Papillonnage photographique de pays en pays… Sylvie voit très bien où elle veut aller…. Anne tant bien que mal tente de la suivre. En tous cas elles y vont, 2 ou 3 fois par an, mais veulent en parler plus souvent que ça…
Suivre les traces de Darwin, rencontrer des tortues géantes, nager avec des iguanes marins, se perdre d'îles en îles...
Du 22 au 29 janvier 2013
8 jours
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Pourquoi n’avons-nous pas écrit à l’époque ? Bien évidemment nous ne nous en souvenons plus. Pourtant, dans notre boîte à fantasme du voyage les Galapagos tiennent le haut du pavé et c’est sans doute l’un de nos plus beaux. Nous voilà devant nos ordinateurs portées par la même intention ; raviver de loin un moment vraiment bien. C’était le voyage de nos cinquante ans. Sylvie a la belle tache, pense Anne, celle de trier les images. Elles sont là, ça parle. D'ailleurs Anne les regarde là… elle qui n’a pas le moindre mot de l’elle même d’il y a 7 ans pour l'encourager, elle qui tout le temps se dit sans mémoire, en alzheimer de tout temps... Aller, un petit effort !

 Arrivées sur l'ile San Cristobal 

Les inévitables galères du déplacement sont gommées, inexistantes dans notre mémoire. C’est rassurant ça. Mais là, ces otaries sur le banc, même pas besoin d’une image pour s’en rappeler. Il fait chaud et il y a de l’air. L'habitude de voir s’enfuir les animaux quand nous nous approchons trop nous rend timides. Nous avançons à pas mesurés vers ce spectacle pour le moins étonnant ; c’est pas des mouettes quand même. Ça en impose ! Nous ressentons la quiétude de ces reines qui « possèdent » le banc. de temps en temps l’une remue, jette un regard nonchalamment, se rendort. Nous n’existons pas. Nous ne sommes pas une menace pour elle, et nous ne savons pas si elles peuvent être une menace pour nous. C’est sauvage ces bêtes là quand même. Mais déjà Sylvie s’avance, téméraire, portée par son envie de faire des portraits. « regardes ! il y en a encore là ! » clame t-elle en avançant… Ça y est ; nous sommes aux Galapagos.

Les otaries sont partout dans Puerto Ayora, 

Nous avons pris l’option de 8 jours où l’on dort dans des hôtels, pas très évolué par ailleurs, et non sur des bateaux ; question de budget.

Nous nous arrachons à nos belles lascives ; nous avons rendez-vous pas loin de là pour récupérer le matériel de snorkling. Grâce au ciel, pense Anne, il n’y a pas de combinaison à porter. C’est toujours un problème de moins pour elle ça ; allez trouver sa taille ! c’est du sur-mesure qu’il lui faudrait ! Non. Là, juste des palmes, un masque et un tuba. On passe sur notre dégaine respective. On regarde les deux américaines arrivées avec nous choisir leur matériel. Et hop, le guide embarque tout le monde pour une plage non loin de là où une flopée d’otaries se prélassent avec des petits !! « On garde ses distances, on se déplace lentement ! je vous rappelle mesdames que ce sont des animaux sauvages ! » nous dit le guide, stoppant net notre envie de nous précipiter. « Vous pouvez vous baigner ; elles ont l’habitude. » Poursuit-il. Pendant que les autres vont vite dans l'eau, nous nous approchons, bientôt affalées sur le ventre pour être à niveau, ne sachant plus où donner de l’appareil photo. Tant de choses se passent ; nous n’avons rien envie de louper. La baignade ce sera pour demain. Anne se sent soulagée ; elle n’est pas dans le bain aussi vite que ça. Il lui faut le temps de se familiariser. Sylvie, quant à elle, n’aime pas trop se mouiller… des fois qu’elle soit froide cette flotte !

 La plage de Puerto Chino est déserte 
 Nous avons passé l'après midi à photographier les bébés otaries
 Le bisou des otaries
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 Il fait chaud 

Assises sur une pierre en hauteur de la lagune de Junco, nous admirons les frégates. C’est un des seuls points d’eau douce de l’île. Elles viennent s’y nettoyer le plumage du sel qu’a déposé l’eau de mer lors de leur pêche. « C’est parce qu’il n’est pas étanche qu’elles font ça » dit Sylvie. « Hein ? ». « Leur plumage, il n’est pas étanche. » « et tu sais ça comment ? » « Bin c’est le guide… Il a dit ça tout à l’heure ». Sylvie pousse un peu plus loin la promenade sur le sentier histoire d’avoir peut être la chance d’une meilleure photo. Anne s’y refuse ; elle a peur, alors elle prend la pause et admire le paysage. De l’autre côté du lac nous pouvons voir les deux américaines accompagnées du guide qui chemine. On se fait des grands signes. « Elles sont sympas hein ? » dit Anne. « les frégates ? ». « Bien non enfin ; les américaines ». »Ha ! oui, c’est vrai ; elles sont sympas ».

 A 700 mètres au dessus du niveau de la mer, la lagune de Junco est alimenté par l'eau de pluie. Le temps est est souvent brumeux
 Iguane marin
 Lézards de lave
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La plaie ; pour quitter l’île nous subissons un contrôle des bagages avec trempage des semelles de chaussures dans un bain désinfectant. Il faudrait pas polluer l'écosystème de l’île suivante par l’île précédente quand même ! C’est leur fond de commerce ; tout est endémique par ici. Les oiseaux, les tortues, les iguanes, les fleufleurs, … enfin tout. Et comme c’est ce qu’on vient voir, on ne va pas se plaindre quand même ! N’empêche, ça fait chier se dit Anne dans son for intérieur. Cet épisode a au moins le mérite de lui faire oublier un moment qu’il va falloir monter dans le bateau ; elle a peur de tomber à l’eau.

 Contrôle des bagages et en route pour l'isla Lobos

En même temps, qu’est-ce que ça peut faire ? nous y allons gaillardement à l’eau. Le temps de rejoindre les deux gros cailloux jetés là, en pleine mer, et on nous fait signe que c’est ici que nous allons plonger. Et bien, il nous la soigne notre première fois, pense Sylvie qui n’en mène pas large. Elle a bien déjà tenté la plongée dans son plus jeune temps et elle a pas vraiment aimé ça… Bon, d’accord, c’est du snorkeling, on reste au dessus et on regarde en dessous. N'empêche y’a pas pied là ! la mer bouge ! et puis en dessous c’est bien des requins qu’on voit non ? « Ne vous inquiétez pas ; chaque animal a son ‘couloir’ ; ils vont rester bien sagement en dessous » a dit le guide avant de sauter dans l’eau pour nous montrer qu’il n’y avait rien à craindre. Anne est aux anges ; on ne voit pas le fond. D’habitude ça lui fout les jetons. Mais là, avec le masque elle voit ce qui se passe ; c’est mieux que de laisser son imagination divaguer vers des monstres à la Jules Verne jaillissant des profondeurs pour la tirer par les pieds. Des poissons puis des tortues et des raies passent sans avoir l’air de faire attention à elle. Elle est au comble de l’émerveillement quand elle aperçoit les requins. Elle les trouvent un peu petits. Elle ne serait pas contre croiser une baleine...

Le bateau ça se secoue pour aller au Kicker Rock. Le rocher a été scindé en deux par l'érosion 
 Snorkeling au Leon Dormido (aussi appelé Kicker Rock)
Impossible d'accoster mais nous sommes passées au milieu des 2 rocs  
Anne 
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 Asilo de la Paz, c'est l'endroit où séjournèrent certains des premiers colons de l'archipel. 

Nous sommes aux anges ; c’est chouette ce voyage quand même ! Sylvie retrouve en mieux tout ce qu’elle a repéré pendant des mois en sillonnant les sites internet d’autres voyageurs l’aillant précédée et dans ses inévitables guides qu’elle se fait régulièrement expédiée, avide de toutes informations. Anne ne pige pas trop ce truc là ; tout savoir d’avance ! quelle idée ! Elle veut de la surprise elle ! de l’émerveillement !! N’enpêche que c’est bien pratique d’avoir une Sylvie qui prévoit tout, pense à tout… Enfin, presque. Anne peste un peu ; la bouffe n'est pas terrible quand même. Et les hôtels c’est pas le Carlton. Bon, on s'en contentera.

Mais là elle n'y pense pas du tout à tout ça ! Nous déambulons dans les sous bois, sur l’île Floréana dans un coin nommé « Asilo de la Paz » au milieux de placides tortues géantes centenaires, voire plus. Nous apprenons que la mascotte du lieu, une tortue bien sûr, très vieille, nommée… heu… nous ne savons plus en fait. Donc, cette mascotte avait ses fans qui venaient exprès la voir. Nous n’aurons pas la chance de la croiser, vu qu’elle est morte il n’y a pas longtemps. Nous sommes désolées pour le guide qui perd là un de ces points d’attraction favoris. Il en a perdu son espagnol le pauvre.

Anne, pense plutôt à toutes ses autres pauvres tortues devenues le diner favori des premiers colons, des pirates, qui ont trouvé le moyen de les manger toutes. A tel point qu’il a fallu expatrié d’autre tortues de l’île de Santa Cruz venues trainer leur endemisme, sans aucun risque cette fois ci.

Et puis zut, Anne renonce à en écouter plus ; elle préfère rejoindre Sylvie qui mitraille les bestioles. Elle va encore perdre le concours de photo permanente qu’elles se livrent.

 A travers la forêt de Scalesia , les tortues géantes des Galapagos  
La forêt de Scalesia et le repas du midi
 En route pour lîlot Isabella 
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 Isla Isabella 
 Les pélicans 

La flemme ce matin ; nous n’avons pas envie d’aller marcher sur le volcan. Un certain nombre de personnes ont rejoint le groupe ; ça nous plaît qu'à moitié en fait. Il faut nous habituer à être plus nombreux. Et puis il faut monter. Et il est même pas en activité. Même toute petite. Enfin bref, nous restons à l’hôtel avec nos copines… les américaines. Puis, sur un élan d’énergie, nous prenons un taxi pour aller voir une lagune censée abriter des flamants roses. Mais ça devait pas être l’heure, ni la saison. On en a pas vu. Enfin si, deux. Encore heureux qu’il y a des iguanes partout. C’est pas très sympa comme bestiole ; faut pas les approcher de trop près. Mais c’est impressionnant. Là où les autres ne les photographient plus tant il y en a nous ne nous lassons pas de nous y intéresser. C’est fascinant quand même ; arrivé à la dérive sur des branchages - du moins c’est ce que les naturalistes extrapolent - ils se sont mis à l’eau de mer (les iguanes, pas les naturalistes) et sont devenu les seuls iguanes marins du globe. Endémique on vous dit. Que de l’endémique. « C’est de l’adaptation ça mesdames ! » nous dirait Darwin. Car c’est en grande partie en observant les oiseaux de ces îles qu’il a, paraît-il, mis au clair ses théories sur l’évolution.

Visite de la lagune des flamants roses 
les iguanes sont partout

Puisqu’il n’y a que ça à voir ici, des bestioles, nous faisons un petit tour au centre de reproduction des tortues. Elles sont entassées par taille, donc par âge. On ne s’y prendrait pas autrement pour commercialiser de la viande de tortue. Ha le bel esprit que voilà, mademoiselle Anne !

 Puerto Villamil - Centre d'Elevage de Tortues Arnaldo Tupiza. pour assurer leur survie en tant qu'espèce sauvage

Bon. Nous allons prendre un petit bain explorateur à la Concha de Perla. Nous barbotons paresseusement. Le tic est pris ; armées de nos masques et tubas, nous observons le moindre poisson. Puis, repues, nous allons pour sortir de l’eau. Horreur !!! le bout d’échelle censé être la voie, nous nargue au dessus de l’eau ; c’est haut ! trop haut !! Nous essayons vainement de l’atteindre. Puis des âmes charitables viennent à la rescousse de ces deux mémères qui offrent un pitoyable spectacle. Mais là, vous n’aurez pas d’images. Manquerait plus que vous vous payez notre gueule !

 Concha de Perla - belle promenade à travers les mangroves sur un trottoir de bois 
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 Hibiscus 
Le monde végétal du Campo duro 

C’est pas parce que nous l’avons joué plus cool que ceux qui ont affronté les pentes d’un volcan que nous n’avons pas le droit à une bonne détente. Nous voila donc à Campo Duro à écouté sagement les exploits de nos marcheurs méritant en faisant mine d’admirer leurs prouesses, nous qui ne les envions pas. Après un agréable repas dans un patio protégé du soleil où une brise légère nous caresse, nous faisons le tour d'un adorable jardin plein de merveilles. La lumière est si belle, les formes végétales si variées que nos appareils photo travaillent tout seul. Nous finissons notre délicieuse promenade par d’agréables discussions pleines de rires avec nos nouvelles amies au balancement des hamacs dans lesquels nous nous sommes affalées avec délice. Décidément, les Galapagos, on s’y incrusteraient bien volontiers.

 Détente dans les hamacs 
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Les iguanes marins de l’îlot des Tintoreras 

C’est plat là. Enfin presque ; les sols, constitués d’une sorte de pierres noires toutes déchiquetées auraient de quoi inquiéter Anne qui ne tient pas debout facilement. Mais voilà ; partout où nous allons, il y a des petits chemins tout « proprêt » toute lisse qui lui rendent la balade confortable. En fait, ils sont un bon moyen de canaliser les visiteurs pour que ceux-ci ne s’aventurent pas trop près des animaux ; certes ils ne sont pas farouches mais l’enjeux est que nous ne polluions pas les lieux. C’est un enjeu écologique autant qu'économique.

Mais qu’est-ce qu’il fait chaud ! Les iguanes, eux, s’en réjouissent. Leurs écailles, au fil des générations, ont pris les teintes et la rugosité des sols avec lesquels ils se confondent. Il y en a vraiment partout. Nous en voyons nager plusieurs. Et on nous le dit tout le temps ; ce sont les seuls iguanes au monde à être nageur. Mais nous n’en avons jamais vu d’autres ; pour nous ce sont ceux qui ne vont pas dans l’eau qui nous semblent anormaux.

 Las Tintoreras 

Puis là, dans une poche d’eau peu profonde, nous voyons un petit requin trainer sa peau grise en de lents vas et vient, nous laissant tout le loisir de l’admirer… Bon-sang qu’il fait chaud !

 Lave 
 Las Tintoreras sont un groupe de petits îlots de lave à l'eau très claire où les requins nagent à la surface dans les lagunes.
 iguane marin 
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Nous ne sommes pas blasées, mais c’est en connaisseuses que nous abordons Santa Cruz ; passer d’île en île nous semble normal à présent. C’est fou comme on s’habitue à tout très vite. Les iguanes par exemple ; nous commençons à jeter sur eux un regard identique à celui que nous jetons sur des pigeons ou des pies. On voit bien que c’est beau à voir… surtout pour les pies parce que les pigeons couleur de trottoir… bien qu’à y réfléchir les iguanes sont pas beaucoup plus séduisants que des pigeons… avec leur tronche de dragons déchus… mais qu’est-ce que je raconte !! pense Anne qui regarde Sylvie qui elle ne s’en lasse pas des iguanes. Tiens, elle aimerait bien voir Sylvie s’emballer pour une flopée de pigeons !

 Détente à la piscine et sur le bateau 

Pendant que Anne disserte sur le genre animal en faisant trempette dans l’eau de la piscine en compagnie de leurs deux copines (franchement, il faisait trop chaud ! ça fait du bien), Sylvie les regarde du haut du balcon de leur chambre. Je suis sur qu’elle est froide cette eau, pense t-elle. Elle préfère l’eau de mer ; elle est bien chaude celle là. Elle fait bien 26° ! Mais regardez-moi ces trois donzelles qui jouent aux iguanes ! Puis, à défaut d’autres choses de plus endémique, elle se met à les photographier. Puis flûte ; il fait vraiment trop chaud. Elles les rejoint dans l’eau, pas si froide que ça, pour elle aussi jouer à l’iguane de piscine.

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 Accostage en bateau pneumatique sur l'ile de seymour

C’est à 5h du mat que nous nous sommes levées, comme de juste un peu vaseuses, pour partir sur l’île de Seymour où nous allons voir les frégates nidifier. La route est longue. Alors Anne sort son bloc carré de papier coloré et se lance dans une de ses activités favorites, plier grenouilles, grues, cubes, fleurs, … enfin elle « origamise ». Les autres aussi s’ennuient. Enfin tous ceux qui ne sont pas allé bronzer sur le pont supérieur après le petit déjeuner. Bientôt elle apprend à l’américaine, l’institutrice, pas la juge, et à leur guide à plier. A la grande satisfaction de Anne ils y prennent un grand plaisir. Surtout le guide qui se montre très concentré, très habille de ses mains et tout content des résultats qu’il obtient.

Arrivé aux abords de l’île, Anne a le coeur qui se serre en n'en voyant les abords tout déchiquetés ; elle ne se voit pas accoster là dessus. Elle monte quand même sur le zodiac avec les autres. Puis c’est avec une certaine tristesse mais rassurée qu’elle refuse de tenter l’expérience.

Pendant que le groupe s’éloigne, entre nous soit dit en se tordant les pieds, elle et le pilote s’en vont faire le tour de l’île.

  Le fief des frégates
 Male surveillant le nid 

Sylvie est aux anges ; dans les buissons épineux il y a une multitude de nids occupés par des couples de frégates et leurs rejetons. Beaucoup des petits sont en train de perdre leur duvet pour révéler leurs premières plumes. Ils s’aventurent hors des nids. Sylvie adore. Mais elle peste ; elle aimerait bien s’approcher plus près. Deux mètres c’est trop loin ! mais le guide veille. Il est hors de question de quitter ces satanés chemins. Elle aime vraiment pas ça de ne pas pouvoir faire comme elle l’entend. Elle détourne son agacement en photographiant le jabot rouge que les mâles gonflent fièrement.

Anne, elle, tourne lentement… enfin le pilote fait tourné lentement le zodiac autour de l’île, pendant que Anne essaie de trouver des photos à faire ; elle ne veut pas être en reste. Un manchot par ci, un iguane par là, un caillou bizarroïde par la bas. Mais elle ne peut plus ignorer les tentatives du pilote à lui faire la conversation et qui essaie d’en savoir un peu plus sur elle. Elle est mariée ? elle a des enfants ? Heu heu et vous ? vous êtes mariés ? vous avez des enfants ? Le temps passe assez lentement quand on tente de dire le faux pour être tranquille, assez crédible et pas trop compliqué pour ne pas se retrouver coincée dans la légende qu’on invente au fur et à mesure. Ha !! super !! l’heure du rassemblement sonne !!

Anne faisant des cours d'origami 
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 Fou à pattes bleues 
Le royaume des Boobies 

Finalement l’île est plus grande que ce que Anne croyait ; voilà que nous partons dans l’autre sens et plus loin on accoste à nouveau. Cette fois ci tout le monde descend. Même Anne qui, prenant son courage à deux mains, et les mains de deux hommes forts qui se sont dévoués pour l’aider, est cette fois bien décidée à ne pas rester seule sur le zodiac en compagnie du pilote. Elle voit d’un coup d’œil, à sa non charitable et néanmoins grande satisfaction, Sylvie qui s’en sort à peine mieux qu’elle.

Nous sommes venu voir les boobies ; oiseaux marins à pattes palmées bleues, aussi maladroits sur terre qu’ils sont bons pêcheurs. D’où leur nom dérivé d’un mot espagnol voulant dire maladroit, ou idiot… ou un truc comme ça. Pendant que le guide raconte sa petite histoire et dit, entre autres, que d’autres boobies, sur une autre île, ont eux les pattes rouges, Sylvie se demande ce que ça donne quand des boobies à pattes bleues rencontrent des boobies à pattes rouges… elle tente d’imaginer les petits à pattes violettes.

Les américaines, elles, s’esclaffent ; elles s’amusent de la similitude de nom avec les bobbys anglais et imaginent les compétences des uns appliqués à celles des autres. Surtout quand le guide signale que plus ses pattes sont bleues, plus le bobby, heu le boobie est en bonne santé.

Nous déambulons sur les chemins, toujours appareil au poing, contentes d’être là. L’air vif nous fait oublier qu’il fait si chaud. Puis en revenant vers le zodiac, nous longeons une plage de rochers sur lesquels la mer s’éclate en gros rouleaux mousseux. Le vent soulève à leur crête des voiles d’eau qui s’envolent en sens opposée. D’un commun accord nous mitraillons ce spectacle, tout à fait indifférentes à la complexe tache de tri qui nous attend ce soir. Heu qui attend Sylvie...

 Le retour va être difficile 

Puis c’est le retour sur le bateau et le retour à Santa Cruz. C’était 3h à l’allée et se sera 3 longues heures au retour. Mais là, nous avons des images en plus plein la tête et plein de temps pour nous raconter toutes les anecdotes du jour.

 Iguane 
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Passons sur l’inévitable navigation de trois heures. Aujourd’hui la destination et la toute jeune île d’Isla Bartolomé. Et là c’est le choc. En tout cas pour Anne. Ce n’est pas à la chaleur accablante que nous le devons pour laquelle on nous a distribué des serviettes que nous mouillons et plaçons sur nos têtes en les faisant déborder dans le cou… Enfin, pour ceux qui ne craignent pas le ridicule. Nous le devons à ce paysage de lave noire figée dans un ensemble de mouvement épais et lent de pâte épaisse créant des bourrelets, des cassures, des franges brunes et vert sombre… Mieux que les dégoulinures de César qui semblent soudainement bien pauvre ; la nature a fait bien mieux sur ce coup là pense Anne ; ce qui n’engage qu’elle bien évidemment.

Les dessins de la lave 

Quand on parle d’île jeune, on parle en temps géologique. Nous n’en retenons même pas l’âge ; c’est trop gros comme chiffre. Ce que nous retenons c’est cette splendeur visuelle sur laquelle nous avançons, l’appareil dirigé vers le sol, mitraillant sans fin dans la parfaite conscience que nous ne pouvons tout photographier. Les quelques rares plantes que nous repérons sont les premiers éléments d’un système végétal qui va progressivement coloniser ce sol à un rythme qui va bien au delà d’une vie d’homme. C’est pas tous les jours qu’il nous est donné d’appréhender un temps géologique.

Mais là on étouffe. Il faut rejoindre le bord de l’eau, et vite. Nous nous mettons en maillot de bain, nous chaussons palmes et tuba et hop dans l’eau. Il y a longtemps que la colonisation sous l’eau et entamée et nous admirons poissons, plantes et coraux. A notre approche, des raies s’échappent du sable sous lesquelles elle s’enfouissent. C’est si peu profond à cet endroit que nous pourrions marcher dessus ; on n’ose plus poser les pieds sur le fond. Mais déjà notre guide sonne le rassemblement ; nous n’avons le droit de rester sur l’île que très peu d’heures et ne pouvons y manger.

 Le célèbre Pinnacle Rock et les iguanes marins 

Nous retournons au bateau mais pour peu de temps. Juste assez pour se rendre un peu plus loin sur la côte de l’île pour visiter l’endroit le plus photographié des Galapagos. Là nous attend une ascension. Sylvie renonce ; elle a pas envie de cuire. ll ne sera pas dit que Anne se défile à chaque promenade. Alors là, elle y va… et le regrette. Ça monte… il fait si chaud, elle a envie de faire pipi !!! rien pour se cacher !!!! Alors elle traine la patte, se retenant laborieusement, pour que, la distance aidant, un des lacets de la route la cache du groupe. Bien sur qu’elle a compris qu’il ne fallait rien laisser de leur passage sur cet île. Mais là… C’est naturel après tout. Soulagée, elle a juste le temps de se redresser pour voir apparaître l’une de nos charmantes américaines qui a rebroussé chemin, inquiète de ne pas la voir et qui éclate de rire à ce spectacle. Elle promet de n’en rien dire. Elles repartent. Le sommet est tout près. Anne est épuisée.

C’est vrai que c’est beau là haut. Mais Anne n’a qu’une hâte ; retrouver Sylvie, admirer les photos de manchots que celle-ci n’aura pas manquer de faire.

3h pour rentrer… enfin bref.

 Les manchots des Galapagos 
Vue du sommet de l'ile avec la Pinnacle Rock formée par la lave d'un volcan qui s'est refroidie en couches minces de basalte
 Frégate et pélican cohabite 
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Voilà ; c’est le dernier jour. Pas de snorkeling, pas d’ascension. Juste une petite visite au centre Darwin. Ce n’est pas que se soit sans intérêt mais bon. Presque. Nous quittons définitivement nos américaines. La veille il était devenu normal d’être ensemble, aujourd’hui la parenthèse se ferme. C’est le retour à Quito ; il est rare que nous nous sentions si désolées de ne pas rester plus longtemps. Mais d’autres choses nous attendent. Plus chaudes et lourdes encore météorologiquement parlant. Plus exaspérantes aussi. Plus vert, plus touffu… Nous partons bientôt pour la forêt amazonienne.

 traversé pour l'ile de Balta 

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