Puis nous atterrissons dans une réalité un peu moins drôle ; il nous faut à nouveau passer la frontière, cette fois entre le Zimbabwe et la Zambie, puisque notre lodge - car exceptionnellement ce n’est pas du camping aujourd'hui - se trouve à Livingstone, en Zambie. C’est le même cirque que le matin même, mais en pire. Passons....
Arrivées à Livingstone, nous nous perdons en cherchant notre Lodge dans les faubourgs de la ville. Pour la première fois nous n’en menons pas large au milieu de ces maisons délabrées, de ces gens qui nous regardent, semble t’il, de travers. Nous espérons vivement sortir de cet endroit mais n’osons pas faire demi-tour. Puis nous atteignons un pont effondré. Nous voilà donc obligé de faire ce demi-tour. C’est sans gloire et à petite allure que nous rebroussons chemin. Arrivées sur la grand route, nous soufflons et retournons vers la frontière pour enfin apercevoir de grands panneaux publicitaires nous indiquant le bon chemin.
C’est dans un grand soulagement que nous nous garons dans les parkings accueillants de ce lodge de luxe tout neuf où, il faut l’avouer, notre 4x4 couvert de boue dénote.
Anne, un peu intimidée, suit Sylvie qui de tout temps à l'attitude de celle "qui y a toujours été" ; elle ne se laisse pas impressionner aussi facilement. L’accueil, l’immense hall, la chambre, le resto, … tout est superbe. Nous sommes là pour 2 jours.
La consigne de ne pas laisser ouvertes les fenêtres de la chambre, à cause des singes très envahissants et prompts à retourner tous les bagages à la recherche de nourriture, nous déplaît un peu ; nous avons pris l’habitude de dormir dans les bruits de la nature et la brise rafraîchissante qui traverse notre tente suspendue. Là, il va falloir se réhabituer à un certain silence ponctué du vrombissement de la clim.
Au restaurant, nous nous installons sur un immense balcon et nous nous abandonnons au plaisir du moment en sirotant une boisson bien fraîche. Mais voilà que Sylvie, dans un mouvement incontrôlé renverse son verre. Le liquide coule sur la table, puis le rebord du balcon pour finir sa course… sur la tête d’un homme qui part en hurlement au vocabulaire ordurier dont le sens nous échappe. Seul sa fureur nous éclabousse. De part et d’autre des serveurs prennent les choses en main et rassurent les deux parties. Nous nous confondons en excuses, tout en rigolant, tant de la maladresse de Sylvie que de la disproportion de la réaction de l’homme. Pour le repas, nous nous tenons le mieux que nous pouvons. Puis, sereines, nous partons nous coucher.
Le lendemain, nous sommes saisies par la soudaine conscience que nous n’avons pas grand chose à faire de ce jour. Nous nous inscrivons à un tour en bateau pour la fin de journée, un peu cher à notre goût, mais ça comprend toutes les boissons que nous prendrons et les canapés pour les accompagner.
La fin de journée venue, nous voilà dans l’embarcation… un yacht oui ! on a jamais été aussi loin de l’eau et des berges. On aperçoit à peine le malheureux crocodile là en bas sur lequel s’extasient les autres passagers, sur leur 31. Manifestement, ils n’ont pas vu grand chose depuis qu’ils sont là. Il nous semble que ce sont des anglais, venu là surtout pour picoler et « mondaniser » d’après ce que l’on voit. L’un des guides, content de voir enfin des personnes qui s’intéressent à la faune, ne cesse de nous montrer aux jumelles les oiseaux de chez lui… que nous apercevons à peine tant ils sont loin. Mais nous acquiesçons ; nous ne voulons pas le décevoir. A la tombée de la nuit, nous sommes de retour et nous descendons en laissant à bord une poignée d’hommes bien imbibés.