Pourquoi n’avons-nous pas écrit à l’époque ? Bien évidemment nous ne nous en souvenons plus. Pourtant, dans notre boîte à fantasme du voyage les Galapagos tiennent le haut du pavé et c’est sans doute l’un de nos plus beaux. Nous voilà devant nos ordinateurs portées par la même intention ; raviver de loin un moment vraiment bien. C’était le voyage de nos cinquante ans. Sylvie a la belle tache, pense Anne, celle de trier les images. Elles sont là, ça parle. D'ailleurs Anne les regarde là… elle qui n’a pas le moindre mot de l’elle même d’il y a 7 ans pour l'encourager, elle qui tout le temps se dit sans mémoire, en alzheimer de tout temps... Aller, un petit effort !
Les inévitables galères du déplacement sont gommées, inexistantes dans notre mémoire. C’est rassurant ça. Mais là, ces otaries sur le banc, même pas besoin d’une image pour s’en rappeler. Il fait chaud et il y a de l’air. L'habitude de voir s’enfuir les animaux quand nous nous approchons trop nous rend timides. Nous avançons à pas mesurés vers ce spectacle pour le moins étonnant ; c’est pas des mouettes quand même. Ça en impose ! Nous ressentons la quiétude de ces reines qui « possèdent » le banc. de temps en temps l’une remue, jette un regard nonchalamment, se rendort. Nous n’existons pas. Nous ne sommes pas une menace pour elle, et nous ne savons pas si elles peuvent être une menace pour nous. C’est sauvage ces bêtes là quand même. Mais déjà Sylvie s’avance, téméraire, portée par son envie de faire des portraits. « regardes ! il y en a encore là ! » clame t-elle en avançant… Ça y est ; nous sommes aux Galapagos.
Nous avons pris l’option de 8 jours où l’on dort dans des hôtels, pas très évolué par ailleurs, et non sur des bateaux ; question de budget.
Nous nous arrachons à nos belles lascives ; nous avons rendez-vous pas loin de là pour récupérer le matériel de snorkling. Grâce au ciel, pense Anne, il n’y a pas de combinaison à porter. C’est toujours un problème de moins pour elle ça ; allez trouver sa taille ! c’est du sur-mesure qu’il lui faudrait ! Non. Là, juste des palmes, un masque et un tuba. On passe sur notre dégaine respective. On regarde les deux américaines arrivées avec nous choisir leur matériel. Et hop, le guide embarque tout le monde pour une plage non loin de là où une flopée d’otaries se prélassent avec des petits !! « On garde ses distances, on se déplace lentement ! je vous rappelle mesdames que ce sont des animaux sauvages ! » nous dit le guide, stoppant net notre envie de nous précipiter. « Vous pouvez vous baigner ; elles ont l’habitude. » Poursuit-il. Pendant que les autres vont vite dans l'eau, nous nous approchons, bientôt affalées sur le ventre pour être à niveau, ne sachant plus où donner de l’appareil photo. Tant de choses se passent ; nous n’avons rien envie de louper. La baignade ce sera pour demain. Anne se sent soulagée ; elle n’est pas dans le bain aussi vite que ça. Il lui faut le temps de se familiariser. Sylvie, quant à elle, n’aime pas trop se mouiller… des fois qu’elle soit froide cette flotte !