Papillonnage photographique de pays en pays… Sylvie voit très bien où elle veut aller…. Anne tant bien que mal tente de la suivre. En tous cas elles y vont, 2 ou 3 fois par an, mais veulent en parler plus souvent que ça…
Siroter un jus de calamansi en admirant l'archipel de Bacuit, faire du island hopping en bangca de lagon en lagon, être impressionnées par les requins baleines qui vous frôle sous l'eau...
Du 24 juin au 11 juillet 2019
18 jours
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24
juin


 Aéroport de Puerto Princesse

3 malheureux jours à Singapour et nous nous y sentions déjà comme chez nous. Et c'est déjà le temps de l'au-revoir. En même temps, pour un voyage Philippin, on ne peut pas dire qu'il ait commencé. Et puisqu'il nous faut affronter une nouvelle journée de transport, nous endossons notre armure de patience. En tout cas c'est ce que Anne tente de faire laborieusement ; il en faudrait encore beaucoup des expériences de ce genre pour qu'elle y arrive vraiment ! D'ailleurs, Sylvie lui en a encore prévu quelques-unes pour "sauter" d'île en île... "c'est mieux que de prendre le bateau non ? " dit Sylvie. On peut toujours compter sur elle pour une mise à l'épreuve régulière 🙂. Sylvie, dans sa grande sagesse, prévoit une longue sieste. Tout du moins dans ce vol ci qui nous mène à Manille. L'avion a descendu de gamme mais il est plutôt confortable comparé à celui que nous prendrons juste après pour atteindre Palawan. Que dire... peut-être encore quelques considérations sur Singapour et les Singapouriens ? Et bien celle-là tient : on n'a jamais aussi peu attendu à chaque contrôle tant les choses sont mégas organisées ici. Celle-là aussi ; pour l'enregistrement des bagages, il n'y a plus d'hôtesses. On se débrouille tout seul, comme au supermarché quand on choisit les caisses autonomes. Il y a juste une personne pour gérer les aléas, c'est à dire les empotés comme nous. Ah oui ! Sylvie est complètement décontenancée par les tranquilles files d'attente où personne ne double, personne ne pousse. Elle ferait des ravages si elle se mettait à faire comme d'habitude. Mais elle a bien enregistré le prix exorbitant des amendes pour indiscipline. Ça ne l'a pas empêché de traverser les avenues hors des clous... par exemple... mais elle n'a pas craché par terre 🙂... Anne rit ; Sylvie ne crache jamais par terre :-I ... enfin Anne croit.

transit à Manille 

On est en l'air, le temps passe. Nous arrivons à Manille. Et là, Sylvie est prise d'une soudaine frénésie ; on a à peine plus de 2h pour passer la douane, récupérer nos bagages, trouver le bus de transit vers le terminal 2 (nous passons d'un vol international à un vol local), enregistrer à nouveau nos bagages, ... et nous ne parlons même pas des contrôles de bagages divers, des pipis, des victuailles à acheter, ... Sylvie se heurte au flegme local et n'encaisse pas l'inévitable perte de contrôle. Elle peste, elle s'agite, veut aller plus vite que les employés qui gèrent ça tous les jours à leur façon et pas à la sienne. Anne suit le rythme local ; même si c'est un peu "rock and roll", ça n'atteint pas le complet bordel d'un aéroport Éthiopien ou Namibien. Allez tiens, en voici un dernier ; un aéroport Malgache ! Ça c'est Le brin total un aéroport Malgache ! Nous avons l'air de dire que les aéroports africains c'est la plaie. Mais non ! Juste ces 3 là ! Les autres nous ne savons pas... nous supposons. C'est tout. Anne, ce qui lui pose problème, c'est que plus on descend de gamme dans les avions, plus elle a de chance de ne pas avoir suffisamment de place non seulement en large - ça c'est courant - mais en profondeur... Et dans ce dernier vol, c'est le cas. C'est un vol pour nain philippin 😞 dans un avion qui pue le kérosène... un vol d'1h... finit par se dire Anne pour faire baisser son mécontentement. Pendant que l'avion décolle, le soleil se pose lentement sur l'horizon. C'était une journée de perdue... c'est comme ça les voyages ; y'a pas que les bagages qui peuvent se perdre.

25
juin


Non ce n'est pas notre voiture !!!! 

Hier au soir nous avons tout de suite été mise au parfum du fonctionnement local ; bien que Sylvie se soit mise d'accord à ce sujet avec l'hôtel qui nous accueillait, personne ne nous attendait à l'aéroport. Ceci dit, ce n'est pas bien compliqué de prendre un taxi, un peu moins de ne pas se faire arnaquer sur son prix. Mais là, pas de problèmes ; on a payé 2 fois moins cher que ce que nous avions compris, ce qui représentait le prix d'un sandwich d'aéroport. Arrivées à l'hôtel nous avons vite mangé et sauté dans la piscine où nous nous sommes lavées des tensions du voyage.

Mais c'est aujourd'hui, en fait, que commence réellement notre aventure Philippaine. Et ça commence fort. Nous récupérons la voiture de location directement à l'hôtel. Mais rien ne va ; l'homme venue nous l'apporter nous réclame des sommes en liquide que Sylvie déclare avoir déjà payé. L'homme est calme, Sylvie moins, car elle ne retrouve pas les papiers qui prouveraient ce qu'elle dit et l'internet ne fonctionne pratiquement pas. Or, Sylvie stocke tout dans ses mails. Donc, tout est inaccessible. L'homme ressasse ses demandes. Anne ressasse ses traductions à Sylvie. Sylvie ressasse son refus de payer ce qu'elle a déjà payée et internet s'obstine à ne pas marcher. Et ça dure ! Ça dure !! La patronne de l'hôtel s'en mêle... et dire qu'on pourrait être dans l'eau de la piscine ! Se fit Anne qui ne sait plus quoi faire pour faire avancer l'histoire et décide d'aller fouiller les papiers de Sylvie dans la chambre. Elle ne trouve rien. Elle range un peu, se lave les dents... puis Sylvie apparaît... c'est elle qui s’est trompé. Elle fulmine après elle elle-même, presse Anne pour finir les bagages ; payer, partir au plus vite. La voiture roule. C'est déjà pas mal. On se contentera du pare-brise avant presque complètement fendu. Ça va faire beau sur les photos tiens ! Se dit Anne. Le réservoir est vide. On dépose l'homme à l'agence, lesté de presque tous notre argent liquide. Allez ! On va dire que c'est comme ça et que ça n'a pas d'importance. Puis la route défile. Anne parle ; du paysage, des tricycles, des enfants qui sortent de l'école dans leur uniforme. Mais Sylvie n'écoute pas ; elle essaie de se sentir en voyage. L'unique route qui nous mène à l'hôtel borde brièvement la mer. Nous faisons notre premier arrêt photo.

 fleurs de frangipanier

Arrivées à l'hôtel, nous apprenons vite que la promenade sur la rivière souterraine que Sylvie a prévue ne peut se faire que le lendemain matin, aux aurores. Double déconvenue pour Sylvie qui nous a prévu 5 h de route et sait que nous aurons des difficultés à nous lever si tôt. Soit. Le jour est ainsi ; contrariant. En vue de la longue journée qui nous attend demain, il est urgent de se détendre ; nous allons manger face à la mer puis sautons dans l'eau tiède de la piscine. Il y a pire comme punition non ? Puis nous voilà parties pour une promenade jusqu'au port à l'heure où les locaux se rassemblent ; il n'est que 16h mais c'est déjà la fin de journée ici ; la lumière décline vite. Nous refusons poliment une coupe de cheveux en plein air, un massage - lui aussi en plein air -, des bijoux, ... de retour après une petite heure tranquille avec une brise marine pour nous accompagner... nous sommes en nage. Il nous faut bien une petite sieste pour nous requinquer. Puis nous avons faim, alors nous allons manger. Mais nous avons à nouveau chaud, alors on va se baigner...

Tranche de vie à Sabang 
Sabang beach 

"Tu ne te sens toujours pas en vacances Sylvie là ?" Demande Anne. "Attends demain, tu vas voir ce que j'appelle des vacances ! " répond Sylvie... Alors que nous sommes encore dans l'eau tiède de la piscine, la pluie se met à tomber. Puis elle est de plus en plus forte... L'idée que nous avions eu d'attendre qu'elle cesse pour sortir, sous prétexte qu'ici les pluies sont fortes mais courtes, tombe à l'eau. Pourquoi craindre l'eau quand on est dans l'eau ? Ça se tient non ? Et bien non ; très vite on ne voit rien et on a trop froid. Vite vite on rentre. Demain, debout à 6h 🙂

La quiétude du soir à Sabang beach 
26
juin
La rivière souterraine de Sabang ; 8 km. La plus grande du monde

Anne n'est pas contente. Mais alors pas du tout contente... de tout en fait ; de l'hôtel (même si la chambre est grande, la douche encore plus, les toilettes ! Fantastique et que la clim marche super bien) on est à l'étage d'abord, la piscine est minuscule et paraît sale et surtout il n'y a pas de parking. Il faut marcher dans la boue dans des rues étroites et en pente et pleines de flaques ; Anne a peur de tomber. Mais en fait, Anne est surtout en colère car au bout de plus de 5 heures de route un chien s'est littéralement jeté sous les roues de la voiture. Mais Anne ne le reconnaîtra pas et estimera jusqu'au bout que Sylvie roulait trop vite. Là, Elle a juste envie d'être désagréable. C'est tout. Et elle sait bien faire ça ; être désagréable. Elle va ramer Sylvie ! C'est Anne qui vous le dit ! La pauvre Sylvie a fait des efforts pourtant ; elle vient de se taper presque 5h de route, en faisant super gaffe ! Des chiens, y'en a partout. En plus ils dorment sur la route. Ils ont la même couleur que la route ! Ils traversent n'importe quand ! Encore heureux, les quelques bœufs restent dans les champs. Et des biquettes, y'en a presque pas. Ouf, pense Sylvie. Pour changer de sujet, ce matin, avant de partir, nous sommes allées à la rivière souterraine. Pour cela nous empruntons des bangcas. Ce sont des sortes de catamarans à moteur fait en bambou. Ça manque un peu de place mais c'est plaisant de border la côte avec cette petite brise dans les cheveux. Puis il faut en descendre. Et pour cela il faut aller dans l'eau jusqu'aux genoux. Nous enlevons nos chaussures et nos chaussettes. Anne les accroche sur son sac. Ça, plus l'inévitable gilet de sauvetage, elle ressemble à une montagne en mouvement. Sylvie, en mettant les pieds dans l'eau reçoit une vague de plein fouet qui inonde son pantalon et son t-shirt. Mais Anne n'a pas le temps d'en rire ; elle doit faire l'exploit de ne pas tomber dans l'eau. Même si elle est bonne ; elle n'a pas envie de passer la visite trempée. En plus, son sac n'est pas étanche. Elle trouve qu'elles se sont mal préparées sur ce coup là. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle sent que sur ce voyage ça ne va pas être la dernière fois. Victoire, elle arrive sur la plage, bonne dernière, mais assez fière. On va jusqu'aux autres embarcations où grâce à leur imposant volume on les installe seule chacune sur un banc, quand les autres s'entassent par deux. Puis c'est la visite. Le cri suraigu d'innombrables chauves-souris emplit l'air ainsi que l'odeur prenante de leurs excréments. Ce bruit assourdissant nous rappelle celui des criquets dans les jardins de l'hôtel ; la première fois que nous l'avons entendu nous étions au restaurant. Soudainement un son strident faisant penser à une multitude d'insectes éclate. Mais il était si homogène et régulier que nous l'avons cru artificiel. Nous avons alors supposé qu'un employé avait diffusé un son très fort pour chasser les insectes ou les oiseaux. Au bout d'un certain temps, le bruit s’est arrêté aussi soudainement qu'il avait commencé. Le barreur manipule l'embarcation tout en éclairant les parois de la grotte. Il ponctue cela de mots simples en anglais qui permet à Anne d'orienter son téléphone pour prendre ses photos. Les salles successives sont impressionnantes et ont une atmosphère étonnamment chaude ; c'est en partie dû à la chaleur que dégagent toutes ces chauves-souris. Dans la journée ils arrêtent les visites quand l'essentiel des bestioles se réveille pour aller dehors se nourrir. Il paraît qu'on ne peut plus se voir tant le nuage est dense. Autrement c'est une grotte, comme beaucoup.

La rivière souterraine de Sabang et ses paysages karstiques 

Après notre arrivée fracassante à El Nido, Sylvie s’est mise en devoir de nourrir Anne. En général, pour l'apaiser, ça marche. Puis nous sommes parties chercher des sous ; tout se paye en liquide ici. Car nous optons pour un bateau privé pour aller demain faire le tour des îles et faire du snorkeling ; finit de traîner en troupeau. Les rues de El Nido sont boueuses, les commerces miteux. Ils débordent sur la rue de la masse des objets qu'ils proposent. Se frayer un passage en voiture est difficile. Dès qu'on peut on se gare. On trouve enfin un ATM tout rutilant adossé à un immeuble décrépi. Un peu honteuse de l'odeur, nous avons également laissé un gros paquet de linge sale à une blanchisseuse qui faisait commerce dans une cahute branlante ; "pourvu que nous récupérions notre linge propre", "on se fout de comment elle s'y prend" répond Sylvie aux doutes émis par Anne. Il fait nuit quand nous allons prendre notre douche, délaissant la piscine. Quelle journée ! Sylvie avait raison ; On se sent vraiment ailleurs là.

Un majestueux flamboyant borde la route  et une laundry ultra moderne
27
juin


La pluie n'est pas loin 

Anne, allongée sur le lit se dit que décidément elle adore la mer mais pas quand elle est dessus. Éventuellement, elle veut bien aller dedans. Mais commençons par le début. Il est 7h15 et nous allons prendre notre petit déjeuner. Le temps de se mettre d'accord sur qui prend quoi - ici ce n'est pas un buffet. On critique souvent mais pour le petit petit-déjeuner, c'est pas mal les buffets - de manger et il est plus que temps d'aller préparer les sacs pour aller sur l'eau. On analyse la situation ; on va encore nous faire marcher dans l'eau jusqu'au bateau, il n'y aura pas d'endroit pour se changer... ce sera maillot de bain, t-shirt et tongs. Et dans le sac étanche on met serviettes, argent, appareil photo, jupe et pantalon. Mais en fait on a presque tout faux. Quand on va au bangca c'est jusqu'au nombril qu'on a de l'eau. On tente encore de protéger le t-shirt en le soulevant bien haut. On monte laborieusement la petite échelle en bois dont les barreaux sont curieusement orientés ; ça blesse les pieds. Puis on prend la mer. Il y a du vent. La mer est quand même pas mal agitée. Á chaque vague que la coque et les flotteurs attaquent, on reçoit une bonne giclée d'eau tiède. En un rien de temps, le t-shirt est trempé, on ne voit plus rien dans les lunettes et on glisse sur nos bancs tant tout n'est qu'eau. Nous comprenons vite que jupe, pantalon et serviettes de bain ne vont servir à rien. En fait nous nous sommes laissés avoir par nos souvenirs des Galapagos ; certes on va faire du snorkeling et du canoë mais on pourrait dire "autres lieux, autres mœurs" et autres conditions atmosphériques. Nous nous sommes habitué à ce ciel perpétuellement menaçant qui nous offre au moins une belle pluie à un moment où à un autre.

 L'archipel de Bacuit

A part ça, les petits îlots et les rochers, couverts d'une dense végétation, ont tous une forme de monts aux pentes très abruptes, donnant l'impression de léviter sur la mer car ils ont une gorge d'érosion autour de leur base. Arrivées près d'une petite plage relativement abritée, nous débarquons. Sylvie, qui malgré les difficultés ne quitte pas son appareil photo, se met à l'ouvrage sans s'apercevoir que dans les cahots de la navigation un réglage a changé et que l'appareil ne fait plus la netteté. Anne ne décolle pas les yeux de la plage jonchée de bouteilles plastiques et autres déchets. Le guide qui nous accompagne lui explique que par mauvais temps ils viennent des côtes du continent. Soit. Mais Anne, forte des fois où elle ne l'a pas fait, lui demande un sac poubelle et se met à les ramasser. Il ne trouve manifestement pas d'autres choix que de s'y mettre aussi, puis s'éclipse. Quand il revient, il explique à Anne qu'un homme est justement là pour nettoyer la plage de tout ça. Anne, dubitative, regarde son sac plein en craignant qu'il ne veuille pas l'embarquer. Mais effectivement un homme s'approche avec un grand conteneur genre glaciaire et la remercie de son geste.

Snorkeling. Il va falloir faire des progrès coté photos sous marine.

Puis nous remontons à bord pour aller sur un autre côté de l'île pour aller faire du snorkeling. Le guide s'assure que nous savons nager. Bien que dubitatif sur nos compétences, il nous laisse aller à l'eau sans gilet de sauvetage. Et c'est tant mieux car nous avons déjà refusé de les mettre quand nous sommes montées à bord. Y'a des trucs à voir... mais voilà. On est passé par les Galapagos... soit. Sylvie a troqué son reflex pour un petit appareil étanche. C'est galère de cadrer avec à cause de son "easybreath" (masque qui couvre tout le visage et fait tuba en même temps). Anne est passée en vision de prêt et découvre que l'eau est saturée de petits organismes transparents qui ressemblent à des bouts de fougères et à des... mini-méduses... elle se disait aussi que par moment ça la piquait... elle trouve ça très intéressant. Elle suit du regard un banc de minuscules poissons, puis d'autres joliment rayés mais au bout d'un moment elle le sent moyen de nager dans cette soupe translucide et urticante. Elle remonte très laborieusement à bord, aidée du guide. Sylvie suit de près et se débrouille un peu mieux que Anne. Anne se promet de ne plus descendre avant la fin de l'excursion.

L'équipage du bateau et le repas pantagruélique.

Puis le capitaine du bateau mène son embarcation à un endroit où tous les autres sont également installés pour manger. On nous sert un repas pantagruélique de poisson, seiche et porc grillé au barbecue ainsi qu'une montagne de riz, des légumes divers en salade et des fruits artistiquement préparés par nos hôtes. On en laisse l'essentiel car ils ne mangent pas avec nous et, éberluées, nous les voyons jeter tout ça à la poubelle. Nous sauvons les fruits. Encore un peu plus loin le guide embarque Sylvie pour un tour en canoë vers un endroit nommé "big lagoon". Anne, ravie, prend en photo la laborieuse descente de Sylvie dans l'embarcation, consciente que celle-ci n'en conservera aucune dans leur album. Sylvie en revient enchantée, d'autant plus que le guide a ramé tout le temps pour elle. Elle n'a pas de mots pour décrire la splendeur qu'elle vient de voir, à la grande déception de Anne car elle n'a pu prendre de photo... n'ayant pas embarqué d'appareil ... Anne se dit que les dieux locaux sont contre elle. Puis nous voilà repartis.

Découverte du big Lagoon en kayak 

On s'arrête près d'une plage. Ils "garent en epi" (si si) le bangca entre deux autres, ce qui n'est pas une mince affaire. C'est quand le guide remonte trempé après la délicate manoeuvre que nous lui disons qu'en fait ça ne nous intéresse pas de nous allonger sur le sable pour faire la sieste et que nous voulons rentrer à l'hôtel. "Mais il est tôt !" Dit le guide. En effet, il n'est pas encore 14h. Il tente bien de dire de nous dissuader mais nous nous obstinons. Peu de temps après une énorme averse tombe.

Marchand de noix de coco 

Arrivées près de l'hôtel nous subissons notre dernier bain pour rejoindre la plage en nous arrachant la peau des pieds sur les roches rendues invisibles par l'agitation des vagues. Anne se précipite (lentement) dans l'eau chlorée de la piscine pour goûter le plaisir de barboter en toute quiétude après avoir bravé la mer qui en France aurait au moins été classé drapeau rouge.

C'est dans notre lit après une bonne douche que nous ferons notre sieste de bien 2h. Nous vous épargnons les événements de fin de journée faite de chamailleries sur des histoires de vêtements mouillés, de lessive à aller chercher et d'un succulent repas pris au chant nocturne des crapauds... enfin, quand la musique très quelconque du restaurant s'arrête.

Il va repleuvoir 
28
juin
Il pleut  - vue de notre chambre

Il faut voir le bon côté des choses ; nous ne sommes pas transformées en fontaines de sueur aujourd'hui... mais il pleut des cordes depuis hier au soir. Sylvie se réjouit d'avoir fait la promenade en bangca hier. Anne aussi, mais pas pour la même raison. Autre bienfait, nous avons la peau bien plus douce que d'habitude. Est-ce la qualité de l'eau ? Les bienfaits de la sueur constante ? "T'as le nez tout rouge" dit Sylvie." Je sais ; c'est mon respirateur qui fait ça" répond Anne, mécontente ; ça lui fait une tronche d'alcoolique, elle qui ne boit jamais. Qu'allons nous faire ? Aller en "ville" faire les magasins ? Sylvie se moque : "j'ai vu un beau centre commercial ! ". "Il ne faudra pas plus de 3mn pour qu'on en fasse le tour " répond Anne, hermétique au trait d'humour de Sylvie. Ce qui est sûr, c'est que nous allons étrenner nos capes de pluie. Ha ! Le désoeuvrement vacancier les jours de pluie !!!... Anne voit Sylvie s'agiter autant qu'elle le peut mais sent monter l'exaspération chez elle. Pour une fois il fait meilleur dehors que dedans et Anne, contrairement à ces derniers jours, ne s'agace pas de la porte-fenêtre que Sylvie s'obstine à laisser ouverte.

Non ce n 'est pas nous 

Anne, allongée sur le lit, observe. Devant le rideau d'arbres il y a le rideau de pluie. Derrière les arbres, il y a un rideau de brume qui cache le paysage ; le ciel a fini par rejoindre la mer... pour la énième fois, Anne se dit qu'elle va laisser un message à son kiné pour lui dire que contrairement à ce qu'il lui a dit, on mange bien aux Philippines. Et pas que du poulet. Nous, nous mangeons surtout du poisson et des crevettes... L'agacement de Sylvie monte d'un cran ; internet vient de lâcher. Il n'y a plus qu'à lire. Et Sylvie prend en main cet objet presque non identifié par elle ; un livre qui n'est pas un guide touristique ou un ouvrage en cours d'impression pour l'un de ses clients. Nous n'y tenons plus. Il y a beau encore tomber une pluie éparse, force est de constater que de toute façon, eau ou sueur, nous sommes trempées. Nous prenons la voiture en direction de la pointe Nord... enfin celle en haut de la carte.

Le marché d'El Nido 


Les jeepneys 

Après un passage au dit centre commercial où Anne a quand même trouvé une pince à épiler, nous avançons, entourées alternativement de baraquements de tôles, de panneaux en bambou ou feuilles de bananiers tressées qui sous cette pluie font sordide. Puis on nous indique la direction de LIO, l'aéroport de l'île qui, semble-t-il est entouré de commerces, de restaurants et d'hôtels. La route de terre que nous parcourons nous semble improbable. Puis nous arrivons à un ponton qui traverse en zigzaguant une zone inondée où pousse une dense végétation comme on en voit parfois mais pour piétons. Puis enfin, nous trouvons à nous garer près d'un ensemble de constructions qui ne fait pas du tout gros complexe touristique comme on aurait pu le craindre. C'est agréable, l'ambiance est détendue. On accède rapidement à une vaste plage où la mer est calme par rapport à celle que nous avons près de notre hôtel. Ici, ça fait "bout du monde idyllique" comme nous le vend "50 minutes Inside" mais pas pour les archi-pétés de tunes. Anne, toujours optimiste, se dit qu'ici, dans quelques années, ça sera soit inaccessible, soit blindé de monde.

Nous nous restaurons, prenons quelques photos, regrettant de ne pas avoir pris notre maillot de bain, puis nous repartons, toujours vers le haut de la carte. Anne, en entrant dans la voiture, a cette odeur de chien mouillé qui lui agresse le nez depuis hier. Est-ce nous ou la voiture elle-même qui suintons cette odeur ? Se demande t-elle. Mais Sylvie ne la sent pas... ça l'intrigue plus que ça ne l'inquiète. La route est belle. Nous ne rencontrons plus grand monde. Ça nous plaît. Nous renonçons à prendre quelques chemins qui nous mèneraient vers une plage parce qu'elle ne nous semble pas très carrossable avec cette voiture de ville. Puis on se dit que se serait bien de savoir où on en est car avec la carte papier peu détaillée nous ne voyons rien. Nous n'arrivons pas à faire calculer un itinéraire à Google Maps, mais il nous indique quand même où nous sommes.

En fait, Nous sommes beaucoup plus loin que ce que nous imaginions mais une route s'annonce vers El Nido. Quand nous arrivons dessus, ce n'est pas du bitume. Mais la route sur laquelle nous étions alternés depuis un certain temps chaussée asphaltée et chaussée caillouteuse. Après une petite hésitation on s'engage car nous n'avons pas envie de rebrousser chemin. Plus on avance, plus on se rend compte qu'il n'y aura pas de chaussée potable. Les cailloux alternent avec des zones de terre avec des trous d'eau. Sylvie essaie de prendre les passages les moins profonds mais soudainement un gros caillou glisse de dessous une des roues et claque violemment contre la tôle. Nous sursautons, surtout que cela arrive plusieurs fois avant que Sylvie se dise qu'il vaut mieux passer dans les trous d'eau où nous avons plus de chances de ne pas trouver d'obstacles durs. Nous sommes tendues. Certains passages, plus faciles, nous laissent croire que ça va s'arranger. Mais voilà qu'une zone extrêmement boueuse s'annonce (comme sur un chantier où serait passés de gros engins de travaux publics). Nous observons l'obstacle avec la profonde conscience que parties comme nous le sommes nous ne pouvons plus reculer et que nous sommes dans la merde. Avec un 4x4 ça serait du pain bénit, voir de l'amusement, mais là ! Avec cette voiture de ville en état correct pour une route normale mais sans plus ! L'inquiétude monte. Puis on se lance dans des pronostics. Sylvie dit à droite, Anne à gauche. Un tricycle vient en face. Nous le laissons passer, puis nous lui demandons son avis. Il a le même que Anne. Sylvie se lance... et passe. C'est l'euphorie dans la voiture. Mais nous déchantons vite. Imaginez la même chose avec une mare de boue à enchanter un troupeau d'éléphants... Sylvie, hypertendue, ne sait qu'une chose : une fois lancer il ne faut jamais freiner ni accélérer trop vite au risque de s'embourber. Elle y va, son volant part dans tous les sens, les roues dérapent, Anne aide autant qu'elle le peut en disant des trucs du genre "dans l'eau !" "à droite !" "tout droit !", pas des trucs du genre redresses ou contre-braque, ça Sylvie, elle ne comprend pas. Mais nous nous connaissons bien et ce n'est pas la première fois que nous sommes dans cette situation. ÇA PAAASSE ! Mais nous ne pouvons crier victoire pour le moment. Ça va être plus d'une heure comme ça, avec des situations de plus en plus improbables. On croise peu de véhicules mais dans ce bourbier, quoiqu'il soit, c'est un calvaire ; c'est à qui prendra la meilleure solution, tout en évitant l'autre. Quand nous arrivons derrière un énorme engin sur chenilles, c'est finalement un répit car il nous dame la route. Mais, courtois, dès qu'il le peut, il se pousse et le calvaire recommence. La voiture crisse, chuinte, s'oppose des fois si fort que nous craignons la casse. Et soudainement, c'est fini... vu l'état de saleté du pare-brise, le reste du véhicule doit être bien décoré. Le regard de certains qui nous croisent ne laisse aucun doute. Le retour se fait très vite. Nous prenons la décision de laver l'engin, histoire de cacher au loueur ce que sa voiture vient de subir. Pendant que l'employé du car wash s'active, ceux qui nous adressent la parole savent tout de suite par quelle route nous sommes passées. C'est l'unique dans cet état dans le coin et nous l'avons trouvé. Quelque part nous sommes fiers, mais nous avons hâte de restituer la voiture au loueur. Il fait le tour de l'engin très méticuleusement et ne voit pas qu'un bout du pare-chocs avant est déboîté. Il nous rend la caution. Nous respirons. Là ! Nous nous sentons en vacances.

Retour de balade et nettoyage de la voiture sous l oeil amusé des enfants
29
juin

Nous nous levons à 4h du matin. Nous finissons de replier les bagages avec la sempiternelle remarque de Sylvie "j'sais pas comment j'vais faire " sous-entendu pour fermer les valises, sachant que nous en avons extrait des trucs encombrants genre les capes de pluie (ça s'impose ici), les gourdes, ...

 L'état des rues autour de l'hotel

Le restaurant nous a préparé des sandwichs en guise de petit-déjeuner et, sans mentir, ils sont immangeables. Au plaisir de Anne, au dépit de Sylvie, ils sont accompagnés de bananes. A 5h moins le quart nous sommes à la réception où le garde s'extirpe de son assoupissement. Épais comme un asticot, nous le voyons, avec incrédulité, descendre nos deux énormes valises en une seule fois. Les 2 tricycles arrivent à 5h03. Nous montons chacune dans un équipage, avec une valise et un sac. 100 mètres plus loin on s'embourbe... nous voilà contraintes de descendre pour alléger la charge. Comme si ça ne suffirait pas comme vexation, nous les voyons décoller sans problème de la boue. Soit...

2 heures de ferry 

Assez vite nous arrivons à l'embarcadère où nous attendons un temps certain. Puis des douaniers nous font lever, poussent les bancs, nous font installer nos bagages en ligne. Puis ils font passer les 2 chiens qui les reniflent. Manifestement, ils recherchent des produits illicites. Un des chiens, plus joueur que l'autre, ou plus jeune, réclame son jouet... dire que ces charmants bestiaux peuvent vous envoyer en taule !!! Nous montons dans le ferry. Grâce au ciel nous ne sommes pas nombreux et nous pouvons nous étaler. Au grand désespoir de Anne, très facilement nauséeuse, la mer est agitée. Elle s'attend au pire, d'autant qu'elle n'a pas prévu de sac vomitoire et que l'équipage n'en propose pas. Ce qui la sauve, c'est un petit écran de télé qui diffuse un film du type superman - ce n'est pas qu'elle y soit accro, mais il lui faut quelque chose qui trompe son cerveau pour qu'il perçoive un horizon fixe - et de l'eau pour tromper la faim, car un estomac vide accentue la nausée. Sylvie, solidaire, dort. C'est long. Mais comme tout, ça finit.

Vue du tricycle 

Nous sommes accueillies par un groupe dense et remuant de chauffeurs de tricycles. Nous fendons cette masse compacte les valises en-avant. Puis on choisit 2 tricycles, puis 1 seul ; il prétend pouvoir nous embarquer toutes les deux avec nos bagages. Mais il déchante ; notre hôtel n'est même pas à 300 mètres de là. Anne en est dépitée pour lui et demande à Sylvie de le payer grassement. Sylvie modère le geste.

Nous prenons un repas au restaurant de l'hôtel en attendant la récupération de notre chambre située au 4e étage face à la baie. C'est plus "international" comme hôtel. Allez savoir pourquoi, avec le temps, on préfère. Après une petite sieste, on s'active. Mais aujourd'hui l'activité du jour est nocturne. Nous mangerons sur un bateau (sans doute un bangca) et nous irons observer les animaux de la baie de nuit. Un petit tour dans la rue de l'hôtel nous laisse comprendre qu'ici ça ressemble à El Nido. cependant nous voyons des ruelles très pentues qui mènent vers des baraques sur pilotis, mais nous n'osons pas nous y aventurer. Nous rebroussons vite chemin car il est l'heure du rassemblement pour le tour. Le bateau flottant où nous est servi le repas ressemble plutôt à une barge qui ne fait que du surplace. C'est un buffet honorable où tout est frais. Un groupe de musiciens fait le tour des tables. Heureusement ils jouent et chantent bien. Il n'y a que des couples et une grande table familiale. Quand ils arrivent à nous, après un "ho !!" Du chanteur, Anne s'empresse de lui retirer une épine du pied en disant "my sister" tout en désignant Sylvie. Il lui chante "Mona Lisa" autant faire que ce peut dans les yeux d'une Sylvie qui ne le regarde pas. Puis c'est la promenade. Bien sûr il commence à pleuvoir et c'est sous les cordes, drapées dans des capes de pluie que l'on nous distribue, que nous nous trouvons à tous taper des mains pour stimuler l'activité des lucioles. Puis on nous fait agiter des bâtons dans l'eau pour voir le plancton devenir phosphorescent. Le guide raconte plein de choses manifestement avec beaucoup de lyrisme. Mais plus il en dit, moins Anne comprend et ne traduit donc rien à Sylvie, qui de toute façon s'en fiche. C'est tout. Déçues, nous sommes contentes de rentrer. L'excuse du mauvais temps pour justifier le peu de choses à voir ne nous convainc pas. Décidément, le mieux reste à venir. Une douche et au lit.

restaurant flottant 
30
juin
vue des lagons 

Anne l'a tout de suite sentie ; ce n'est pas une bonne journée pour elle. Il lui a fallu passer de bateau en bateau jusqu'à celui qui nous était destiné, faire des grands pas en avant avec l'eau en dessous, avec l'extrémité des deux bateaux qui montent et qui descendent, asynchrones. Puis, elle a vite compris qu'elle ne ferait pas la première balade ; elle est en tongs et c'est incompatible avec le fait d'escalader la pente abrupte, qui nous sépare du lac. Même pour aller se baigner. Même le ponton lui est inaccessible ; il y a des trous entre chaque latte. Alors elle va bouquiner l'heure et demie où Sylvie ira souffrir sur le chemin escarpé. Le décor est beau, il y a de l'air, il ne pleut pas. Tout va bien en sommes.

 l'accés au Kayangan lake

Sylvie comme prévue peine sur l'escalier qui l'amène à une espèce de col. Quand elle et la guide l'atteignent, elle se rend compte que tous les touristes qui y sont déjà sont en file indienne à attendre chacun leur tour pour faire un selfie. Elle double tout le monde. Encore heureux que Anne n'est pas là pour la rappeler à l'ordre ! Déjà qu'elle est insupportable depuis ce matin ; ça fait du bien qu'elle soit restée au bateau. Elle prend sa photo. Allez hop ! Une bonne demi-heure de gagné. Le lac est beau. Elle est contente d'être là. Elle descend la pente à toute allure. C'est chouette ce gilet ! Se dit-elle en se laissant flotter ; t'as rien à faire !

 On est bien dans l'eau du lac Kayangan quand il fait 30° dehors

Anne a clairement et catégoriquement dit à la guide qu'elle refuserait de mettre un gilet de sauvetage pour aller dans l'eau. Même pas sur le bateau d'ailleurs ! Elle a dû signer un papier pour engager sa responsabilité en cas de problèmes. Pendant que Sylvie flotte dans l'eau du lac bien chaude comme elle aime, Anne lit en supportant comme elle le peut le passage régulier des touristes des autres bangcas qui se sont amarrés à la proue de leur embarcation.

Anne enfin détendue 

Quand Sylvie et la guide reviennent, cette dernière demande à Anne comment elle va. Après un petit temps d'attente elle décide de dire qu'elle est ok... comme par miracle, à partir de ce moment là, tout va. Après 20 minutes de navigation nous nous arrêtons en pleine mer ou presque, entre les îlots et le fond y est peu profond. C'est là que nous faisons notre première halte snorkeling. L'escalier de bois a des marches assez larges ; ça facilite la descente, mais surtout la montée, quand il faut s'extirper de l'eau. Il y a surtout des coraux à voir ; certains sont bleus ou verts, la plupart blanc ou d'une couleur terreuse. Les poissons sont petits mais plutôt beaux et ont le bon goût de souvent se déplacer par ban. La guide, sans doute pas très rassurée que Anne refuse de mettre un gilet, la suit à la trace en tractant une bouée de sauvetage au bout d'une corde. Elle en délaisse un peu Sylvie qui - handicapée pour nager avec le sien - se fait régulièrement distancer. Mais Anne veille et attend "sa sœur 🙂". Nous nous battons un peu avec nos masques intégraux qui ne sont pas aussi étanches que nous le souhaitons, mais, dans l'ensemble, ça va. Sauf que, le temps n'étant pas des plus favorables, la mer bouge, ce qui finit par donner à Anne l'envie de vomir. Elle demande à remonter. Pour retourner au bateau, Sylvie se fait tracter par la guide et trouve ça super cool. Après un petit crochet par la seule plage publique du secteur, où nous déclinons l'invitation à descendre (trop de monde), nous poussons jusqu'à celle où nous allons manger. Nous convions la guide à déjeuner avec nous ; il y a tant à manger que se serait dommage de gaspiller. De plus, elle est agréable comme tout ; souriante et amusante, la discussion se fait facilement. Peu à peu les cabanons où nous mangeons se remplissent des touristes des autres bateaux. Les gens rient beaucoup. Après avoir mangé nous allons tous dans l'eau et certains essaient de faire du kayak, mais les vagues les renversent vite. Cette joie tout autour est agréable.

 Pause déjeuner et séchage des lunettes

Pour retourner au bateau, Anne propose à Sylvie de nager autour du bateau en lui assurant que ce sera mieux ainsi. Sylvie accepte. La mer les ballotte pas mal. Pas de pot, les deux marins qui s'occupent de l'embarcation l'ont retourné et l'échelle est introuvable. Elles sont obligées de refaire un tour. C'est un détail mais ça les amuse ; comme quoi, Anne c'est vraiment détendu. Normal ; elle a très bien mangé. Nous faisons un saut de puce pour aller voir une épave japonaise que les coraux et les poissons ont colonisé. Il y a plein de touristes flottants et c'est un peu décevant. Alors nous allons jusqu'à un ponton où Anne s'émerveille de voir de beaux oursins aux longues épines acérées. Mais le mieux arrive ; nous allons voir deux lagons raccordés par une sorte de couloir. Anne, très fière, est la seule à part les guides à ne pas avoir de gilet. Elle ne veut pas démériter et nage du mieux qu'elle peut. Elle fait un peu de brasse, un peu de dos, un peu de crawl... elle évite le papillon ; elle se dit que c'est un peu trop et que de toute façon elle le nage mal et c'est épuisant. En fait, ce que Anne préfère, c'est faire la planche en tournant doucement pour observer les parois abruptes des rochers qui se découpent sur le ciel. Nous traversons le premier lagon et quand nous arrivons au second, l'eau est alternativement chaude et froide car l'eau de mer croise l'eau douce qui coule des rochers sans se mélanger. Anne fatigue un peu au retour mais fait tout pour que ça ne se voit pas. Sylvie, sans complexe, s’est fait tracter tout du long en faisant de tant à autre un battement de jambes pour donner le change. Puis nous rentrons, rincées mais ravies. Après une douche, Anne s'écroule et dort 2 heures pendant que Sylvie travaille sa moisson de photos, consternée de voir qu'une bonne partie de celles prises sous l'eau sont inexploitables. Anne serait réveillée qu'elle lui dirait que ce n'est pas grave, qu'au retour elles iraient à Nausicaa à Boulogne faire des photos des poissons exotiques derrière une vitre. 😉

 Twins lagons
1
juil
Notre tricycle  

Ce matin nous nous sommes levées tôt. Il faut dire que nous nous étions couchées tôt. Mais nous ne sommes pas très vaillantes. Après le petit petit-déjeuner, où nous ne nous sommes pas senties très bien digestivement parlant, nous sommes remontées pour dormir. Puis, en se poussant très fort, nous avons été faire un tour en ville. Nous y allons en tricycle. Sylvie laisse gracieusement la place de devant à Anne parce que la banquette est plus profonde ; Sylvie veille toujours à ce que Anne soit le mieux installée possible. Mais dans ce pays, Anne est disproportionnée ; tout est trop petit pour elle. Dans le tricycle, malgré les attentions de Sylvie, Anne a les cheveux qui touchent le plafond. Le pare brise avant est si bas pour elle qu'elle ne voit que le sol. Elle s'accroche partout ou elle peut, tant ses pieds n'ont pas de place ; cela la déséquilibre. Et vue l'état des routes, elle est toujours à deux doigts de taper devant avec la tête. Sylvie, brinquebalée à l'arrière n'est pas mieux lotie. Pourtant, elle s'obstine à faire des photos ; malgré les difficultés, c'est une occasion rêvée de saisir des portraits sans que les gens s'en rendent compte.

 Retour décole

Après avoir laissé du linge à la blanchisserie ; nous parcourons les rues, en nous partageant les chaussées étroites avec les véhicules tant les rares trottoirs sont encombrés de toutes choses. Anne s'amuse d'être bloquée entre deux tricycles en attendant que la situation se débloque ; on peut dire que nous sommes prises dans un embouteillage comme si nous étions un véhicule. Ce n'est pas simple à expliquer comme sensation. La pluie qui est tombée une bonne partie de la nuit passée et qui n'a cessé de battre la fenêtre de notre chambre pendant la matinée, reprend. Nous sortons les capes de pluie. Nous sommes encore plus imposantes à circuler ainsi. Les passants, jettent des regards parfois amusés, parfois surpris, voire même incidemment, mais ce qui est sûr c'est que nous attirons l'attention. Pas facile pour Sylvie de passer inaperçu pour faire ses photos. Sylvie veut manger au restaurant "Le Panda" ; ça l'amuse un restaurant qui porte ce nom improbable dans ce lieu. Mais nous y mangeons mal. Anne, toujours indisposée, ne mange pas grand chose, ce qui ne lui ressemble pas. On rentre à l'hôtel.

Coron ville 

Puis sur le début d'après-midi alors que la pluie s’est calmée, nous partons aux sources chaudes ; il paraît, d'après les autochtones, que le meilleur moment pour y aller, c'est par un mauvais temps comme aujourd'hui. La route, très défoncée et boueuse, demande beaucoup de compétences au conducteur du tricycle et de concentration de notre part pour ne pas être éjectées du véhicule. Les sources en question se déversent dans une série de bassins entourés de bancs.

 Les sources chaudes de Maquinit

Le lieu est plaisant et invite à la relaxation. Ils ne sont pas très profonds. L'eau est vraiment très chaude et Anne a beaucoup de mal à y entrer. Mais très vite elle oublie cela car une Philippaine engage la conversation avec elle. Même si l'échange est difficile, vu le niveau d'anglais de la dame, elles ont tellement envie de discuter toutes les deux, qu'elles font tout pour se comprendre. La sœur de la dame les rejoint et demande à Anne pour prendre une photo avec elle, ce qu'elle accepte avec empressement. Elles parlent famille, voyage, religion, de l'importance de faire l'effort de connaître les étrangers, ... quelques mots, quelques signes et l'échange est riche. Elles se quittent bonnes copines. Sylvie, qui pour une fois n'a pas supporté la chaleur de l'eau, est sortie du bassin avant Anne ; fait rarissime. Mais soudainement, Anne se sent mal. Elle sort du bassin, se change et nous rentrons. Arrivée à l'hôtel, Anne est au plus mal ; le contraste entre la climatisation de l'hôtel et la température du bassin, un coup de soleil la veille en nageant dans la mer (si si, à travers les nuages, ça tape sec), un truc mal digéré, ... difficile à dire pourquoi. Elle se douche, se couche, prend un cachet, demande à couper la climatisation, mange trois chips qui ne passent pas, puis finalement s'endort. Sylvie, trie la modeste moisson de photos du jour, commence à se pencher sur la paperasse concernant le vol du lendemain ainsi que d'une location de voiture qui pose problème, lit, bref, elle s'occupe. Quand Anne se réveille, elle va mieux. Nous allons manger, sans grand enthousiasme. La pluie recommence à tomber en tempête cette fois. Le vaste hall de l'hôtel qui est toujours grand ouvert laisse traverser le vent chargé de gouttelettes d'eau. Ça amuse Anne qui reste là quelques instants, profitant de cette "fraîcheur" avant de remonter suivie de peu par Sylvie.

 Les nouvelles copines de Anne
2
juil
 La tête dans les nuages 

Anne est en pleine forme ce matin. C'est Sylvie qui est patraque. Nous replions bagages tranquillement. Comme d'habitude, nous sommes contentes de quitter cet hôtel ; 3 jours au même endroit, c'est largement suffisant. Le smartphone de Sylvie a pris l'humidité et malgré l'usage d'un sèche-cheveux, refuse de se charger. Sylvie, stoïque, accuse le coup ; c'est rien que de dire que ces trucs-là ont pris trop de place dans nos vies. Anne qui jusqu'à il y a peu de temps s'en foutait complètement, se rend compte à quel point elle n'apprécierait pas la chose ; perdre toute sa bibliothèque de livres numérique d'un seul coup !!!... en fait non ; son compte est indépendant de son smartphone 🙂 Elle se détend. Mais Sylvie est loin d'être bête et comme le dit l'adage "ce que Sylvie veut, Dieu le veut", elle découvre que si elle éteint son smartphone, celui-ci ne peut refuser le chargement. Et voilà, c'est fait 🙂. Souvent ça agace Anne. Mais elle ne peut que admirer cette obstination à laquelle pas grand chose ne résiste. Nous voilà à présent dans l'avion. Depuis son édifiante traverser en ferry, Anne ne proteste plus à l'annonce d'un trajet en avion, même petit comme celui ci. De plus, le vol n'est pas plein et elle s’est décalée dans l'allée d'à côté, laissant par la même occasion toutes ses aises à Sylvie. Elle surmontera bien l'odeur de pet (de qui ?) qui lui monte aux narines. Nous arrivons à l'aéroport de Cebu, le ciel est presque dégagé ; ça nous change du temps gris que nous avons depuis le début. Sylvie se réjouit surtout pour ses photos futures. Anne se dit qu'elle va avoir encore plus chaud. L'hôtel est juste en face de l'aéroport ; nous ne devrions pas mettre trop longtemps pour atteindre sa piscine. Mais non ; remplir les papiers pour la location de la voiture prend un temps infini. Aller jusqu'au véhicule, faire le tour de celui-ci également. Sylvie ne supporte plus l'unique l'employée qui gère tout ça qui est tatillon et d'une extrême lenteur. Arrivées à l'hôtel c'est Anne qui s'énerve de la façon dont ça se passe. Bref, quand finalement nous nous plongeons dans la piscine où nous avons la chance d'être presque seules, nous nous relaxons en faisant la planche en observant les hirondelles faire leurs acrobaties sur fond de ciel moutonneux à défaut de voir le coucher de soleil caché par les murs d'enceinte. Nous mangeons sur place ; nous avons besoin de nous coucher tôt. Ce n'est pas la plus palpitante des journées mais cela nous a économisés 12h de ferry.

 Survol des Iles
3
juil
Cebu et ses moyens de locomotions  

Hier au soir Sylvie n'était pas à prendre avec des pincettes ; elle était épuisée. L'avantage c'est qu'elle s'est endormie comme une masse. Elle respirait profondément pendant que Anne prenait une ferme avance sur son livre en cours. Elle sait bien qu'elle aussi a dû dormir puisqu'il faisait nuit la dernière fois qu'elle a pris le temps de s'en rendre compte et que là, il fait jour et qu'il est 5h30 du matin. Elle se sent en pleine forme. Elle a donc rebouquiné jusqu'à ce que Sylvie se réveille et se décide à aller petit déjeuner. Le buffet apparaît somptueux mais nous avons du mal à apprécier ; le pain français commence à nous manquer sérieusement. Depuis le temps que nous voyageons, c'est toujours le pain qui commence à nous manquer. Un check-out plus tard, pendant que Sylvie programme le GPS, Anne est déjà épuisée de chaleur. La longue route qui nous fait traverser la ville et ses faubourgs en quasi permanent embouteillage n'arrangent rien à l'affaire. Anne, dont la mauvaise humeur monte en puissance, ne cesse de dire à haute voix tout ce qui lui passe par la tête. Sylvie, très concentrée sur la route, n'y prête pas grande attention. Anne se décide à prendre des photos sur la route, ce qui l'apaise un peu. La clim congèle les mains de Sylvie fixées au volant, pendant que Anne ne cesse de manipuler les grilles de ventilation sans jamais trouver la bonne orientation. Au bout d'un temps certain, la ville fait place à la campagne. La route devient tout de suite plus agréable. Elle est fréquemment bordée de grands arbres au tronc imposant. Les tricycles et les minibus (mais vraiment mini ; Anne n'imagine même pas tenir même assise dedans) sont ici customisés avec une multitude de phares mis en rang d'oignons sur le toit ou les côtés, de klaxons en ligne et par des rangées de rétroviseurs... mais pas d'essuie-glaces. En tout cas pas pour les tricycles. Sylvie les repère à l'avance et prévient Anne pour qu'elle les mitraille. Quand nous arrivons enfin à destination, il nous aura fallu 3h pour faire 100 km. Anne dégouline encore plus que d'habitude et sent qu'elle va avoir du mal à supporter ce que Sylvie va tant apprécier ; du beau ciel bleu, même si quelques nuages sympathiques persistent. Car celui-ci s'accompagne toujours d'une remontée de la température et de bons coups de soleil.

Le chemin qui mène aux chutes 

Le petit hôtel perdu au bout d'un chemin chaotique est composé de multiples bâtiments répartis autour d'une piscine. Son restaurant donne sur la mer. C'est plutôt sympathique. Nous y mangeons et aussi vite que possible nous nous mettons en route. Nous allons voir des chutes d'eau afin d'avoir le sentiment d'avoir fait quelque chose aujourd'hui. Nous nous paumons un peu (même avec Google Maps c'est possible : -) mais les gens, prévenant, nous aident très facilement. Franchement, ce n'était pas si simple à trouver ; il y a bien des panneaux qui indiquent les chutes dans 1,5 km, mais à l'emplacement précis il n'y a rien d'indiquer. Il faut se garer sur le parking d'une église où un gardien nous place pour optimiser l'espace. Puis il y a 1,5 km de marche le long d'un cours d'eau très photogénique (Sylvie, aux anges, s'arrête tous les trois pas) sur un chemin très praticable, à l'ombre de la forêt. La température y est plus douce. Anne, satisfaite, constate qu'il y a plus de nuages. Plusieurs fois nous franchissons des passerelles. Nous croisons beaucoup de monde de retour de leur visite (des autochtones et des asiatiques jeunes et joyeux) et peu qui y vont. Comme la lumière baisse, Anne s'inquiète et ce dit qu'elles y vont peut-être trop tard. Qu'il va bientôt faire nuit. Sylvie lui signale qu'il n'est que 4h de l'après-midi. Quand nous arrivons à la première chute, il y a encore pas mal de monde. Puis le tonnerre gronde. La pluie commence à tomber. Nous avons à peine le temps de nous protéger qu'un déluge nous tombe dessus. Cela fait sortir les gens de l'eau. Ils ont, pour la plupart, des gilets de sauvetage. Nous nous y sommes habituées. D'après ce que nous ont dit les guides, les asiatiques sont mauvais nageurs. Dès qu'ils vont dans l'eau, ils s'affublent de ces gilets. En attendant, nous, nous sommes trempées. Il n'est plus là peine d'attendre la fin de la pluie. Nous allons donc dans l'eau, un peu inquiètes de laisser nos affaires sur une table. En même temps, ces troupeaux d'asiatiques, Anne ne les imaginent pas voleurs. Sylvie un peu plus et retourne vite surveiller nos affaires. Nous abandonnons l'idée d'aller voir les deux autres ; le chemin, très pentu, a été rendu glissant par la pluie. Nous remontons alors le chemin et nous installons - trempées - dans la voiture. Pour une fois nous roulons fenêtres ouvertes. Nous entendons pour la première fois la riche palette des bruits du pays. Arrivées à l'hôtel, nous faisons un petit tour dans la piscine. Anne, tranquille, passe un moment quasi méditatif en se déplaçant lentement, à regarder la nuit tombée et les hirondelles selon Sylvie, les chauves-souris selon Anne, passer en rase motte au dessus d'elles. Les éclairages du bassin projettent l'ombre de leurs jambes sur les parois.

Les chutes de Kawasan et sa marchande de noix de coco 
4
juil
Vue de notre hôtel  

Nous voilà à nouveau sur la route. Nous en avons pour 2h. Nous allons voir les requins-baleines. Nous nous sommes levées à 6h. Mais allez savoir pourquoi, Sylvie a passé une mauvaise nuit à l'idée de ne pas entendre le réveil. Sur le coup de 5h10, elle a même réveillé Anne en sursaut en s'exclamant "he ! Il est 6h10 ! On s’est pas réveillées !". Et quand bien même, si on réfléchit bien, s'il avait été 6h10, ça n'aurait pas été un drame, vue que de toutes les façons nous ne pouvions petit déjeuner avant 6h30. Mais c'est comme ça. Elle a tant envie de voir les requins-baleines qu'elle imagine ce qui peut entraver son souhait. Et, vous allez dire, elle a pas de pot franchement. Figurez-vous que le petit appareil submersible qu'elle a acheté, malgré toutes ses minutieuses attentions, ne s’est pas chargé correctement. Il lui a fait 2 pauvres images et c'est mis en rade avant même qu'elle ait pu en faire la moindre sous l'eau. Elle est vite remontée à bord du bangca dans l'espoir de pouvoir au moins en faire de l'extérieur avec son téléphone portable. Dire que pour elle c'était l'un des points d'orgue de ce voyage aux Philippines... Anne compatit vraiment, sincèrement. Mais n'a pas vécu la même chose. Elle n'attend rien de particulier et, comme à son habitude, elle craint plus l'avant, c'est à dire comment va t-elle réussir à monter dans le bangca, comment va t-elle réussir à entrer dans l'eau et surtout comment remonter ! dans le bangca. Et comme tout ça c'est bien passé, elle a pleinement profité du spectacle. Voir passer ces énormes trucs sous nos pieds, sentir leur queue qui nous effleure ! Il faut voir Anne qui soudainement fait la planche sur le ventre pour ne pas les toucher vu qu'on leur avait fait le sermon sur les distances de sécurité, l'importance de bouger doucement et de ne surtout pas chercher à les toucher !... mais en fait, elle n'a même pas envie de les toucher ; c'est trop impressionnant ! Il y en a jusqu'à 3 qui leur passe de tous les côtés. Il y a aussi les plongeurs qui, en dessous d'elles, grouillent et tournent. L'eau étant trouble, il a fallu que Anne y regarde à deux fois avant de comprendre ce que c'était que ces gros poissons indéfinissables. Sylvie qui comme elle se tient à l'un des flotteurs en bambou du bangca, ne voit pas que son pied est sur le dos d'une d'entre elles. Anne n'a pas le temps de la prévenir et frémit de voir cela. Nous tenons à vous préciser que, n'ayant absolument pas des têtes de plancton, et que notre vélocité dans l'eau nous rend parfaitement inoffensives pour les requins-baleines, elles n'offrent aucun danger pour nous non plus. Pour les faire venir, les guides leur jettent des boules de plancton. Les bestioles, nourries à heure fixe, tous les jours, ne les craignent pas et se collent littéralement à eux. Les résidus de ce qu'elles laissent échapper drainent derrière elles une flopée d'autres poissons, certes moins impressionnant, mais qui participent au spectacle. La chance que nous avons eue c'est qu'arrivées sur le tard - vers 9h30 - nous avons été sur le dernier bangca et que nous avons eu de meilleures conditions d'observation.

requin baleine 

Ravies de cette expérience, nous repartons pour à nouveau pour 2h de route. Nous enfilons nos vêtements sur nos maillots de bain, fenêtres ouvertes nous sècherons sur pied ; on s'y habitue. La température monte ; finit de garder les fenêtres ouvertes. Nous ne trouvons pas d'endroits sur la route pour aller manger. Alors Anne accepte d'aller au Macdo ; il y en a un à Moalbal. Dans un rayon de 20 km autour de celui-ci, des panneaux l'annoncent régulièrement en décomptant les km. A force, ça marque les esprits. Sylvie est contente ; elle a besoin, de temps à autre en voyage, d'avoir quelques repères sécurisants. Pour être agréable à Anne, elle lui propose d'aller au supermarché qui est juste à côté du Macdo. Anne est aux anges ; de temps à autre, en voyage, elle a besoin de faire son étude sociologique à sa manière.

Les tricycles et leurs improbables chargement 

Arrivées dans notre chambre, Sylvie charge sa maigre moisson d'images et ne peut que se rendre à l'évidence qu'aujourd'hui ce n'est pas un bon jour sur le plan photographique. Vers 16h, le temps de laisser passer la grosse chaleur, nous allons sur une toute petite plage nommée Panagsama tout près de l'hôtel. Elle est réputée pour abriter dans ses eaux de façon quasi permanente, un ban de sardine. Nous ne sommes pas déçues. Après un petit effort pour passer les premiers mètres de gros cailloux, on se retrouve tout de suite plongé dedans. Il n'y a pas de courant, pas de vagues, pas de vent. Nous les observons en faisant la planche. Plus on reste immobile, plus elles s'approchent. On les voit se chamailler, se poursuivre, se chercher... Ce n'est pas que plein de poissons qui bêtement tournent en rond. Anne pourrait rester là longtemps. Sylvie, d'un tempérament moins contemplatif, sonne le retour au bercail en appâtant Anne par une ultime baignade dans la piscine de l'hôtel ; elle sait que Anne aime particulièrement celle là. Sylvie se douche en laissant Anne y barboter un peu.

 le ban de sardines
5
juil
Au bout de la jetée la mer 

Anne, assise sur la cuvette des toilettes, regarde consternée, l'état de sa cheville gauche sur laquelle elle a récupéré un nouveau chapelet de piqûres d'insectes. Elle en a des plaques entières un peu partout, souvent à des endroits où Anne se sentait protégée par l'épaisseur de ses vêtements. Et ça gratte ! Quand elle s'y met, elle se gratte partout. Comme à son habitude, Sylvie en arbore une, certes pas très belle, mais une seule... En retournant vers la chambre, Anne voit une superbe araignée. Elle prend avec le téléphone de Sylvie la bestiole qui s'avère être une tarentule et s'extasie de la beauté du spécimen qui lui semble encore assez petit. Nous voudrions bien la sortir de la chambre car nous n'aimerions pas qu'elle se glisse dans une des valises. Mais même si nous n'avons pas peur, la prendre dans nos mains ne nous tente pas. C'est l'homme de la sécurité qui, délicatement, la prend dans ses mains et la laisse se balader sur lui. Si Anne avait su qu'elle n'était pas dangereuse, elle aurait pu s'en charger elle-même... se dit-elle...

Une invitée surprise ce matin dans notre chambre 

Nous apprenons aussi que la bestiole noire qui, à la tombée de la nuit, vient en piqué rapide affleurer la surface de l'eau de la piscine n'est ni une hirondelle, ni une chauve-souris... le nom local que nous donne le serveur ne nous avance guère. A suivre. Il fait si chaud ce matin ! D'habitude nous avons le temps d'œuvrer avant de dégouliner. Mais là, on se croirait déjà en pleine après-midi ! On nous prédit une pluie dans la journée. Anne sent les gouttes d'eau se former dans son cou et son cuir chevelu puis dégouliner lentement. Elle a l'impression de pouvoir dire où se trouvent exactement ses glandes sudoripares. Elle laisse s'activer Sylvie à refaire les bagages. Mais c'est souvent le cas. A t-elle hérité du tempérament de son père à ce point là ? Se demande t-elle en ne bougeant pas le petit doigt. Nous décidons de faire un passage par la piscine ; à cette heure ci il y a encore un peu d'ombres. Nous nous laissons porter par l'eau en écoutant les oiseaux. Des employés, pas loin, parlent entre-eux. Leur langue, teintée de mots espagnols, résonne un peu comme du portugais. On l'entend peu car aux Philippines, tout est écrit en anglais, et tous ceux qui ont un minimum d'études parlent anglais. On aurait pu penser qu'étant en Asie, les philippins se soient laissé envahir par une autre langue que l'anglais (linguistiquement parlant).

sur la route vers la villa rosa 

Nous prenons la route sur le tard ; nous atteindrons la Villa Rosa dans 2 heures. C'est de l'autre côté de l'île au nouveau de la partie étroite de celle ci. Nous longeons d'abord la route de la côte, puis bifurquons vite sur une autre qui traverse. Contrairement à la première, celle-ci est quasiment déserte ; les débris végétaux qui la jonchent de temps à autre en témoignent. A notre grande surprise, elle est très différente. Tout d'abord parce qu'en grimpant, on atteint les nuages qui coiffent apparemment tout le temps les hauteurs. On s'y sent moins à l'étroit ; on respire. On y voit des "cocoteraies" - si le mot existe - , des bananeraies - ça on est sûr -, des champs de maïs - maïsseraies, ça ça n'existe pas -. Il y a une ambiance indéfinissable et plaisante. Mais il faut faire attention car les obstacles routiers ne sont pas annoncés. Ainsi, Sylvie est obligée de faire une embardée au dernier moment car soudainement un bout de la route manque et la dénivellation est profonde et brutale. La voiture y aurait laissé des tas de trucs rédhibitoires et n'aurait plus été en état de fonctionnement (pour ne parler que d'elle). La fin de la route s'annonce par le retour du soleil. Puis nous retrouvons de l'autre route côtière, surchargée de camions. Nous arrivons à la Villa Rosa et c'est l'enchantement. Elle est loin de la route au bout d'un chemin étroit tout cabossé où il est impossible de croiser un autre véhicule. Elle est vaste - bien que ne comprenant que trois chambres - , fraîche, avec une jolie terrasse prolongée par une belle piscine à débordement. Elle donne sur un jardin en pente qui plonge dans la mer.

 Piscine de la villa rosa 

Nous nous installons pour manger sur la terrasse. Pendant que nous profitons du paysage, du ventilateur et de la quiétude du moment, Sylvie raconte à Anne que 7641 îles composent les Philippines, 2000 sont habitées et 2400 n'ont même pas de noms. Ça laisse pantois non ? Il n'y a que deux autres personnes dans la pension (difficile d'appeler cela un hôtel) et justement l'une d'entre elles saute brusquement tout habillée dans la piscine. Anne est surprise, bien sûr, mais surtout elle perçoit parfaitement ce qui a pu traverser l'esprit de l'homme qui, ayant trop chaud, se dit que les marches menant à l'eau de mer et qui sont de l'autre côté de sa position sont définitivement trop loin.

Vue de la villa rosa 
6
juil

Nous sommes épuisées. Nous sommes réveillées depuis 4h30 ce matin, avons fait plus de 5 heures de voiture, 2h de ferry, 1h30 d'attentes divers, tout ça pour arriver dans notre dernière île visitée - Bohol où nous passerons 3 nuits.

Tout d'abord, si nous nous sommes levées aussi tôt, c'est parce que Anne a proposé à Sylvie de retourner voir les requins-baleines ; celle-ci était tellement déçue de sa première expérience que Anne avait mal au cœur pour elle. Nous sommes donc reparties là-bas (2h aller-retour) en partant aux aurores dans l'espoir de passer parmi les premières. Mais voilà ; nous nous sommes fait doubler tout au long de la route par plein de vans conduits par des fous du volant, remplis de touristes allant au même endroit pour faire la même chose. Bien que Sylvie se soit mise à adopter les comportements routiers locaux - rouler aussi vite qu'elle l'ose (soit 60 à 80 à l'heure 🙂, doubler sur une ligne continue, voir dans un tournant, ne jamais laisser la place, ... ) ils sont arrivés bien avant nous. Le samedi et le dimanche, c'est la cohue. Conséquence, après avoir payé et après qu'un numéro nous soit attribué, nous en avions pour plus d'une heure trente d'attente. Et ça, c'était impossible avec la suite du planning. Pendant que Sylvie se résignait à abandonner, Anne a décidé de tenter de se faire rembourser. Renvoyée de personne en personne, elle arrive à une dame à qui elle explique qu'elle a un ferry à prendre après et qu'elle ne peut vraiment pas attendre tout ce temps. La dame lui demande "quel âge avez-vous ? " "55 ans" répond Anne "et votre amie ? " "56" puis, en regardant Anne d'un air complice dit à Anne "non, vous avez 60 ans. Suivez moi". Au passage nous récupérons Sylvie, la dame nous fait prendre l'inévitable gilet de sauvetage, nous doublons tout le monde, partons jusqu'à un bateau où nous montons tout de suite. Anne est très fière d'avoir réussi un coup pareil, même sans le vouloir. Cette fois ci, tout se passe à merveille ; le masque de Sylvie ne fuit pas, son appareil photo marche, les requins-baleines sont là. Le retour se fait plus rapidement, ce qui fait quand même 45 mn de route.

plonger de nouveau avec les requins baleines 
Avant l'embarquement 

Arrivée à notre pension nous petit-déjeunons (là aussi Anne a pris sur elle pour tenir jusque là), nous plions bagage, payons, nous congratulons avec la patronne, partons. Il est 10h, nous ne sommes pas à la bourre, mais presque. A force de parcourir la route côtière, nous finissons par reconnaître plein de trucs ; nous roulons presque en habituées. Ça bouchonne dans les villes, ça va plus vite entre 2. C'est samedi ; tout le monde est dehors. Nous croisons fugacement des enfants jouant dans ces salles de basket couvertes aux murs absents que nous croisons un peu partout. Fréquemment, nous doublons des tricycles portant des tasseaux de bois qui débordent plus que largement des véhicules ; ici aussi c'est bricolage pour Monsieur le week-end. Après un long trajet dans ces conditions, Sylvie - déjà très concentrée - doit redoubler de vigilance car nous approchons sensiblement de Cebu city et de longs embouteillages commencent. C'est la folie. Là où il y a normalement deux voies, une troisième se crée côté trottoir ou circulent en vrac les minibus, les tricycles, les voitures qui ont la chance d'être étroites. De partout déboulent les motos. Nous nous battons centimètre par centimètre avec d'énormes bus souvent vert prairie - ce qui fait que nous les voyons arriver de loin -, des minis vans et des grosses voitures de chauffeurs rompus à cette conduite de folie et qui ne nous laisseraient passer pour rien au monde. Nous craignons chaque carrefour oú des camions, dégueulant de mille choses, peuvent apparaître pour forcer le passage en travers. Il n'y a aucun agent pour réguler cela. Changer de voie est un sport presqu'impossible. Quand nous arrivons enfin à l'aéroport, après un bon 3h30 de route, nous n'avons que nos souvenirs pour retrouver le parking défoncé et boueux où nous devons rendre le véhicule. Personne n'est là pour le réceptionner. Anne alpague une femme qui accompagne un homme car elle reconnaît dans les mains de celle-ci le document type qui permet de faire le check-up d'un véhicule de location. Celle-ci est bien de la compagnie attendue, mais dit à Anne qu'elle s'occupe du monsieur en question et lui dit d'aller trouver sa collègue. Anne laisse donc là Sylvie en charge de gérer les bagages et part à la recherche de la collègue en question. Aidée par d'autres voyageurs qu'elle interroge, Anne se retrouve miraculeusement au bon endroit mais il n'y a personne. Un employé d'une autre compagnie - ils se partagent tous le même guichet et comme ils gèrent tous plusieurs compagnies, ils ne portent pas de signes distinctifs, à part un badge portant une vague attestation de leur état - tente de joindre quelqu'un pour Anne tout en réglant ses propres urgences. Le temps passe. Anne s'exaspère. Quand enfin la femme croisée sur le parking revient, Anne la choppe et lui signifie son désappointement devant tant de désorganisation ; elle râle quoi. La femme ne veut pas se charger de la réception de notre véhicule ; elle, c'est de la remise dont elle se charge. Anne n'y tient plus et proteste en spécifiant que nous avons un ferry à prendre et que cette blague dure depuis trop longtemps. Bien entendu, la pauvre fille est dépassée par les événements. Anne, brandissant ses papiers de référence, arrive à la contrainte à la suivre jusqu'à la voiture. Tout en la suivant, la jeune femme arrive à joindre par téléphone sa collègue en lui déversant vivement tout son désarroi. Bref, Ça continue sur ce registre pendant une bonne demi-heure mais finalement nous obtenons gain de cause. Mais voilà, nous sommes réellement en retard pour notre ferry. Heureusement, pendant ce temps, Sylvie a réussi à dégoter un de ces minis vans conduits par un de ces chauffeurs que nous vilipendions il y a peu de temps et a fait charger les bagages dans son splendide engin de compétition flambant neuf ou tout comme. Nous voilà parties pour une course effrénée dans une circulation toujours aussi folle. L'ennemi de tout à l'heure devient notre meilleur ami. Faisant sienne notre cause il s'amuse d'autant plus à braver les situations que Sylvie a chargé sur son Google Maps la destination. Elle lui dit pas à pas la distance qu'il reste et le temps que c'est censé prendre. Car vu l'état des choses, le trajet qui devrait durer 1/4 d'heure est annoncé à 45 mn voir 1h. Pendant que Anne essaie de se détendre, voilà que Sylvie et le chauffeur, galvanisé, s'amuse comme un ado sur une Nintendo. Nous sommes arrivées à temps. C'est de l'ordre de l'improbable. L'enregistrement se passe vite. Pour cause, nous sommes parmi les dernières. Anne a même le temps, pendant que Sylvie attend dans la file, d'aller leur acheter des minis wraps, que nous mangeons frénétiquement , plus parce que nous sommes encore dans la tension des instants passés que par faim. Anne en met partout (t-shirt, jupe, valise, sol). Un immense bonhomme lui tend promptement un tas de serviettes en papier avant même qu'elle n'ait saisi l'ampleur du désastre. Décidément, nous avons de la chance aujourd'hui de trouver des chevaliers servant juste quand il le faut. Puis Anne repart à la recherche cette fois-ci d'eau fraîche. Grâce au ciel (selon l'expression consacrée) le ferry est en retard. Quelle chance nous avons ! Anne se trouve même un jus de canne fraîchement pressée. Puis va finalement chercher des sous à un ATM tout près de là. Tout ce que nous voulions faire avant de partir est fait ! Anne se dit que ce serait bien le moment d'acheter un billet de jeux ; ce serait un jour à gagner le gros lot.

Le ferry qui nous emmène à Bohol 

Puis nous embarquons. Rompues mais très satisfaites, nous nous affalons dans nos sièges confortables pour une fois, car Sylvie a eu la riche idée de prendre des places en business classe, ce qui aux Philippines n'est vraiment pas cher. Nous arrivons, 2h plus tard, en nous sentant sales mais détendues. Un taxi nous attend pour nous conduire enfin à l'hôtel dans les dernières lueurs du jour. Les maisons, éclairées de l'intérieur, nous donnent un dernier terrain d'observation pour cette éreintante journée. Manger, se laver, dormir ; enfin.

 Coucher de soleil sur la plage du Bellevue resort
7
juil
Notre hotel à Bohol - Bellevue Resort 

Après une bonne nuit de sommeil, nous sommes enfin en état d'admirer le splendide hôtel où nous sommes. La vue sur l'océan donne aussi sur le jardin et la piscine. Dans l'angle que forme le bâtiment, des hirondelles tournent à toute allure et Sylvie suit des yeux leurs acrobaties. L'alternance entre les différents types de logements que nous avons eus au cours de ce voyage nous a offert une gamme d'expériences très chouette. La constance qui fatigue un peu Anne, c'est la présence invisible mais réelle de minuscules et fragiles moustiques qui ont cependant le pouvoir de lui irriter fortement toutes les parties du corps. Elle les comprend ; le terrain est fameux. Mais ce matin, en constatant les nouveaux endroits atteints et en se grattant le moins possibles pour ne pas aggraver les démangeaisons, elle se félicite du cachet quotidien qui, certes lui tourne la tête, mais la protège du paludisme. Nous découvrons enfin les images de requins-baleines prises la veille, et Anne se dit que le choix fait par Sylvie de ce nouvel appareil n'est pas la bonne solution. Il faut vraiment investir dans une Go Pro, même si nos occasions d'aller dans l'eau sont minimes.

L'église de Notre Dame de l'Immaculé Conception à Baclayon 

Le temps de régler certains détails, genre l'activité du lendemain, et nous voilà parties avec un guide, George, et d'un chauffeur, Jiji. George parle un anglais bien posé que nous comprenons toutes les deux. Anne peut enfin poser les questions qu'elle veut sur l'éducation, les enfants, la famille, l'université. Sylvie , ne conduisant pas, peut enfin profiter pleinement du paysage. Nous visitons une des deux églises les plus anciennes de l'île. Nous y apprenons que quand les Espagnols ont envahis les Philippines, ils y ont bien évidemment implanté le christianisme. Les premières sculptures qu'ils ont amenées étaient des effigies du christ enfant. De fait, les philippins vouent un culte particulier au christ sous cette forme. Par exemple, à Noël, on trimballe de main en main un poupon dans un couffin représentant le christ bébé et que l'on se doit d'embrasser. Anne a l'esprit qui s'égare deux secondes en pensant au dernier chauffeur de taxi qui plusieurs fois pendant le trajet a caressé un chapelet suspendu à son rétroviseur intérieur en faisant une petite prière ponctuée par un discret signe de croix.

Un tarsier - un cousin d'ET 

Nous reprenons la route pour aller voir le premier point d'importance pour Sylvie ; des lémuriens, les tarsiers, connu pour leurs immenses yeux immobiles plantés sur une tête qui tourne à 320 degrés. Mammifères nocturnes plantigrades, ils sont solitaires et ne sont pas plus gros que le point d'une main fermée. Ils sautent loin - entre 3 et 5 mètres d'une branche à l'autre - grâce à des pattes arrières faisant penser à celles des grenouilles, mais celles-la on ne les mangent pas. Par contre, eux mangent des insectes. Voilà en gros ce que nous nous rappelons d'eux. Ceux que nous voyons sont dans un environnement naturel. Ils sont protégés. La fondation qui nous accueille fait très attention aux conditions d'observation afin de ne pas les perturber. L'avantage c'est que de jour, ils restent immobiles. Le matin les employés les cherchent, puis chacun se place au niveau d'une des bestioles et gèrent gentiment mais fermement les visiteurs.

Chocolat Hills 

Le prochain arrêt est le deuxième point essentiel de notre promenade. En tout cas pour Sylvie. Nous allons voir les "Chocolate Hills". Mais Anne entend les Chocolatines... Soit. Ça doit être la traduction française, se dit-elle. Mais il y a 1h30 de route. Anne continue donc son interrogatoire en règle de George. Elle savoure le plaisir qu'elle a de pouvoir parler à sa guise et non pas dans les malheureux moments où Sylvie respire entre deux paquets de phrases. Entre deux elle traduit à Sylvie les choses et se fait son interprète. Nous apprenons également que le nom de chocolatine ( 🙂 ) vient du fait que sur les collines en question ne peut pousser que des herbes à cause de la nature du sol - une histoire de coraux et de sédiments déposés quand le terrain était sous la mer, puis compressé, surélevé hors de l'eau puis érodée par les pluies. Apparemment, les arbres n'aiment pas le résultat -. En été, celle-ci manquent d'eau et sont brûlées par le soleil. Les collines, toutes marrons doivent bien ressortir sur cet ensemble végétal éternellement vert... en tout cas c'est ce que nous supposons. Car à cette saison elles aussi sont bien vertes. Pour avoir un point de vue, il faut monter sur les flancs d'une autre colline via une volée de 240 marches. Nous les montons malgré tout assez vite, même si nous ressortons de l'épreuve rouges écarlates. En allant déjeuner, nous traversons une forêt protégée d'arbres très prisés pour la construction, grâce à la qualité des bois produits. Les troncs des arbres sont bien droits, très hauts, rouge et très chers. Le chemin, tortueux, nous descend des collines vers la plaine. Anne se tait ; elle a la nausée et survit autant qu'elle le peut. Ca repose les oreilles de Sylvie. Elle aussi se repose, et profite ; elle savoure ce paysage qu'elle peut enfin regarder de tout son saoul. Quel plaisir de ne pas conduire ! Se dit-elle. Elle se laissait bercer par le bavardage de Anne et George qu'elle ne tentait plus de comprendre avant ce silence salvateur.

Croisière sur la rivière loboc 

Puis nous arrivons aux abords d'une rivière. Juste avant son embouchure en fait. Là où se mélange l'eau douce et froide des montagnes avec l'eau chaude et salée de la mer. On y mange sur des barges flottantes affublées chacune d'un petit bateau pousseur qui fait des merveilles en ligne droite mais a toutes les peines du monde à faire tourner ces embarcations improbables. On y mange pas bien, mais la balade sur la rivière est plaisante. Nous avons le droit à un guitariste-chanteur qui joue par mal et est plutôt comique. Pendant que la barge fait un arrêt dans un village où une vraie tribu met en scène leur vie traditionnelle - Sylvie descend, Anne reste à bord - Anne discute avec le guitariste. Elle a reconnu un air de Villa Lobos que celui-ci a ébauché pour s'échauffer. Tout le monde appelle du nom du film qui la fait connaître ; "jeux interdits" . Elle a apprécié son interprétation de "Over the rainbow" façon Louis Armstrong. L'homme est content d'avoir un public qui apprécie.

La vie sur la rivière façon touriste 

Pendant ce temps Sylvie, ravie, se fait prendre en photo avec une fleur dans les cheveux et une lance dans la main. Quand le guitariste reprend son tour de chant, au redémarrage de la barge, il joue comme il se le rappelle le morceau classique évoqué avec Anne qui lui manifeste sa satisfaction. Puis il reprend son tour normal ; il faut quand même distraire tous les autres clients même s'ils ne montrent que très moyennement leur enthousiasme . Quand nous repartons, il nous reste une visite ; une histoire de serpent que nous n'avons écouté que d'une oreille. Mais nous n'aurions pas dû : l'endroit est sordide. Quand elle comprend les conditions désastreuses de captivité des animaux présents, elle sort vivement des lieux en fulminant. George la suit, confus. Nous lui assurons que nous ne lui en tenons pas rigueur ; ce n'est pas lui qui a composé le tour. Nous lui spécifions qu'un public européen n'appréciera pas un tel endroit... enfin nous l'espérons. L'éclat de Anne aura au moins servi à ce que nous rentrions un peu plus tôt à l'hôtel. Nous sommes rincées.

 Sur la plage
8
juil
Notre équipage  

C'était notre dernière journée de vacances ; les deux suivants seront des jours de déplacement. Comme presque tout le temps, nous ne sommes pas spécialement tristes que cela finisse. Sylvie a vu ce qu'elle voulait voir, Anne est contente de ce qu'elle a découvert. Mais nous avons fait fort aujourd'hui. Notre vigilance a baissé. En cette fin de journée nous sommes rouge écarlate et nous avons chopé une insolation que nous avons traitée dans notre lit par une sieste magistrale de 3h et des analgésiques pour Anne qui est la plus atteinte des deux. Mais reprenons au début.

 Tortue et étoile de mer

Un peu avant 9h AM, nous nous rendons sur la plage pour notre rendez-vous. Nous voilà parties pour notre dernière sortie en mer sur un inévitable bangca, en compagnie d'un "cap'tain", d'une guide et d'un plongeur. Il fait beau. Chacune de nous est dans son rôle ; Sylvie est contente, Anne ne l'est pas. Sylvie veut juste ajouter des tortues à son palmarès. Anne voudrait juste avoir donné des coups de ciseaux sur le tour de chevilles de ses chaussures de mer. Ses chevilles sont tellement gonflées qu'elle n'arrive plus à les mettre. Nous passons 20mn à naviguer vers notre première destination. En passant sur les détails, nous faisons une première halte aux abords de Balicasag island où nous allons voir la tortue qui sagement, broute des algues juste sous nous. Ce qu'il y a de bien c'est que personne ne lui a cassé les pieds pour être la pour le touriste avide de faire sa moisson d'images et de sensations. Elle est tranquillement la, dans son rôle de tortue. Ce qui l'est moins pour nous, c'est le pseudo guide qui nous a conduit jusqu'à elle, dans une minuscule embarcation. L'homme est fatigué, il a faim, il veut juste s'acquitter de son contrat vite fait bien fait. C'est ainsi qu'il a soumis Anne à une situation cocasse, qui réjouit Sylvie, hilare, et les quelques personnes présentes autour, à savoir des "cap'tain" de bangca et des touristes. Imaginez Anne bloquée dans le fond de la bangca petite version, repliée le plus possible sur elle-même, mais pas assez semble t-il, puisque le pseudo-guide lui appuie sur la tête, tout ça pour que le tout puisse passer sous les barres de bambou d'une autre embarcation. Anne vocifère ! En anglais ! en français ! Le must c'est quand elle s'extrait du bangca en tirant de toutes ses forces sur les bords et en faisant des bruits d’haltérophile en plein effort parce qu’elle a les fesses coincées au fond de cette embarcation de merde, trop étroite pour elle. Une asiatique tout sourire pointe son doigt vers Anne en s'exclamant "Pokémon!! Pokémon !!", parce qu'en plus c'est comme ça que s'appelle la barquette. Et Anne, bonne pâte, réplique "yes ! But very big Pokémon !!". Quand nous retrouvons nos trois premiers acolytes sur notre embarcation principale, ils ont le tort de demander à Anne si c'était bien... vous imaginez la réponse... la guide, décontenancée - la pauvre a déjà subi quelques rebuffades de la part de Anne qui a refusé de porter le gilet de sauvetage et de visiter la superbe île aux tortues - ne se sent pas bien. Elle nous propose la suite ; snorkeler dans un autre "very beautiful" endroit. En mangeant quelques fruits et buvant une bonne rasade d'eau tiède, nous nous y rendons. Et là... génial ! Anne saute dans l'eau - arrosant tout le monde - pendant que Sylvie descend sagement les étroites marches en bois qui flinguent les pieds.

 Les fonds marins

La guide et le plongeur nous rejoignent. Ils fichent la paix à Anne ; ils ont compris qu'elle savait nager mais surtout qu'elle mordait. Ils maternent Sylvie. C'est beau là dessous ; il n'y a toujours pas de gros poissons mais les coraux sont variés et les bans de petits poissons nombreux. La guide répand dans l'eau des bouts de biscuits, attirant sur elle une flopée frénétique de petits poissons. Le plongeur a récupéré l'appareil de Sylvie et nous photographie sous toutes les coutures. Heureusement, il prend aussi quelques poissons et les coraux. Autrement que mettrait Sylvie sur son blog ? Mais voilà notre erreur fatale ; nous n'avons pas mis de tee-shirt pour nager. Nous exposons nos dos et nos épaules toutes blanches au soleil assassin... ici, il n'y a pas les nuages pour nous protéger un tant soit peu. Quand nous remontons, aux anges, à bord du bateau, le mal est fait. Mais avec la brise marine et l'ombre de la toile au dessus de nos têtes, nous ne nous en rendons pas compte. Un peu plus loin, Sylvie visite Virgin Island ; couverte de statues chrétiennes, jusque dans l'eau. Anne ne suit pas ; elle préfère entretenir sagement son mal de mer à bord. Nous sommes ravies de notre balade et nous le faisons savoir.

 Virgin island
 Quelques personnages biblique de Virgin Island

En rentrant à l'hôtel, nous faisons un petit passage par la piscine, déserte à cette heure. C'est là que Anne commence à se sentir moyen moyen ; elle a le visage qui chauffe. Puis sous la douche, dans la chambre, elle le sent bien que ça brûle un peu partout. Sylvie, elle, trouve qu'elle va bien et que le dos de Anne n'est pas si rouge que ça. Elle abuse quand même, pense Sylvie. N'empêche qu'un club sandwich et un jus de fruit frais plus tard, badigeonnées de Cetavlon (pas de biafine sous la main), nous nous affalons comme nous pouvons sur le lit - allez trouver une position quand tout vous brûle - l'une a très froid, l'autre a très chaud. Dodo. C'est comme ça qu'arrive 18h de notre dernier vrai jour de vacances.

Ciel nuageux 
9
juil
Survol de Manille  

Malgré nos trois heures de sieste, nous avons dormi comme des loirs. D'autant plus que nous étions plus sereines que prévues. Sylvie a eu cette idée de riche de nous réserver un vol pour nous rendre à Manille alors qu'initialement nous avions déjà payé notre place sur un ferry pour nous rendre à Cebu pour y prendre un avion pour Manille. Dans cette option il fallait aussi prendre en compte l'éreintant transfert en taxi du port à l'aéroport. Nous troquions 4h de transport au bas mot pour 1h30. Il faut dire que pour 35 euros par personne, nous aurions eu tort de nous en priver.

Après une trempette matinale dans la piscine déserte, nous prenons notre dernier petit-déjeuner entouré des attentions du personnel qui nous traite en habituées - on nous a même réservé une table bien placée sans que nous le demandions - heureusement que cela prend fin avant que nous n'attrapions de mauvaises habitudes. Les valises sont faites. Elles grossissent on ne sait comment puisque nous n'achetons presque rien. Prêtes deux heures avant le départ, nous prenons une petite boisson chaude histoire de tuer le temps puis nous disons adieu à notre chambre. Nous ne sommes pas nostalgiques mais nous l'aimions bien celle-là.

survol de Manille - L'aéroport a des caméras  pour vérifier  l'arrivée de tes bagages

Le transfert à l'aéroport, l'attente, le vol, rien à dire, c'est du tranquille. Manille, c'est autre chose. La circulation est infernale à toute heure. Notre hôtel est dans la partie gratte-ciel de la ville ; nous sommes au 17e étages !!! Quel contraste !!! Nous prenons un encas à côté de la piscine, à l'air - puisque l'espace est ouvert - aux bruits combinés des voitures, de leur klaxon et d'une sono tonitruante. Ça réveille. Anne ne goûte pas trop les basses vibrantes de la musique. Mais Sylvie aime bien. Et puis on a commandé. Alors !... nous avons pris du café glacé. Anne ne boit jamais du café l'après-midi et rarement le matin. Anne est complètement surexcitée. Quand nous partons en balade (à 100 mètres de là il y a un centre commercial) histoire de faire quelque chose avant de manger, elle est prête à tout acheter. Elle fait un cirque pas possible aux deux vendeuses qui sont tous sourires. Celles-ci l'interrogent sur notre voyage aux Philippines. Anne ne tarit pas d'éloges. Les jeunes filles sont ravies. D'autant plus qu'elles sont en train de faire une bonne vente. Anne a retenu qu'il fallait liquider nos liquidités. Nous ressortons avec trois sacs ; il n'y a pas de problèmes de taille avec les sacs. C'est pas comme les vêtements où là nous sommes sûres de faire le plein de vexation. Anne fait son show à tout les étages, amusant la galerie. Sylvie, qui accuse un petit coup de fatigue la regarde, amusée, mais un peu agacée aussi de balader cette gamine de 5 ans dans cette peau de matrone. Nous observons les restaurants, mais quand tout tente Anne, rien ne plaît à Sylvie. Pas grave ; aucune des deux n'a envie de contrarier l'autre. Nous nous rabattons sur le restaurant de l'hôtel au demeurant très bon. Puis nous rentrons à notre chambre. Sylvie est rincée, Anne est un peu redescendue ; les brûlures de son dos et de ses bras la rappellent à la réalité.

Piscine de l'hotel I'm 
10
juil
Quand tu attends le taxi  en surveillant le trafic de la piscine à fond transparent

Anne a eu une vraie mauvaise nuit et Sylvie juge la sienne pas terrible. Nous nous disons que ça nous aidera à trouver le sommeil en avion. Dans la piscine ce matin, il n'y a personne à part nous. Après avoir fait des manières pour entrer dans l'eau froide ; nous nous approchons du bord qui donne sur la rue ; c'est une paroi comme dans les gros aquariums. On a l'impression de plonger directement sur l'embouteillage, là, en dessous. Ça amuse follement Sylvie. Anne s'éloigne au plus vite de la paroi en exprimant son inquiétude de voir celle-ci rompre. Elle a encore en tête cette vidéo que Sylvie lui a montrée au début du voyage d'une piscine se vidant d'un toit de gratte-ciel endommagé par un tremblement de terre, ici même, à Manille. Une jeune fille, hilare, apparaît à la porte de la terrasse en disant qu'elle vient de voir la scène entre Anne et Sylvie. Elle comprend parfaitement Anne et elle n'irait pour rien au monde dans l'eau. C'est une coréenne. Anne a une agréable conversation avec elle et se dit qu'elle irait bien faire un tour en Corée... du bon côté. Pendant ce temps Sylvie continue ses découvertes car le fond de la piscine est aussi en partie en verre. Anne fait des longueurs de marche dans l'eau, là où la piscine ne présente aucun risque à ses yeux. Ce rafraîchissant moment ne nous mène pas bien loin. Nous traînons un peu à faire les bagages. Puis nous prenons un taxi pour aller voir un autre centre commercial entouré d'un beau jardin. Nous payons trop cher la course ; ça fait râler Sylvie. Depuis qu'elle en a eu l'idée l'autre jour, elle contrôle le parcours avec Google Map. Bientôt elle imposera sa route au chauffeur, faisant fi de son expérience du terrain. Le centre commercial vient à peine d'ouvrir ses portes quand nous commençons à y déambuler. Nous nous amusons de sa circulation très inattendue. Nous trouvons quelques bricoles à acheter. Nous y mangeons. Puis nous fatiguons. Sylvie essaie d'arrêter des taxis qui refusent de nous prendre. Ce sont en fait des "voitures de maître". Trop agacées par la chaleur pour être vexées nous trouvons, avec un peu d'aide, le bon endroit et la bonne procédure. A Manille, centre ville, il faut 45 mn pour faire un petit 3km. Avec tout ça nous arrivons malgré tout avec une heure d'avance pour notre départ pour l'aéroport.

 Greenbelt mall
Hotel I'm 

Commence ce temps entre "nous sommes encore ici mais à peine" et "nous sommes arrivées mais pas tout à fait", et ça s'appelle "attendre que ça passe". C'est forcément long, c'est pas marrant, mais en s'y prenant bien on peut se débrouiller pour que ça existe à peine. Pour cela il faut arrêter de penser qu'on a la main et donc d'arrêter de vouloir quelque chose d'autre que ce qu'on vous donne. Plus il y a d'heures, plus il faut arrêter de les compter ; Il faut occuper son esprit à des trucs où l'on s'oublie. Lire, jouer à un truc con, regarder des films, ... si possible, il faut dormir. C'est encore le mieux que l'on puisse faire pour atteindre au mieux l'objectif. Mais ça s'obtient pas toujours facilement. La chance que nous avons c'est d'avoir passé une mauvaise nuit avant. Nous sommes fatiguées et aspirons au moins à une bonne sieste... si elle pouvait durer 16h ...

Puis il y a ce qui se passe vraiment. Nous passons correctement le premier vol même si nous n'avons pas eu la chance que la troisième place de notre rangée soit libre ; le passager qui l'occupe est un asiatique et Anne doit bien faire le double de son volume, c'est pas lui qui va lui déborder dessus. La correspondance ne pose pas de problème. Nous n'avons pas 10mn pour l'atteindre, mais il y a du temps à tuer ; un bon 2h. Non. Le plus difficile c'est le grand saut à faire entre Singapour et Paris. L'avion prend 1h de retard au décollage. Dans cette forêt d'heures à passer qu'est-ce que c'est qu'une heure en plus ? Franchement ? Sauf que derrière il y a encore 1h de train. Et que nous savons déjà que nous le louperons. C'est toujours le problème ; prendre la correspondance au plus juste ou prendre du délai ? Des fois on gagne. Sur ce vol ci aussi un passager a eu la méchante idée d'occuper la troisième place. Mais sur la rangée d'à côté il y a deux places libres. Sylvie s'y décale (vu que notre troisième larron n'a pas été tenté de s'y installer). Anne devra passer au-dessus de la forte odeur de transpiration de l'homme (mais au fait, elle sent quoi ! Elle ?). De toute façon elle a d'autres chats à fouetter...

 Fin du voyage