Papillonnage photographique de pays en pays… Sylvie voit très bien où elle veut aller…. Anne tant bien que mal tente de la suivre. En tous cas elles y vont, 2 ou 3 fois par an, mais veulent en parler plus souvent que ça…
Passer de la nostalgique et séduisante Valpareso à la vivante ville de Santiago du Chili via l'immensité féerique des hauts plateaux désertiques du désert d'Atacama...
Du 6 au 14 janvier 2011
9 jours
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Ça y est, depuis quelques semaines Sylvie a fixé définitivement leur destination de janvier ; elles s'en vont au Chili. Juste avant elle visait le Mali. Si le glissement syllabique est discret, géographiquement parlant il faut reconnaître qu'il est de taille. Mais Anne ne s'en émeut pas plus que ça. Elle sait que jusqu'aux dernières limites il ne faut prendre aucunes des aspirations voyageuses de Sylvie au sérieux car se projeter dans chaque destination demande de l'énergie ; il ne sert à rien de la gaspiller à s'imaginer là où on ira pas. En tous cas c'est ce que pense Anne ; si vous vous faites prendre au jeu, en quelques jours il vous faut supposer les plus grandes chaleurs puis les froids les plus rigoureux, un risque de négociation complexe avec une population démunie de tout, qui vous perçoit comme la manne financière du moment, où les allées surabondantes d'hypermarchés underground où gouter les mets les plus étranges et acheter les dernières technologies même pas imaginable chez vous, ou encore envisager l'achat d'une paire de chaussures pour affronter les parois d'un volcan encore en activité... Bref épuisant.

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Bon. Bien sûr il y a le vol avec tout ce que cela sous-entend d’attente, de transitions précipitées genre après X heures à ne rien faire, il faut, en quelques minutes se bouger et descendre nos bagages qui, voyez-vous, sont sous une pile d’autres bagages et pousser tout le monde pour ne pas risquer de rester bloqué. C’est étrange à vivre ça, la différence d’énergie qu’il y a entre ces deux types d’évènements et la difficulté de passer de l’une à l’autre brusquement. Les gestes-réflexes y sont, la réflexion à peine.

Mais ça y est, après une bonne nuit de sommeil on se sent mieux et le passé, même très proche, c’est le passé. On sait quand même que dès ce soir, les nuits seront plus difficiles en vertu des 4h de décalage qui chamboule nos organismes. Mais pour le moment, Anne est prête à affronter la frénésie de Sylvie.

Valparaiso, ses innombrables marches et ses ascenseurs 
 Tranche humaine

Valparaiso est une belle surprise ; l’ambiance y est plutôt sereine pour une ville. C’est délabré Valparaiso. Délabré comme une ville qui a été sur la touche pendant longtemps. Cependant, elle a de beaux restes car cet endormissement l'a également protégé de la destruction des bâtiments qui n’aurait pas fait le poids devant l’inexorable avancé de la modernité. Le tourisme a relancé l’histoire. Il y a donc plein de trucs à photographier ; nous sommes aux anges. C’est pas tout plat Valparaiso ; Elle est connue pour ses funiculaires à fort dénivelé et ses maisons colorées qui se dressent au sommet des falaises. Y faut donc monter et descendre tout le temps ; ça va un peu freiner l’énergique Sylvie et permettre à Anne de la suivre un peu plus facilement… quoi que. Elle aussi doit se porter. Vite nous tombons d’accord sur la stratégie de descendre à pied et ne prendre que les ascenseurs et les funiculaires pour monter. Nous laissons nos pas se perdre dans les nombreuses ruelles et nos yeux nous guider au rythme des graffitis et murals croisés un peu partout - Valparaiso en regorge - sans se préoccuper des remontées.

Les grafittis sont partout sur les murs  

Y'a des chats partout ! (un pays sans chat nous déroute toujours un peu). C'est chrétien aussi . Avant ça ne nous aurait pas attiré l'attention. Avant, quand nous voyagions plutôt en Europe, nous vivions sans une vraie conscience que ça ne va pas de soi. Le fait de voyager nous ouvre les yeux sur le fait que si le monde est religieux (plus ou moins), il n’est pas, de fait, chrétien. Plus surprenant, c'est européen, même si c’est de très loin. Nous n’ignorions pas tout ça mais le lire ou le voir à la télé a quelque chose d’irréel. Il faut vivre les choses pour les rendre tangibles. En tout cas, ç'est plutôt agréable. Nous sommes à l’aise tout en ayant le plaisir du dépaysement. Il y'a des restaurants partout et les gens ont un a priori sympa quand ils entendent du français.

Valparaiso, c’est une surprise et un vrai coup-de coeur pour nous.

Cerro conception  et ses innombrables marches 
Beaucoup de quartier pauvre et de batiments délabrés
La Sebastiana - maison de Pablo Neruda et Cerro Bellavista 

Comme au bout d’un moment il se fait faim, nous prenons la décision d’aller manger au port. L'ascenseur Artilleria » nous y mène justement, en nous offrant une vue imprenable sur celui-ci. Après avoir déjeuné et admirer l’immense empilement des containers colorés, nous décidons de faire un tour en "lancha". Dans toute l’Amérique du sud, c’est le nom que l’on donne à de petites embarcations qui servent un peu à tout et notamment aux transports des touristes autour de la baie. Une foule permanente se presse à l’embarcadère. On attend peu finalement car le système est simple ; dès qu’une "lancha". est pleine, elle s’en va. C'est un gamin de 13 ans qui nous place dans l’embarcation en optimisant au mieux les places (c’est tout un art d’équilibrer les masses de bâbord à tribord) ; on travaille en famille ici.

Quartier du port  et le vieux funiculaire Artilleria 

Puis une fois parti, il se met à nous faire la visite guidée du port dans un espagnol mâtiné d'accent chilien. On y comprend vraiment rien mais cela nous amuse de voir ce gosse plein d’assurance et dans l’évidente maîtrise de son art nous faire l’article, notamment à propos des gigantesques cargos et des bateaux de guerre non moins impressionnant dont notre petite embarcation s’approche décidément très près. C’est des plus impressionnants. Nous passons au nez et à la moustaches d’otaries lascivement allongées sur d’autres bateaux. Elles ne sont pas même impressionnées de notre proximité et nous jettent à peine un regard que Sylvie s’empresse de saisir au vol avec son appareil photo. Les cormorans, les mouettes, continuent, elles, à maculer les pontons de leurs excréments. C’est chouette cette balade, …, même sans les commentaires.

Balade en lancha dans le port de Valparaiso 
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Que dire de cet endroit ? Pour être juste, nous ne sommes pas trop à nous mettre à plat ventre ou sur le dos, sur le sable d’une plage, qu’il soit fin ou pas. Tout au plus, si se sable nous tapait dans l’oeil, en remplirions-nous une bouteille à poser sur une étagère et nous finirions quelques années plus tard par utiliser pour matérialiser un sentier dans un décor de crèche à noël… Au final, nous le jetterions. Donc, nous faisons 20mn de route pour atteindre la plage Chilienne de référence. Bien sûr nous nous baladons sur le bord de la mer. Et c’est toujours beau, reposant et propice à l’apaisement des âmes … la mer. Peut-être avons-nous conscience de la chance que nous avons d’assister au bain et surtout aux bagarres fulgurantes et riches d’enseignements sur le maintien de la hiérarchie dans une petite colonie d’otaries. Mais globalement nous regrettons d’avoir abandonné un jour trop tôt notre chère Valparaiso. Nous allons à Santiago, juste en face de l’entrée du terminal de l’aéroport international dans un Holiday-Inn pour y dormir. Et là, c’est "topissime". L’hotel, quoi qu’internationalement sans cachet, est des plus plaisant. De plus, nous avons ce luxe de ne pas avoir de navette à prendre et de pouvoir repérer les lieux la veille pour s’assurer qu’aucun détail ne viendra perturber notre embarquement. Nous savons évidemment que l’imprévu ne peut être prévenu. Mais là rien. Vite nous prendrons l’avion pour (un petit silence s’impose pour prendre la mesure de la merveille qui nous attend) le désert d’Atacama. Que vite le jour finisse.

La plage de Vina del Mar et ses batailles d'otaries
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Une voiture nous attend à la sortie de l'avion. Nous avons atterri à Calama, mais nous ne nous y attardons pas ; nous avons beaucoup de route à faire pour atteindre San Pedro d’Atacama qui, à 2408m d'altitude, est devenu le « spot » d’acclimatation pour tous ceux qui vont par la suite dans le désert d’Atacama qui lui dépasse les 4000 mètres. Nous y passerons donc 3 jours ; durée minimum conseillée pour une bonne adaptation. De toute façon nous retournerons à Calama où nous aurons alors le temps de visiter ses mines de cuivre à ciel ouvert.

Dès la sortie de la ville nous abordons un désert des plus arides. La première moitié de la route, belle et relativement plate, fait place à mis-parcours à une autre très pentue et très sinueuse. Anne, qui supporte assez mal les lacet, doit se concentrer un maximum pour ne pas être malade. C’est une route réputée pour être meurtrière, en témoignent les nombreux sanctuaires jalonnant le parcours. Des zones d’arrêts d’urgence sont aménagées à presque tous les virages. 2 km avant chaque grande descente on trouve des aires de stationnement pour permettre aux chauffeurs routiers de s’arrêter pour vérifier leurs freins. C’est avec bonheur que nous arrivons à bon-port.

 Découverte de San Pedro d'Atacama

San Pedro d'Atacama est un petit village niché au coeur de la cordillère. Les petites rues en terre battues sont restées piétonnes. Elles sont animées par de nombreux restaurants affichant une population très cosmopolite. Ce qui surprend un peu plus c’est la quantité impressionnante d'agences de voyages pour un si petit village, ce qui témoigne du fait que toute l’activité du secteur est tournée vers le tourisme et plus particulièrement vers l’exploration du fameux désert d’Atacama, désert de sel réputé être le plus sec au monde.

Malgré tout, il est sympathique en cette première soirée, de déambuler à travers les petites maisons de plain pied en pierre et profiter du beau temps qui fraîchit au rythme de la tombée de la nuit. Au coeur de celle-ci, altitude et zone désertique obligent, il fait très froide. Mais dès que le soleil se lève on atteint facilement les 30°.

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ll faut bien occuper ce temps forcé d'acclimatation ; il faut à Sylvie son quota d’images-souvenir. Pour assurer le coup, elle nous a pris trois jours d’excursions organisées. Il nous faut bien une bonne nuit pour affronter les visites prévues pour la première journée.

Tout d’abord, la matinée est consacrée à la visite de ruines, celles au noms enchanteurs de "Aldea de Tulor" et de "Pukara de Quitor". Mais, tel un mirage, la chose attendue nous désenchante. Les 2km carré qui constituent "Aldea de Tulor » est un amas de restes circulaires faits de briques de terre effleurant à peine à la surface du sable et de vagues voutes en boue séchée. Le lieu ne nous transporte pas, il n'est pas à la hauteur de l’effort fourni, à marcher jusqu’à lui sous un ciel sans aucun nuage, dans une atmosphère déjà chaude. Tout juste sommes nous intéressées par l’impression de voir comme des bassins à sec ensablés. GRAPHIQUE ! voilà ; c’est graphique… c’est déjà pas si mal dans le fond.

 l'Aldea de Tulor 

Nous enchaînons sur la visite de Pukará de Quitor qui est une ancienne forteresse de l'époque pré-Inca. C’est un peu plus costaud. Sur un dénivelé de 80m, des constructions en pierre constituent un ensemble de plateformes aux fonctions diverses et aux formes parfois circulaires, parfois rectangulaires. Au sommet, il y a la promesse d’une vue panoramique sur la vallée. Mais au bout d’un escalier ou deux, nous refusons d’aller plus loin et laissons continuer la visite aux deux autres personnes constituant notre groupe.

 Pukará de Quitor 

Après un déjeuner rapide et sans avoir pu prendre le temps de faire une petite sieste que nous aurions pourtant bien appréciée - être sous cette chaleur et à cette hauteur sollicite fortement nos organismes - nous voici reparties pour les gorges du diable.

Les gorges du diable  

Nou sommes cependant suffisamment d’attaque pour effectuer les quelques kilomètres de marche nécessaires pour atteindre le lieu en question. Nous pénétrons au coeur de roches rouges escarpées avec émerveillement. Le soleil, un peu plus bas, provoque des ombres et des flamboiements sur les surfaces cuivrées aux formes très variées. L'endroit est superbe ! les vues plus incroyables les une que les autres ! Là, ça vaut vraiment le détour. Ça rattrape la matinée qui, soyons en sur, s’évaporera de nos mémoires. Par contre, ce canyon trompeusement long et qui nous donne l’impression de ne pas en voir le bout, nous restera comme un moment marquant. Malgrè tout il fait chaud, on a soif et nous renonçons à atteindre la petite église, point finale de la balade, consciente du fait que nous sommes dans un cul de sac et qu'il nous faut donc rebrousser chemin. Nous croisons beaucoup de gens en VTT. Nous les envions. Surtout au retour.

la journée nous a épuisées mais nous a donné l’énergie d’attendre demain avec entrain.

 Les gorges du diable 
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Ce matin, le village-oasis de Toconoa que nous visitons sur la route est quasiment désert, cela amplifie notre sensation de vide. Parfois, brusquement, apparaît quelqu’un - un enfant sur une bicyclette, quelqu’un poussant une brouette - qui, vite disparaît au détour d’une rue. L’église, toute de blanc vêtue, nous saisit par certains éléments de son mobilier comme l'escalier en colimaçon fabriqué en bois de cactus. Ses bancs proprement alignés nous montrent bien que parfois il y a des gens ici.

Puis, un peu plus loin, l'oasis de Jerez nous accueille. Après avoir emprunté un sentier où se perdent quelques marches, nous voici au milieu d'arbres fruitiers de toutes sortes, le contraste entre cette débauche verte et l’aridité ambiante a de quoi surprendre… mais il n’y a toujours personne. Nous poursuivons notre périple.

Le village de Toconao  et l'Oasis de Jerez,  
Ici on mange du flamand rose, c'est le poulet local 

Nous montons à 4300 m pour marcher près des lagunes de Miscanti et de Miñiques. Le mal des montagnes se fait sentir, Anne a de terribles maux de tête ; il faut espérer qu’elle va s’habituer car cela ne fait que commencer. Cependant le spectacle est grandiose ; Le contraste entre le bleu intense de l’eau des profondes lagunes faisant éco à celui du ciel sans nuages, avec le jaune-brun des touffes d’herbes sèches enchante nos appareils photos.

 Route vers les lagunes 
La lagune Miniques  et ses vigognes

Cette prairie s’étalent jusqu'au plan des immenses cônes volcaniques aux teintes multiples amplifiées par une extraordinaire lumière à laquelle nous ne sommes pas encore habituées. Il fait froid. Et pourtant nous sommes en plein été. A part quelques rares troupeaux, nous croisons des vigognes gambadantes, vives et apparemment insouciantes au coeur de cet espace démesuré ; a la différence du lama, la vigogne est un animal indomesticable. Nous croisons au milieu de rien, une indienne assise sur son caillou ; elle fait le poireau toute la sainte journée, dérisoire gardienne de la lagune, pour faire payer les droits d’entrée aux quelques touristes passant par là.

Lagune de Miscanti  
désert d'Atacama  
 Le Salar d’Atacama est une croûte de sel et de minéraux formée par l’évaporation d’une immense nappe phréatique salée.

La dernière lagune que nous atteignions, la lagune Chaxa, prolonge un désert qui porte le nom de désert d'Atacama. L’une nous offre une immense nuée de flamands roses, l’autre ses cristaux de sel. La présence de flamands roses, surtout en colonies si denses, à de quoi surprendre. Mais ils trouvent là une certaine tranquillité et une abondante nourriture ; l’eau abrite des petits crustacés - des atrésies. Ce sont eux qui donnent leurs couleurs aux flamands qui autrement, seraient blanc. Sylvie, tout en mitraillant ce spectacle, essaie de différencier les trois espèces de flamants annoncés. Anne préfère discuter avec nos accompagnateurs, les yeux happés par le spectacle.

Nous prenons le temps, assises, d’attendre le couché du soleil. Pourtant il y a urgence. Dès que nous serons de retour à San Pedro, nous repartons nous planter la tête dans les étoiles… l’estomac vide ; pas le temps de manger avant, aucun restaurant ouvert après. Anne fait bien un peu grise mine (pour ne pas dire la tête, la gueule, la tronche, etc) mais ça va vite lui passer se dit Sylvie.

 La lagune Chaxa au coucher du soleil 
 Le ballet des flamands au coucher de soleil 
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Comme le prévoyait Sylvie, en arrivant chez Alain Maury, Anne a vite fait d’oublier le désagrément d’un jeûn forcé. Monsieur Maury, astronome de son état, travaille en partie à l'observatoire d’Alma. Pour se distraire, comme tous les passionnés qui ne sortent jamais vraiment de leur sujet, passe son temps libre à faire découvrir la voie lactée aux béotiens que nous sommes. Pour ce faire, il a assemblé tout un ensemble hétéroclite de télescopes dans son jardin qu’il a pré-règlé sur différents spots de renom genre saturne et ses anneaux, la lune, …

Avant de nous y mener, il rassemble ses visiteurs du jour pour leur faire une petite mise à niveau en utilisant un super laser qu’il pointe sur différentes zones du ciel. Mais voila ; le tour de ce soir est en espagnol qu’il parle très couramment quoi qu'avec un accent français assumé que Anne n’imaginait pas acceptable. Mais tout le monde le comprend manifestement très bien… sauf nous. En même temps cela n’est pas bien grave ; on aurait pu prendre un tour en français mais ça n’était pas le jour. Nous aurions compris ce qu’il dit, c’est vrai, mais nous aurions tout oublié aussitôt. Là, ce n’est pas de notre faute. Aussi, dégagées de toute culpabilité, nous goûtons le spectacle pleinement.

Le ciel est si sec et si pur que l’incroyable masse des astres, étoiles et autres trucs célestes nous assaille, nous émerveille. C’est vraiment le jour des spectacles grandioses. Cet état du ciel est quasi permanent dans cette région, ce qui explique la présence d’un nombre important de stations de recherches de grand renom au niveau mondial. Il y en a cinq au Sud et deux au Nord du désert d’Atacama.

  Les cratères de la lune

Nous frôlons le torticolis, nous nous desséchons la cornée à force de garder l’oeil ouvert. Mais le croirez-vous ? ce qui a le plus retenu notre attention, et bien… c’est la lune. Nous n’avions jamais si bien vu ses cratères. Nous avons l’incroyable impression que la lune est là, tout près. Et, comble du luxe, le télescope qui pointe sur elle est équipé d’une bague qui nous permet d’y fixer notre appareil photo ! Prise par l’excitation de la chose (et pas insensible de l’appréciation de connaisseur que l’homme porte sur notre équipement) nous n’avons d’yeux que pour cette superbe lune.

Pour nous aider à redescendre de cette passionnante expérience, et aussi nous réchauffer car la température a sacrément dégringolée, la femme de notre hôte nous offre un bon chocolat chaud.

Nous qui avons pris la décision de ne jamais revenir dans un même pays, nous disons que ça, toute cette journée, et bien on serait prêtes à la revivre.

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Peut-on appeler une nuit ce que nous venons de passer ? Nous nous levons à 3h30 du matin. Nous nous habillons à la hâte et bien sur c’est sans avoir petit-déjeuner que nous montons bonnes dernières dans un antique bus bondé, direction les geysers dEl Tatio. L’objectif, en partant si tôt, est d’y arriver à l’aube pour découvrir le site sous la lumière du soleil levant. Mais pour le moment, bien que couvertes de plusieurs couches de vêtements, nous sommes frigorifiées, surtout Sylvie qui, collée à la vitre, se recroqueville dans l’espoir vain d'y trouver un peu de chaleur. Nous passons deux heures sur une piste caillouteuse que notre chauffeur expérimenté parcours à toute allure ; pas moyen de trouver le sommeil, voir une somnolence qui nous ferait nous échapper mentalement de cette course dans le noir presque total. Nous passons même une rivière à gué dans un bringuebalement invraisemblable.

le jour se lève sur El Tatio  

Grâce à cette course effrénée nous descendons, les yeux grands ouverts, dans la lumière à peine naissante pour arpenter, avec l’ensemble des autres passagers d’un nombre certain de bus identiques au nôtre sur le site du Tatio. Signalons au passage que c’est le plus gros ensemble de geysers des Andes. Nous devinons à peine le sol et les trous qui le perforent font jaillir des jets de vapeur d'eau. L'endroit est perturbant, énigmatique et capte toute notre attention. Nous avançons à pas mesurés. Se révèlent tout d'abord les silhouettes fantomatiques des autres personnes autour de nous qui, enveloppées de fumées blanches, donnent une ambiance de début du monde (ou fin du monde selon son humeur). Au fur et à mesure que monte le jour, outre le fait de voir enfin avec précision où nous marchons, cette ambiance s’évapore progressivement pour nous révéler la pleine beauté du lieu. Et l’on comprend pourquoi il était si important d’arriver si tôt.

 Dans les brumes du geyser

Il y a des boues aux teintes infinies qui forment des structures très variées qui échappent à la description tant elles sont nombreuses. Mais essayons quand même. Tout d'abord il y a de curieux cônes aux parois boursouflées et grumeleuses, puis des cratères de sécrétions pétrifiées et apparemment sèches, des nappes ridées blanchâtres ou grises traversées de boues jaunâtres, brunes, oranges, ... des formes arrondies aux couleurs vives trempant dans un étrange liquide qui ne peut pas être que de l’eau ; cela sent fort et nous fait parfois suffoquer. Certaines surfaces donnent l’impression d’être veloutées, d’autres rugueuses et coupantes, d’autres encore ressemblent à de fragiles bulles explosées qu’il ne faudrait toucher au risque de les détruire. De toute façon, on ne touche pas ; tout cela, bien que d’une beauté renversante, respire le danger. Nous tentons, vainement, de tout photographier. Les compositions, riches, se transforment en tableau… indescriptible ! vous dit-on. Mais nous aurons essayer.

 De véritables tableaux 

Il y a aussi des piscines naturelles faites d'eaux chaudes 38° - qui nous ouvrent leurs rives tentantes. Mais trop de monde y cèdent. Nous fuyons un peu plus loin profiter du spectacle ambiant, emmitouflées dans nos vêtements. Nous n’avons plus froid. Puis cela prend fin. Il nous faut abandonner le lieu qui retourne à sa quiétude glougloutante et crachouillante.

Les sources chaudes  

En fin de matinée, en redescendant, nous arrivons dans la vallée de Machuca, havre de verdure dans ce monde minéral. Nous sommes heureuses d’y voire d’autres oiseaux que des flamands roses ; ce n’est pas qu’on se lasse mais, passée la surprise, le fait dans voir tant les banalises - on a les pigeons qu’on peut 😉 On y voit aussi beaucoup de lamas en liberté ; ils sont élevés par les habitants du village portant le même nom que celui de la vallée et où nous nous rendons pour y prendre - enfin - un déjeuné. Au menu c’est brochettes de lama et empadas au « queso de cabra » (fromage de chèvre si vous préférez). A notre joie commune nous photographions les enfants et la cuisinière. Nous sommes heureuses de savoir que le passage des cars de touriste de retour des geyser font vivre une grosse partie du village. Ses constructions, typique, sont faites de briques de terre crue mélangée à un peut de paille ; en adobe autrement dit. Les toits sont en paille. L’église, tout aussi typique a les murs enduits à la chaux.

Le retour se fait à une allure plus calme qui, du coup, permet la somnolence. Nous avons chaud. Puis très chaud.

Vallée de la Machuca  
 Village de Machuca et séance photo avec les enfants 
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Du haut de la duna Mayor -  point de vue sur la « Cordillera de la Sal » 

Nous aurions bien pris plus de temps pour nous reposer mais non ; il y a de grandes chances pour que nous ne revenions jamais ici. Alors profitons. Nous partons donc à la découverte de la vallée de la lune qui fait partie de la cordillère de sel. Et là, dans cet environnement désertique, il faut imaginer qu’il y avait un immense lac. C’est connu, la cordillère des andes est le résultat du glissement d’une plaque tectonique sur une autre, provoquant des surélévations des fractures, des volcans, … Notre lac a donc été soulevé. il est toujours difficile, face à un paysage immobile à notre échelle, d’imaginer cet apocalypse géologique. On va simplifier la suite en disant qu'il y a aussi eu des millénaires d’érosion… et d’éruption… un beau bordel en fait. Alors, Aujourd’hui, notre lac est devenu une vallée chaotique constituée de canyons, de crêtes pointues, de ravins, de monticules de couleurs gris, ocre, rose-rouge, … le tout faisant penser à... la Lune 🙂 et comme c’est un désert, il y fait très chaud le jour et très froid la nuit. Mais ça, on commence à connaître. Inutile de préciser que c’est superbe à regarder. Mais nous commençons à manquer de qualificatifs. Alors, pour ne pas tomber dans la banalité répétitive, on vous invite à regarder nos photos.

la vallée de la Luna - les grottes de sel. 

Puis, au bout d’un moment, en circulant dans des galeries (grâce en soit rendu au tout puissant ordre naturel) à ciel ouvert, on constate qu’un peu partout il y a du sel, que ça passe du friable au dur… Comme c’est facile de circuler la dedans, inévitablement, un truc qui cloche vous titille ; un lac ? du sel ? Ce serait pas plutôt la mer qu’il y avait là ? et bien non, pas là ! dans d’autres coins, oui, un peut plus haut et l’érosion - encore une fois - avec la pluie, les écoulements d’eau, à transporté tout ce sel. Ça devient compliqué.

Les formations rocheuses ou de sel sculptées littéralement par les vents du désert.  
Il est possible de surfer sur le sable en sandboard sur la duna mayor
 Découverte des statues de sel "Las Tres Marías" 
 Vallée de la lune 
 Vallée de la lune. l'amphithéatre, Le Mirador de Kari 

Un peu plus loin c’est une grande dune qui nous attend. On va la monter pour voir d’en haut le coucher de soleil. On passe sur le fait que nous ne sommes pas toutes seules à faire l’ascension. Anne se dit qu’elle en a fait assez comme ça (et puis les pentes, c’est pas son truc). Elle préfère s'arrêter au début du sommet et s'installer confortablement pour attendre le coucher de l'astre divin. Ça lui donne tout le loisir d’observer ceux qui s’amusent à descendre la dune en se laissant glisser sur sa pente ; on appelle ça pompeusement du sandboard. Sylvie, plus téméraire (et pas à bout de souffle manifestement) escalade les formations rocheuses pour avoir une vue plongeante sur la vallée. Et elle se marre Sylvie ; elle observe un couple d’asiatiques qui, armé d’un « geo » consacré au Chili, tente de retrouver l’angle de vue d’une photo qui s’étale en double page du magazine. Puis soudainement son attention est happée par le moment magique qu’offre la lumière du soleil se couchant sur les roches, le sel. Tout devient ocre, rouille, rouge, ...

 Vallée de la lune le mirador Du coyote
 Coucher du soleil depuis le mirador du coyote

Incartade de 5 jours en Bolivie - le sud Lipez - dans ce voyage

Bolivie nous voici !!!!

retrouvez le carnet de voyage de nos 5 jours en Bolivie


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 Chaque « marche de l’escalier » mesure entre 18 et 22 mètres de hauteur 

Nous revenons au Chili, après cinq jours magiques passés en Bolivie dans le sud Lipez. Nous allons reprendre l'avion à Calama pour Santiago. Sur la route, histoire de ne pas faire que de la route, Nous nous arrêtons pour visiter Chuquicamata, la mine de cuivre à ciel ouvert la plus grande du monde. Nous sommes encore à 2800 mètres d’altitude, ce qui est encore pas mal mais nous sommes suffisamment descendu pour que Anne en ressente les bienfaits. Autrement dit, elle n’a plus mal à la tête. Après avoir attendu un certain temps dans une salle d'attente à regarder l'histoire de la mine au travers d’une vidéo qui passe en boucle et de grandes photos accrochées un peu partout, nous montons enfin dans un bus. La visite commence par la village fantôme de Chuquicamata où tout est resté intact ; ses habitants ont été évacué et relogé à Calama afin de permettre l’agrandissement de la mine en 2004 (ou, selon d’autres sources, pour protéger ceux-ci qui tombaient malade en raison des émanations toxiques générées par les extractions et le traitement du minerai). C’est toujours étrange de circuler dans des rues où l’on pourrait s’attendre à tout moment que quelqu’un apparaisse alors que vous savez que ça ne risque pas d’arriver.

 Le village fantôme de Chuquicamata
  Du haut , on dirait  que les camions ressemblent à des jouets

Puis nous reprenons le bus pour arriver près du trou de la mine. Un trou de 5 km de long, 3 km de large pour 1 km de profondeur, dont on ne prend pas tout de suite les vraies dimensions. Nous voyons sillonner une route qui déroule ses lacets sur des pentes qui nous semble hachurées par des sortes de terrasses. Des camions jaunes remontent et descendent en continu en file indienne. Il paraissent tout petit dans ce décor minéral aux proportions hors normes. Mais c’est seulement quand ils passent près de nous et que nous saisissons leurs incroyables proportions que nous avons enfin un repère pour envisager la taille réel du décor qui nous fait face. Ces camions, fait sur mesure pour la société Codelco - c’est elle qui exploite la mine et à qui l’on doit cette visite gratuite -, sont des CAmions EXtracteurs. En compressant les deux mots ça donne CAEX ; nom qu’on leur a donné. Ces monstres mesurent 8 mètres de long pour 7 mètres de haut. La hauteur des roues est d'environ 3 mètres 50. Le sport pour un visiteur est de se prendre en photo à côté d’une roue. Mais ils roulent trop vite ; nous n’y avons pas réussi.

Les opérations de com. que représentent de telles visites ne nous font cependant pas oublier que côté empreinte carbone, rien que la consommation délirantes en carburant de ces mastodontes ou encore que l’on change leurs roues tous les 8 mois, tiens de l’indécence. Et c’est sans entrer dans les détails des conditions de travail qui sont abominables au point de réduire l'espérance de vie des ouvriers… même si leur salaire est 4 fois plus élevé que la moyenne.

C’est toujours un peu ambigu pour nous de faire ce genre de visite.

  La mine mesure 5 km de long, 3 km de large pour 1 km de profondeur  
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Ce matin, Sylvie a eu la riche idée de nous réserver un tour en vélo par « la bicyclette verte ». Nous partons donc à la découverte des différents marchés de Santiago ; sympathique solution pour y appréhender la vie quotidienne. Nous sommes en petit groupe et bien que la visite se fasse en Anglais, elle est des plus plaisantes et des plus instructives. De plus, notre guide a manifestement le vrai souci de nous faire passer un bon moment. Equipée d’un vélo et d’un casque chacune (pas charitable, Anne se fait un plaisir de voir la tête de Sylvie avec son casque en biais), nous voici parti pour le marché de "la Véga". c'est l'un des plus populaires de la ville. Il nous séduit pas tous ces merveilleux produits frais qui, pour nous, sont pleins d'exotisme et de couleurs. Ils proviennent de la Vallée Centrale qui est une des zones les plus peuplées du Chili.

  Mercado central  dans le batiment art déco  et le marché de La Véga, le plus populaire

Ce qui est chouette c’est que la ville est plate et c’est donc sans efforts que nous pédalons les quelques kilomètres qui nous amènent au " Mercado central " installé dans un magnifique bâtiment art déco. Il est spécialisé dans les produits de la mer. On y trouve pas mal d’espèces endémiques de la côte Chilienne.

Nous finissons la visite dans un dernier marché couvert dont nous avons malencontreusement oublié le nom - ce qui est normal pour Anne, beaucoup moins pour Sylvie - pour y faire la dégustation de fruits frais, de boissons fraiches dont le « Mote con huesillo » qui est à base de thé et de pêches et de d’empanadas au fromage.

Ce parcours de 7 km environ nous a fait traverser un nombre appréciable de quartier en nous y plongeant d’une façon bien plus plaisante et impliquante qu’en bus.

 La Chascona visite de la maison de Pablo Neruda 
 Quartier Bellavista 

L’après midi nous partons, seules cette fois, pour visiter la « casa Chascona », la villa de Pablo Néruda. A flanc de la colline Bellavista, dans un quartier célèbre pour son importante collection de graffiti, la maison nous donne l’impression d’être dans un bateau ouvert, via une belle baie vitrée plantée en arc de cercle, sur un grand jardin luxuriant. Nous y habiterions bien… avec quelqu’un pour nous porter les courses jusque là-haut. Après une déambulation photographiquement très fructueuse dans le quartier Bellavista, nous prenons le « Cerro San Cristobal », le Brinquebalant, désuet mais efficace funiculaire qui nous amène près du sanctuaire de l'immaculée conception et nous offre une magnifique vue sur Santiago.

C’est incontestablement une promenade fraîche et agréable qui nous a reposés de toute l’aridité des hauts plateaux.

 "Le Cerro San Cristobal"  
 L'immaculée conception et la vue sur la ville 
 Le jardin botanique