense hall, la chambre, le resto, … tout est superbe. Nous sommes là pour 2 jours.

La consigne de ne pas laisser ouvertes les fenêtres de la chambre, à cause des singes très envahissants et prompts à retourner tous les bagages à la recherche de nourriture, nous déplaît un peu ; nous avons pris l’habitude de dormir dans les bruits de la nature et la brise rafraîchissante qui traverse notre tente suspendue. Là, il va falloir se réhabituer à un certain silence ponctué du vrombissement de la clim.

Au restaurant, nous nous installons sur un immense balcon et nous nous abandonnons au plaisir du moment en sirotant une boisson bien fraîche. Mais voilà que Sylvie, dans un mouvement incontrôlé renverse son verre. Le liquide coule sur la table, puis le rebord du balcon pour finir sa course… sur la tête d’un homme qui part en hurlement au vocabulaire ordurier dont le sens nous échappe. Seul sa fureur nous éclabousse. De part et d’autre des serveurs prennent les choses en main et rassurent les deux parties. Nous nous confondons en excuses, tout en rigolant, tant de la maladresse de Sylvie que de la disproportion de la réaction de l’homme. Pour le repas, nous nous tenons le mieux que nous pouvons. Puis, sereines, nous partons nous coucher.

Croisière sur le Lady Livingstone 

Le lendemain, nous sommes saisies par la soudaine conscience que nous n’avons pas grand chose à faire de ce jour. Nous nous inscrivons à un tour en bateau pour la fin de journée, un peu cher à notre goût, mais ça comprend toutes les boissons que nous prendrons et les canapés pour les accompagner.

La fin de journée venue, nous voilà dans l’embarcation… un yacht oui ! on a jamais été aussi loin de l’eau et des berges. On aperçoit à peine le malheureux crocodile là en bas sur lequel s’extasient les autres passagers, sur leur 31. Manifestement, ils n’ont pas vu grand chose depuis qu’ils sont là. Il nous semble que ce sont des anglais, venu là surtout pour picoler et « mondaniser » d’après ce que l’on voit. L’un des guides, content de voir enfin des personnes qui s’intéressent à la faune, ne cesse de nous montrer aux jumelles les oiseaux de chez lui… que nous apercevons à peine tant ils sont loin. Mais nous acquiesçons ; nous ne voulons pas le décevoir. A la tombée de la nuit, nous sommes de retour et nous descendons en laissant à bord une poignée d’hommes bien imbibés.

Les enfants se baignant dans le Zambèse 
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La pauvreté est très présente 

En partons pour le marché local, sur le parking, en approchant de la voiture, Anne remarque étonnée que de son côté la voiture a perdu une partie de sa boue et se trouve à nouveau partiellement blanche. Puis brutalement l’arrosage automatique se met en route juste à côté d’elle et l'asperge à la satisfaction de quelques dames présentes sur le parking.

Arrivées au marché, nous sommes de nouveau frappées par cette ambiance qui la veille nous avais saisi. Nous faisons un tour, sous le regard insistant des autochtones, génèes pour une fois par le fait d'être les seules blanches présentes. En cherchant à écourter notre balade, nous nous perdons. C'est avec bonheur que nous croisons le guide de la veille avec qui nous avions sympathisé. Il nous remet sur le bon chemin et nous explique comment rejoindre le marché artisanal.

 Marché de Livingstone

En arrivant sur l'autre marché, nous constatons que nous sommes les seules visiteuses. très rapidement les gens présents nous entourent et nous proposent toutes leurs marchandises. Nous demandons l’autorisation à une mère de la prendre en photo avec son enfant. Nous lui montrons les clichés. Les commerçants, curieux, se rapprochent. L’atmosphère se détend et s’ensuit un moment partagé entre prises de vues et discussions. Nous passons un bon moment partagé en somme.

Marché artisanale 
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Enfin nous partons de ce lodge. Ce n’est vraiment pas fait pour nous. En tout cas celui-ci. Anne se dit qu’elle préfère, dans le fond, dormir dans leur tente en hauteur… et fréquenter les anglais dans les rues de Londres. Nous prenons la route dans le but de passer à nouveau la frontière en traversant le fleuve Zambèse via un ferry. Anne n’est pas d’accord ; elle a lu sur le guide que celle-ci est particulièrement pénible à passer ; le ferry en question est plutôt une sorte de barge et, allez savoir pourquoi, tous les camions passent par là, occasionnant des files d’attente de plusieurs jours. Mais rien n'y fait, Sylvie s’obstine à faire comme-ci elle ne comprenait pas. Et pour couronner le tout, en sortant de la ville, voilà qu’un homme portant un vêtement apparemment militaire et l’arme qui va avec, les arrête.

Sylvie baisse la vitre, l’homme les interroge vaguement sur leur destination et en vient très vite à demander un bakchich. Anne n’est vraiment pas d'humeur conciliante et lui répond vivement qu’elles n’ont pas d’argent. L’homme qui, bien sur, n’accepte pas sa réponse, réitère sa demande et Anne ne prend pas la peine d’écouter les mots qu’il dit. « Nous n’avons plus d’argent de chez vous. On peut payer en Pula (monnaie botswanaise) » . L’homme refuse. « Laissez-nous aller en chercher en ville alors ». Toujours non. « On va dormir ici si ça continue ! » Anne fulmine de rage, et se met à pleurer d’exaspération tout en vociférant « votre pays c’est un pays de merde !!!! Je vous déteste !!! je ne reviendrais jamais ici !! » puis tout un tas de trucs incompréhensibles qui se noie dans ses larmes, le tout, rappelons le, en anglais… mais dans la colère Anne a toujours du vocabulaire. L’homme s’apitoie et se penche un peu plus vers la fenêtre et raconte un truc du genre « mais non on est pas méchant, c’est beau ici, il faut revenir » et finit par les laisser passer… Pas croyable ; il ne les a jamais menacé de son arme, ne s’est jamais mis en colère, …

Sylvie, la dedans, est restée stoïque ; après tout c’est le travail de Anne de gérer les situations litigieuses. Elle doit bien savoir ce qu’elle fait non ?

Passage de la frontière par le ferry de Kazungula et les faux billets du Zimbawbe 

Donc on roule. Anne se calme. Puis au bout d’un certain temps, nous voyons apparaître des camions arrêtés, en file, de part et d’autre de la route. Sylvie décide de remonter les files de camions, et ça dure longtemps ; sur 1 ou 2 km peut être. Anne tourne son nez mais ne dit rien. Puis nous arrivons au poste frontière. Nous comprenons que les voitures comme nous passent en priorité. Après avoir fait les papiers dans les mêmes conditions que déjà décrites, nous nous mettons dans la file. Nous papotons avec un autre conducteur ; et vous faites quoi ? vous allez ou comme çà ? … des trucs du genre. Il finit par nous prévenir qu’il y a beaucoup d’argent périmé qui tourne ; Le Zimbabwe a plusieurs fois dévalué sa monnaie et retiré de la circulation de nombreuses devises. "Regardez celui là de billet », nous dit-il en l’exhibant. Dessus il y a tellement de zéros derrière le 1 que nous n’arrivons pas à le lire. Un rien de temps après un mec qui passe essaie de nous échanger un billet - périmé - contre de l’argent Zambien. Puis on attend… Il nous aura fallu une bonne demi journée pour passer. Anne n’a plus qu’une idée en tête à ce moment là ; elle veut rentrer chez elle. Raz le bol de l’Afrique.

Dame libellule 


Singe de vervet 
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En fait, il nous a fallu encore un peu de route pour atteindre la bande de Caprivi, là où nous comptons observer des oiseaux et ce laps de temps a permis à Anne de s'apaiser. Quand nous arrivons au Drotsky's Cabins, nous espérons pouvoir louer un cabanon. Mais tout est réservé. Nous retournons donc dans notre tente en hauteur.

Les oiseaux de la bande Caprivi 

Nous réservons un tour d'observation pour la fin de journée. Quand l’heure dite arrive, nous venons au ponton, car c’est sur l’eau que cela se passe. Nous voyons des photographes installés avec de superbes appareils aux zooms démesurés posés sur des trépieds prêts à démarrer leur visite. Toutes deux, soudainement impressionnées par cet attirail, tenons avec autant d’aisance apparente que possible, nos minuscules appareils photo dont nous étions si fières jusque là. Sylvie n’a même pas son zoom regretté pour donner le change. Notre guide-piroguier nous installe, et nous partons pour une superbe promenade dans les champs de papyrus. L’homme, très pro, repère chaque oiseau et n’a de cesse de nous rapprocher d’eux en rasant le plus possible les herbes. Nous avons totalement oublié les autres photographes et nous délectons de ce moment unique.

Les oiseaux de la bande Caprivi 
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Au Kaisori river lodge 

Un jour plus tard, dans un autre campement au bord de l’eau, nous nous retrouvons dans un lieu peuplé de chevaux, de lapins, de poules et surtout de paons, tous très familiers. A chaque fois que Sylvie passe devant lui, un paon lui fait la cour en déployant sa superbe queue. Sylvie s’amuse de cet aventureux prétendant et le mitraille sous toutes les coutures.

Pour aller admirer le coucher de soleil, nous partons encore une fois sur l’eau. Nous devenons accros de ses balades aquatiques au coucher du soleil - les sundowners - si calmes et silencieuses, qui nous changent des secousses et du bruit envahissant du 4x4.

Un des magnifique paon  du camping

Au fil de l’eau, nous admirons surtout le paysage. Notre oreille et nos yeux s’accoutument à la quiétude ambiante et au bout d’un moment nous entendons que nous ne sommes pas seules. Sur les berges, apparaissent parfois des familles. Par endroits, nous longeons des villages sans toujours les voir mais nous les entendons se baigner, discuter, vivre gaiment. Anne perçoit les bruits qu’ils font comme une musique heureuse.

Sundowner sur la Kaisori river
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Nous partons pour Etosha. Comparés aux deux jours qui viennent de s’écouler, ce périple nous plonge dans une certaine tension. Sylvie sait que le lieu est très prisé et a donc tenté, avant même notre départ, de réserver un emplacement. Mais voilà, c’était déjà plein. Sylvie prend le risque conscient de se faire refouler. Anne, à qui Sylvie ne laisse pas le choix, sent une inquiétude monter en elle. Puis, lasse de cette tension, finit par lâcher prise.

Arrivée dans le parc par une des 3 portes, nous passons le contrôle où nous payons notre entrée. On nous y confirme qu'il n'y a plus de place dans aucun des campings du parc. Pendant que Sylvie décide de s'en remettre à sa bonne étoile, Anne sent une petite rancœur monter en elle à son égard, puis la glisse dans un coin, sous une côte, jusqu'au soir. Nous commençons donc notre safari sur les pistes blanches et légèrement caillouteuses du parc. Après avoir vécu celles défoncées et boueuses de l’Okavango, nous circulons ici comme un caddie sur un golf. Nous voyons cependant pas mal d’animaux différents, mais toujours pas de rhinocéros ; notre dahu à nous.

Sur l’un des points d’observation nous sommes témoin du rituel des zèbres venus s’abreuver. Sous tension, le groupe arrive fébrile, quelques zèbres seulement s’approchent de l’eau pour boire. Le reste du troupeau leur tourne le dos et surveille les alentours. Chacun leur tour, par petit groupe, ils vont boire ou surveiller, sauf les tout derniers qui, sans protection, devront se précipiter pour boire et rejoindre très vite le reste du troupeau. Il doit y avoir une histoire hiérarchique là dessous. C’est relativement long à observer. Et Sylvie, toujours pressée est partagée entre son envie de tout voir et celle de passer à la suite, bouillonne. Ce qu'elle traduit en mitraillage de photos.


Les animaux d'Etosha 

Sur la fin de journée, un peu avant le coucher du soleil, nous arrivons à une autre porte de cette immense parc. Le délicat épisode de la nuit pointe à nouveau son nez. Par hasard nous interrogeons un guide qui accompagne un groupe de touristes français. Il nous confirme qu'il n'y a sans doute plus de places. Et devant nos mines déconfites il nous dit d'attendre un petit peu qu'il fasse plus sombre avant d'aller au guichet car personne à part le personnel du parc n'a le droit de circuler la nuit sur les pistes. Ils seront donc dans l'obligation de nous proposer un emplacement. Nous suivons ses conseils. Et après quelques minutes à peine nous nous présentons au guichet. Faute de compétence en anglais, ce n'est pas Sylvie qui prend la parole mais Anne. Prenant son courage à deux mains elle fait sa demande. Bien sûr la femme en face d'elle lui demande si nous avons une réservation. Evidemment non !!!. Y'a plus de place comme prévu et... nous propose de nous garer à l'entrée du camping. C'est loin des sanitaires auxquels nous pourrons quand même accéder et on devra être partie à l'aube. Ça ne l’empêche pas de nous demander le plein tarif, mais enfin nous y sommes ; il ne faut pas trop en demander. Anne se détend et en oubli la tirade de mécontentement qu'elle comptait sortir à Sylvie. Et c'est tant mieux car ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid à Sylvie. Et Anne en aurait été encore plus chagrinée. Nous nous installons à la nuit tombante.

Tous près des murets qui enserrent le camping , il y a un lieu d’observation légèrement en surplomb d’un point d’eau. A la nuit tombée, de nombreux troupeaux se succèdent pour se désaltérer. Une file continue d’observateurs va et vienne dans un silence religieux. L’ambiance, concentré, a quelque chose de méditatif. Nous y voyons notamment des girafes, si nombreuses, que s’en est impressionnant. Ce qui surprend également, c’est la chorégraphie que celles ci font pour écarter les pattes avant et basculer leur long cou pour que leur bouche atteigne l’eau. Le mouvement et lent et gracieux. Malheureusement, nous ne sommes pas très expérimentées ni équipées pour les photos de nuit et n’avons plus ces images que dans notre mémoire. Une dame, gentiment, explique à Anne la méthode du sac de riz ou de sable. On le pose sur un support en hauteur type muret ou poteau. Puis on y installe l’appareil photo qui creuse sa forme dans la matière. Ainsi calé il ne tremble pas pendant le long temps nécessaire à la prise de vues.

Troupeau de zébres et de gnous 

Depuis le début du voyage le rythme c'est ; déploiement de la tente (claquée sur le toit du 4x4) avant 6h30 PM, heure du coucher du soleil. Sachant qu'après cette heure-là, tu fais tout à la lampe de poche, parfois même la douche. Alors en général, tu stoppes à 17h, tu cuisines à 18, tu manges à 18h30/19h, tu te douches juste derrière et hop ! À 20h30, tu dors après avoir lu quelques pages à la torche. Du coup à 5h du mat, c'est facile de se lever, et les journées sont courtes et bien remplies. Rebelote "300 km plus loin à moins que tu n'aies fait du "sillonnage" de rivière sur une barque (ou autres festivités sur place mais qui représentent quoi qu'il en soit l’équivalent de fatigue des "300 bornes de piste dans le bush), appareil photo au point. Alors, même si on ne s'est couché un peu plus tard que prévu, nous n'avons aucun mal à avoir tout replié pour l'aube. Mission accomplie.

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Nous reprenons notre safari de la veille. Grosso modo nous voyons les mêmes bestioles. Mais il est déjà midi, Il faut sortir du parc. Nous sommes un peu tristes ; c’était la dernière balade du voyage. Maintenant, tout ce que nous allons faire est la préparation de notre départ.

C’était pas mal Etosha mais ça n’a tout de même pas la magie de l’Okavango se disent- elles.

Nous sommes arrivées sur la fin du jour dans notre ultime point de chute. La nécessité de remettre en état notre véhicule nous fait choisir une chambre d’hôtes, où nous pensons pouvoir plus facilement gérer la chose et bénéficier de repas du soir et du petit déjeuner. Le lieu est tenu par une Allemande qui manifestement à repris la ferme familiale. Au départ, elle nous apparaît un peu revêche. Mais elle nous facilite l’accès à l’eau pour nettoyer le 4x4. A la tombée de la nuit nous charrions tout ce que nous avons hors du véhicule. Nous faisons un petit tas des victuailles qui nous reste et allons les proposer à notre logeuse qui, très contente, les prend afin de les donner à son personnel. A partir de ce moment là, elle se déride franchement. Sylvie refait les bagages ; ça fait longtemps que Anne ne touche plus à l’organisation des valises. C’est pas qu’elle ne sait pas faire, mais sa mauvaise volonté au début de chaque voyage la mène à retarder le plus possible ce qu’il y a à faire. Sylvie, agacée d’attendre, s’en charge seule, et Anne trouve que c’est très bien comme ça. Du coup, Anne ne cesse d’argumenter pendant le voyage qu’elle ne s’y retrouve pas et que de plus, elle ne veut pas déranger sa belle organisation. Sylvie ne cherche plus à argumenter, même si parfois ça l’énerve. Le tout à présent bien rangé, l’arrosage du 4x4 fini, nous allons prendre notre repas du soir. Mais fatiguée, nous faisons vite et allons nous coucher.


Les villages sur la route 
Faune 
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Le lendemain, nous nous installons de nouveau à sa table, devant un petit déjeuner pantagruélique. Plus éveillées, nous discutons beaucoup et gaiement avec notre hôte. Elle est un peu inquiète de nous voir si peut manger à son goût. Mais nous n’en pouvons plus... C’est trop bon... mais pendant tout notre séjour nous nous sommes contentés de bien moins et de moins bon. Nous nous quittons bonnes amies.

De retour à Windhoek, nous sommes saisies par l’ébullition de la ville. Après un petit tour au marché d’Odjihajavara où nous voyons tous ces objets que nous connaissons pour les voir sur des étals en france, en plein air, tenu par des africains que l’on sait vivre chichement. Nous allons rendre le 4x4. Après une petite inspection où l’homme est forcément incapable de faire le tour de tout le matériel que nous avons mis 2h à inspecter au début du voyage, nous repartons, un peu nues d’avoir laissé notre maison de tôle et de tissus derrière nous.

Marché d'Okahandja 

L’aéroport. Le vol. Le train. Le taxi jusqu’à la maison… Anne, après ses exaspérations ponctuelles pendant le voyage où elle clamait vouloir rentrer chez elle, a brutalement la nostalgie de cette vie à l’air libre où l’on se couche avec le soleil, où l’on se lève aux aurores. La réadaptation sera dure cette fois si.

Une petite coupe chez le coiffeur avant de partir