Papillonnage photographique de pays en pays… Sylvie voit très bien où elle veut aller…. Anne tant bien que mal tente de la suivre. En tous cas elles y vont, 2 ou 3 fois par an, mais veulent en parler plus souvent que ça…
Des phénomènes géologiques surréalistes du Dallol aux tribus de l'Omo et leurs traditions ancestrales, voici un aperçu de notre voyage au fil des routes.
Du 19 janvier au 2 février 2019
15 jours
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19
fév

Température 23° avec une brise légère / Hébergement : Golden Tulip

en chemin vers la fête de Timkat
en chemin vers la fête de Timkat
vente de cercueils
vente de cercueils
les fameuses lada
les fameuses lada
Un moment de vie à Addis Abeba

Après un vol plutôt agréable dans un avion un peu vide, nous sommes arrivées à l'aéroport d'Addis vers 7h du matin. Comme à l'accoutumé le passage à la douane a été un peu laborieux ; il y avait peu de guichets pour le monde présent. Nous nous sommes satisfaites d'avoir fait un visa électronique avant de partir. Nous avons eu un petit moment de flottement quand sur les écrans nous n'avons pas vu le tapis attribué au déchargement de nos bagages. En fait ils avaient été débarqués bien avant notre sortie de la douane et mis sur le côté. Soulagées, nous les avons récupérées et nous nous sommes rendues au point de rencontre où nous avons rencontré de notre voyagiste. Après que notre véhicule se soit extirpé du parking bondé de l'aéroport, nous nous sommes immédiatement rendues à l'hôtel pour déposer les bagages. Apres avoir discuté de l'ensemble du voyage avec Fanuaille, nous apprenons que chaque année le 19 janvier, les chrétiens d'Éthiopie célèbrent le baptême du christ à l'occasion de Timkat ; l'épiphanie. Profitant de l'occasion, nous voici parties appareils photo au poing communier avec Jésus.

En chemin  pour la fête de Timkat 

Au milieu d'une foule sereine et tout de blanc vêtue nous découvrons des gens accueillant pour qui nous sommes un spectacle autant qu'ils en sont un pour nous. Cette manifestation est fortement encadrée par la police. Nous avons été fouillées au corps à plusieurs reprises. Grâce à Fanuaille nous avons pu accéder à la zone VIP où s'amassaient prêtres, novices, musiciens, porteurs d'étendards et divers représentants religieux, tous habillés de leurs habits de cérémonie. Nous avons vu des croix de tout style et une sorte d'ex voto en métal comportant 5 petits disques symbolisant les plaies du christ. Fanuaille nous rappelle que l'Éthiopie est le berceau de la chrétienté. Nous avons eu la surprise de voir des prêtres arroser la foule ; C'est une surprenante évocation du baptême du Christ dans le Jourdain.


bénédiction
bénédiction
Prêtres, novices, musiciens, porteurs d'étendards...


Mais nous voilà rattrapées par la fatigue du voyage due à la nuit blanche dans l'avion et les maux de tête à l'altitude ; Addis Abeba se trouve à 2355 mètres. Nous retournons à l'hôtel dormir et récupérer car demain la journée démarre très tôt.

20
janv

Température 28° à 35°/ Hébergement : camping au village d’Ahmed Ela

Quelle galère ce matin !!! Nous retournons à l'aéroport pour prendre un avion pour Mekele. Outre un gros embouteillage généré par des contrôles policiers aux abords de l’aéroport, nous avons dû subir 2 fouilles de bagages si bien organisées que nous avons perdues un temps fou, avec la peur de louper notre vol. De plus la queue pour accéder au comptoir d’enregistrement était une véritable foire d'empoigne. Nous avons mis un certain temps à comprendre le système en vigueur qui était le suivant. Des voyageurs soi disant plus en retard que nous, nous poussaient pour passer devant en prétextant la prééminence de leur vol, ce qui n'était pas toujours le cas. A un moment, nous avons eu l’idée de faire la même chose. Le vol s’est passé sans encombre et à l’atterrissage nous avons pris tout notre temps. C’est en bonne dernière que nous avons atteint le parking où se trouvait notre chauffeur. Là, nous avons constaté qu’il avait embarqué 2 autres femmes à notre place, pourtant aucune des 2 ne s’appelait Sylvie. Quelle chance nous avons eu d’arriver avant leur départ.

Aéroport de Mekele 

Avant d’entamer réellement la route, nous sommes allées boire un café et faire pipi dans un hôtel, car ici trouver un endroit potable pour cela est une gageure. Sans nous demander notre avis, le chauffeur nous a acheté des hamburgers et des frites pas cuites au ketchup pour notre repas futur. Nous entamons notre périple par la région du Tigrė et ses paysages variés où alternent zone rurale et montagnes sauvages. Nous découvrons peu à peu le visage Éthiopien.

Pause café dans le Tigré avec le fameux hamburger froid

Les gens sont souriants et tout le temps en marche ; ils parcourent des kilomètres à pied par jour. Les animaux domestiques sont partout à prendre possession des lieux et c’est en évitant un âne, une chèvre, quelques vaches que le 4/4 trace sa route. Notre premier arrêt nous a amenées dans une église, Mikael Imba, taillée dans la roche. Sitôt que nous nous garons un flopée d’enfants nous entoure en réclamant, un stylo, un savon, des chaussures et tant d’autres choses encore. Après avoir entamé le chemin nous arrivons vite à un rocher où sont taillées de vagues marches irrégulière. A leur vue Anne renonce à l’ascension, elle s’assit à leur pied dans l’idée d’entamer une séance de lecture dans ce beau paysage. Mais c’est sans compter les enfants, qui curieux de tout, accepte d’entamer une discussion photographique avec elle. Pendant ce temps, Sylvie se fait tracter par les ados et le chauffeur décidé à lui faire monter les marches alertement. Une fois la haut, l’église était fermée. Il a fallu dépêcher un jeune homme pour trouver le prêtre et ses clefs. Il faut finir le chemin caillouteux sans chaussures, mais l’effort en vaut le coup.

l'ascension à Mikael Imba
Le début d'une longue ascension l'ascension à Mikael Imba pour Sylvie
 Vue panoramique du haut de la coline
Et pendant ce temps, Anne initiait les enfants à la photographie  
20
janv
Images volés sur les routes pas toujours très praticables

Sur la route, il y aussi des check-points qui se matérialisent par une corde tendue de part et d’autre de la route avec au bout un policier flegmatique chargé de la décrocher à chaque passage de véhicule. Dernière manifestation de Tinkat où nous avons croisé dans quelques villages des bandes de gamines endimanchées en liesse chantant et dansant au bruit de tambours. Elles avaient une certaine tendance à ne pas vouloir nous laisser passer. Peu après ces épisodes, le chauffeur nous a trouvé un endroit plaisant pour manger et faire pipi ; la nature reprends ses droits. Affamées nous nous sommes jetées sur les fameux hamburgers-frites-ketchup froids depuis longtemps. Qu’importe il y a des situations où nous ne sommes pas difficiles.

Route vers le Danakil 

Nous avons repris la route, quitter la région de Tigrė et entamer la descente vers le désert du Danakil. Les paysages deviennent rapidement désertiques et l’habitat change de forme. Dans le désert même, seuls les Afars arrivent à vivre. Ils sont réputés pour être très indépendants, ne respecter que leurs propres lois et entretenir farouchement leur culture. Même si la température monte au fur et à mesure de notre avancée, elle reste très supportable étant donnée la saison. Pour visiter cette zone, il vous faut un conducteur, un guide local, un cuisinier et des hommes en armes. Le guide a rejoint notre véhicule en cours de route, le cuisinier était déjà sur place à notre escale du soir et les hommes armés répartis un peu partout sur les zones de visite. En fin de journée, nous nous sommes arrêtées dans le dernier lieu habité constitué de cahutes en bois et de lits en osier répartis un peu partout. Quand Anne apprend que c’est là que nous allons dormir, elle ne le croit pas et pourtant... mais avant ce mémorable épisode nous avons encore une dernière escale à faire, celle du coucher de soleil sur le lac Karoum. La zone subit comme une marée qui est en réalité dûe au vent qui pousse l’eau dans un sens ou dans l’autre. Au fil du temps cela a constitué un réservoir de sel où les nomades viennent couper des plaques à la pioche qui sont acheminées dans le pays via des caravanes d’ânes ou de dromadaires.

désert de sel
Coucher de soleil sur le lac Karoum au coeur du désert de sel en pays afar

De retour au campement Anne comprend enfin de quoi sera faite sa nuit. Plantée sur ses 2 pieds, elle laisse les autres s’agiter autour d’elle, préparer les affaires pour cet épisode qui restera sans doute marqué dans sa mémoire pour un bout de temps. Après avoir dévoré un très bon repas, c’est sous la pleine lune lumineuse et bercé par un vent certain que nous nous coucherons sans avoir pu nous laver. Les toilettes sont à discrétion dans la caillasse environnante. Les braiments nocturnes des ânes berceront notre sommeil.

notre chambre
Le campement Afar du village d’Ahmed Ela et la récolte de sel. Pas de point d'eau, on dort près de la route.
21
janv

Température 32° : Hébergement / Asimba Guest House

Nous venons de vivre dans un des camps des plus sommaires que nous ayons eu depuis que nous voyageons. Et pourtant il faisait partie de l'escale la plus chère de notre voyage. Souffrir une nuit sous les étoiles c'est ça le luxe de nos jours. Quoique nous ne les ayons pas vu car c'était une nuit de pleine lune dont la luminosité éclipsait toute autre lumière. Anne en a d'ailleurs fait son repère nocturne en calculant ses temps de semi sommeil et de veille sur sa course dans le ciel. Sylvie qui dort d'habitude si mal a passé une très bonne nuit se levant à peine pour aller aux toilettes (au milieu de nulle part comme tout le reste) et s'amuser de la façon dont Anne s'était attifée pour la nuit. Un vent tiède assez présent et continu a soufflé toute la nuit. Il s'engouffrait dans nos vêtements risquant de révéler nos anatomies aux éventuels noctambules. Effectivement les autochtones circulaient, un âne tout en braiant se promenait, des camions passaient sur la route toute proche. Habillées avant l'aube, tout c'est soudainement agité autour de nous et en un rien de temps le petit déjeuner a été posé sur la table. Puis très vite nous nous sommes mis en route car il était urgent d'arriver avant les groupes. Quand nous sommes arrivées sur le lieu la lumière était parfaite pour les photos.

source chaude
Départ à 6 h du mat, pour le dallol
 Sous surveillance afar

Nous avons commencé notre balade sur un terrain accidenté aux formes variées toutes produites au fil du temps par les émanations de souffre et autre substances géothermiques. La progression laborieuse nous faisait découvrir de tellement belles choses que nous en oublions la chaleur du lieu et les difficultés de progression. Merci à nos accompagnateurs qui nous ont fortement aidés. Il fait environ 30° à 7h du matin. Il faut savoir que le Dallol est l'endroit le plus chaud de la planète. Sylvie a particulièrement apprécié le comportement de certains gardes armés de kalachnikov qui demandaient à se faire prendre en photo avec eux. Il est quand même surprenant de se retrouver, souriante avec une kalachnikov contre soi. Sur la fin de la balade, réjouies, nous avons vu arriver les divers groupes de marcheurs auxquelles nous venions d'échapper, ce qui nous a fait un peu oublier la difficulté du retour.

Le Dallol  et ses paysages jaunes, verts et rouge ocre, due à la forte présence de soufre, d'oxyde de fer, de sel...

Tout près de là, en partant vers l'ouest, nous nous sommes rendues en un lieu où l'on pouvait voir des structures composées d'un chapeau épais de cendres blanches surplombant une couche de sel parfois strié de terre rouge poussée vers le haut par les éruptions volcaniques... c est du moins ce que nous avons compris. Et pour terminer nous nous arrêtons devant un lac d'hydrocarbure à l'eau bouillonnante.

lac d'hydrocarbure
Le lac d'hydrocarbure  et Canyon de sel 
Caravane de chameau transportant le sel

Le retour sur Mekelé s'est fait rapidement ; juste 3h de route. En arrivant à la guest-house notre objectif le plus urgent était de prendre une douche et de rattraper notre retard dans la narration de notre périple.

Pause détente avec Mick le chauffeur.
Arrivée sur Mekele
22
janv

Température 28° / Hébergement : Old Abyssinia Lodge

Nous quittons avec regret le confort de la guest-house Asimba tenu par Saba et Mick, elle éthiopienne, lui anglais, nous offrant le meilleur des 2. Nous devions initialement prendre l’avion pour aller à Lalibela puis finalement nous avons décidé d’y aller par la route. C’est à dire 375 kilomètres de routes défoncées et de pistes délabrées. C’est à dire 7 à 8 heures de route annoncée, en réalité 10 à 12 heures. Si on comprend mieux le fait que cela puisse se faire en avion, nous avons fortement apprécié la variété des paysages et des ambiances. Avec un manque total de solidarité avec le chauffeur, nous nous sommes permis de nous assoupir régulièrement, bercé par les cahots et les tournants de la route. Pour le repas, Mick nous a amenées dans un hôtel et nous avons particulièrement mal mangé. Pas réellement rassasiées, nous avons entamé la partie la plus sinueuse du parcours.

Les magnifiques paysage sur la route  de Mekele à Lalibella 

A un moment, Anne ne supportant plus les cahots et les tournants de la route, a demandé un arrêt dans l’espoir de pouvoir restituer à la nature le peu d’aliment qu’elle avait ingurgité. Immédiatement assailli par une flopée d’enfants venue d’on ne sait où, Anne s’éloigne un peu dans un petit ravin maculé de crottes diverses et variées. Sous l'effet de la puissante odeur, elle rebrousse chemin et remonte en voiture. Très peu de temps après être reparties, nous constatons une très forte odeur atteindre nos narines. Anne a un bref instant espéré que cela vienne de l’extérieur, mais réaliste, a très vite compris que cela venait de ses chaussures. Dire qu’elle avait fait attention en marchant !!! Résignés, nous nous attelons tous les 3 à nettoyer la chaussure fautive aux crans fortement prononcés et le tapis de sol de la voiture. Certes consternėe, Anne a apprécié cet arrêt prolongé qui a aidé à lui faire passer sa nausée.

Arrivées aux heures bénies des photographes au Lodge où, paraît-il, Adriana Karembeu a séjourné, nous avons pris un repos dans une chambre inspiré de l’habitat traditionnel.

Coucher de soleil du haut du village de Lalibela
23
janv

Température 24°/ Hébergement : Old Abyssinia lodge

Notre hotel Old Abyssinia avec sa vue lodge à 3 chambres inspiré de l'habitat traditionnel

Nous nous sommes levées au lever du soleil et sommes descendues nous installer sur la terrasse oú l’on sert le petit déjeuner. Bercée par les piaillements des oiseaux, le bruit étouffé de l’activité du personnel de l’hôtel, nous étions bien. Puis c’est fait entendre comme le bruit de bulles éclatant mollement à la surface d’un liquide épais. Intriguées nous avons fini par interroger une employée qui nous a montré qu’en fait c’était des hommes qui cassaient des cailloux... quel indécent contraste d’énergie ! Nous avons un peu traîné en attendant le guide qui devait nous faire visiter les églises rupestres. Lalibela est connu pour ses 12 églises creusées entièrement ou partiellement dans la roche. Elles sont réparties en 3 groupes. La plupart du temps on y accède par des escaliers aux marches très irrégulières. Le sol autour des églises est très accidenté et on enlève ses chaussures pour rentrer dans les bâtiments. La circulation est difficile et fatigante. On passe d'une église à l’autre par des tunnels étroits.

les tunnels pour passer d'une église à l'autre
Gardien - Bet gabriel rufael
Bet Medhane Alem.
Lalbella et ses églises rupestres : Bet gabriel rufael, Bet Medhane Alem.

Le plus impressionnant est de s’imaginer l’excavation de ces églises en partant forcément du haut vers le bas. Chez nous les églises s’élèvent, ici elles s’enfoncent. Ce sont des lieux vivants, les gens y viennent prier nombreux tous les jours et souvent tôt le matin. Les intérieurs se révèlent assez petits avec normalement 3 entrées, une pour l’homme, une pour la femme, et une pour le prêtre. Ces lieux que nous découvrons, nous sont cependant familiers par tous les symboles chrétiens qu’on y trouvent. La plus impressionnante visuellement est celle de st Georges avec sur son toit sa triple croix qui effleure au niveau du sol.

Bet Giyorgis (Église Saint-Georges) taillées dans la roche à partir d'un un seul bloc de pierre.

Après avoir déjeuner dans un restaurant à l’architecture totalement atypique, nous sommes parties négocier l’achat de croix en métal dont la variété des formes est immense. Cela était laborieux, toujours partagées entre payer un juste prix pour nous et à la fois honnête pour le commerçant. Nous avons passé la soirée au restaurant de l’hôtel à discuter avec un couple de voyageurs français vivant à Bruxelles. Nous sommes dans la même tranche d’âge et avons beaucoup de points communs sur notre façon de voyager. C’était très agréable.

préparation du café
Restaurant Ben Abeba situé sur un promontoire offrant une vue panoramique à 360°. 
Coucher de soleil 
24
janv

Température : 23° /Hébergement Simien lodge

Simien lodge dans le parc du Siemen

Nous avons eu un démarrage de journée tranquille. Nous sommes contentes de reprendre la route. 2 jours dans le même hôtel on commence à en voir tous les défauts. Le passage à l'aéroport de Lalibela a été plus serein, sans doute parce qu'il est moins fréquenté. Arrivées à Gondar, il nous a fallu prendre le temps de manger, ce qui est toujours très long au niveau du service. Avant de prendre vraiment la route nous avons fait une escale au château de Gondar. Le chauffeur nous a généreusement octroyé 10 mm car, de son point de vue, le planning était serré. Nous avons compris bien plus tard que l'office chargé de vendre les billets du parc fermait tôt. Bien entendu nous y sommes arrivées trop tard mais à force de discussions intenses, quelqu'un est allé chercher l'employé chez lui qui est revenu enregistrer notre demande. Allez faire ça en France...

Sur la route, contrairement au nord, nous avons vu que les moissons n'étaient pas terminées. Le paysage en était plus vert et plus dorée. Nous les avons vues battre le foin et avons observé les différentes méthodes employées. Les maisons toujours faite en bois et en torchis étaient parfois collées les unes aux autres. Nous avons compris comment ils exploitaient le bois et nous avons aussi constaté que les ânes avaient fait place aux chevaux. C'est fou tout ce que l'on peut observer d'une voiture quand on ne conduit pas. Nous sommes arrivées sur la nuit au lodge, fatiguées de s'être laissé trimballer.


chateau de Gondar 
25
janv

Température 11°/ Hébergement : Simien lodge

Les babouins Gelada  vit sur les hauts plateaux

Le lodge se situe à 3300 mètres, de ce fait les nuits sont fraîches et surtout nous cherchons notre air. Nous sommes parties vers 8h pour visiter le parc naturel du Simien qui monte jusqu'à 4550 m. Pour ce périple nous avons été dans l'obligation d'emmener avec nous un éclaireur armé, nommé scout, et un guide. Nous étions un peu serrés dans la voiture. Il y a beaucoup de marcheurs qui viennent faire un trek de 3 ou 4 jours. Nous nous contenterons d'aller saluer les singes Gelada, espèce endémique, et admirer les paysages des hauts plateaux. La route est assez ardue mais notre chauffeur est très compétent. Très vite nous nous rendons compte que beaucoup de gens habitent ce secteur et après interrogation le guide nous confirme que l’une des tâches du scout est de gérer cette population vis à vis de la faune sauvage. Quand nous avons atteint le secteur pour voir les singes nous avons été surprises de constater que nous pouvons les voir de très près et même s'assoir au milieu d'eux. Ils vivent regroupés en grandes familles et dorment sur les falaises pour se mettre à l'abri des prédateurs que sont les hyènes et les léopards. Le cumul de la fatigue, de l'altitude et d'une alimentation différente nous ont rendus malades. Nous avons dormi toute l'après midi puis après avoir renoncé au repas du soir, remettant au lendemain le fait de faire nos valises, nous nous sommes recouchées jusqu'au lendemain matin.


Le parc du Simien et ses hauts plateaux
26
janv

Température 28° / Hébergement : Haile ressort

Eglise monolithe d' Adadi Mariam 

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas ; nous avons très chaud. Pour cela nous sommes passées du nord au sud. Pour ce faire, nous nous sommes levées à 5heures du matin afin de plier bagage sans autre éclairage qu’une lampe de poche (coupure de courant toute la nuit). Nous avons affronté 3 heures de route sans avoir pu petit déjeuner pour rejoindre l’aéroport de Gondar où, sommes toute, les choses se sont bien passées ; nous commençons à être rodées côté aéroport. Après une heure de vol (juste une broutille), nous avons fait la connaissance de notre nouveau chauffeur « Million » et sommes aussi sec parties pour 5 heures de route toujours sans manger. Sortir d’Addis-Abeba a été des plus pénibles ; nous avons été pris dans un embouteillage qui ne semblait pas prendre fin. Mais nous avons fini par atteindre les routes de campagne où nous avons pu prendre un rythme de croisière chaotique étant donné la multitude de nids de poule et de dégradations grévant la chaussée. A part un petit détour pour voir une église troglodyte, nous avons tracé jusqu’à Ziway et son lac qui héberge une flopée de marabouts (l’oiseau). Nous n’en n’avons jamais vu autant. En fin de journée, sur le coup de 18h nous avons pu nous restaurer dans les jardins de l’hôtel en bordure du lac.

Les paysages désertiques du nord 
Des centaines de marabouts perchés sur les arbres
27
janv

Température 32° / Hébergement : Paradise Lodge Arbaminch

Lever de soleil sur le lac Ziway
ibis
tisserans
marabout
Coliou rayé
Abyssinien ground horen and bill
Les oiseaux sur le lac Ziway 

Sylvie, après s'être levée aux aurores, a vu un magnifique lever de soleil de la fenêtre de la chambre. Elle est allée au bord du Lac Ziway faire des photos des oiseaux. Il y en avait des milliers ; ibis, marabouts, tisserands... progressivement ils se sont envolés laissant le lac désert. Radieuse et sans se soucier de l'heure, Sylvie est remontée à la chambre pour raconter à Anne ce qu'elle avait vu. Pendant ce temps Anne allongée sur son lit, la tête du côté de la fenêtre ouverte a profité de la musique du jour naissant composée de la prière du muezzin et des piaillements de la multitude d'oiseaux sous une brise légère. Tout cela a contribué au fait de partir 1 heure en retard mais nous ne le regrettons pas. 5 heures de route prévue ce jour. Notre chauffeur n'est pas très bavard. Etant en pleine forme nous avons passé les 3 premières heures de route à discuter et nonchalamment photographier ce qui nous semblait attrayant.

Vie quotidienne sur la route  
En montant vers le Dorze village 

Après le repas pris dans un endroit agréable nous avons repris la route en direction de Dorzé, village célèbre pour ses huttes en forme de tête d'éléphant. Nous avons été accueillies par un rasta aimable et attentif dont le débit tranquille nous a pour une fois permis de comprendre tout ce qu'il disait. A travers lui, nous avons compris que la communauté organisait elle même les visites touristiques. Les gains récoltés servent à la réalisation de projets communs. Cela a satisfait nos égos de touristes inquiètes de ne pas servir à une exploitation quelconque. Nous avons appris un tas de choses dont comment entretenir au mieux sa hutte pour qu’elle tienne longtemps, comment gérer un mariage décemment, comment faire du pain avec du tronc de bananier... nous avons eu toutes les peines du monde à décliner la dégustation de liqueur locale qui nous a fait plus penser à de l’alcool à brûler. Nous sommes reparties plus intelligentes.

Vie quotidienne dans le Dorsé Cuisson des galettes, filage
 Les maisons éléphants des villages du Dorzé et notre guide Rasta

Puis nous nous sommes rendues à notre hôtel. Nous l’avons découvert bâtit sur les hauteurs de la ville, s’étirant en pente douce tout au long de la falaise. Parties clef en main à la recherche de notre bungalow, nous avons progressivement réalisé que le nôtre se trouvait complètement au bout et qu’il devait être assez sommaire, vu que plus nous avancions moins les bungalows avaient de gueule. Mais nous ne le saurons jamais car Anne, les pieds en feu, s’est énervée avant, et toute hurlante et avec quelques dollars de plus, nous en avons obtenu un plus près et plus sympathique. La nuit fut pénible de chaleur.

Notre hotel  Paradise Lodge Arbaminch
28
janv

Température 32° /Hébergement : Paradise Lodge Arbaminch

Nous sommes parties ce matin pour 8h de route, un peu fatiguées ; il faisait si chaud dans la chambre ; même sous ventilateur notre sommeil n'a pas été réparateur. La route, en très mauvais état, nous secouait abondamment. En compensation, elle nous offrait des oiseaux, des singes, des tombes... plein de choses à photographier.

Etat de la route 
récolte du miel
Sur la route... les ruches aériennes, les décharges, les cimetières...

À un moment nous avons bifurqué vers les hauteurs sur une piste presque plus agréable que la route principale. L'air était plus frais. On croisait des villages inattendus, des troupeaux, des gens marchants, enfin rien d'inhabituel. Enfin si. Plus loin, en travers de la route un important groupe d'hommes marchait d'un bon pas. Un mariage ? Un décès ? Un coup de main à un autre fermier ? Nous les avons doublé sans trop les détailler.

Puis, au niveau d'un autre groupe le chauffeur s'arrête. Une discussion animée commence. Pendant ce temps Anne prend une photo d'un groupe d'enfants près d'un tas de pierres. Le chauffeur, l'air grave, dit "pas de photo". Cela nous incite à regarder de plus près les hommes en question... tiens tiens, certains portent des lances avec pointes métalliques au bout. Le chauffeur ouvre la porte passager à l'avant pour faire monter un policier. Nous osons poser la question "que se passe t-il ?" "Des problèmes plus loin" nous réponds t-il , son visage est sérieux. Vigilantes mais, en bonnes européennes à qui rien n'arrive vraiment, nous ne nous inquiétons pas. Nous croisons des groupes d'hommes marchant à vive allure, armés de lances, de machettes, 1 seul d'une carabine. Les troupeaux sont confiés aux enfants. Comme d'habitude, ils s'animent au passage de notre voiture, faisant de grands gestes et réclament à grands cris crayons et autres denrées.

en route pour l'affrontement. Rixe entre etnies

"Que ce passe t'il ?" Redemandons nous à Million.

"La route est coupée devant. Il y a des problèmes ". Il s'arrête à chaque fois qu'il voit des hommes et les interroge. Puis il stoppe à un endroit désigné par notre passager qui descend. Rediscutions. Il décide de rebrousser chemin. "Il existe une autre route ?" "Non". On croise alors un équipage de 3 voitures remplies de touristes, comme nous. S'ensuit une conversation entre le chauffeur de tête et Million. Les touristes des autres voitures sortent se dégourdir les jambes et ne semblent pas se demander quoique se soit alors qu'ils ont croisé les mêmes hommes que nous. Million décide de tenter de passer avec ces autres voitures. Au cours du chemin s’en agglomèrent d’autres. Il faut savoir que dans le pays, il y a une grande bienveillance à l’intention des touristes. Anne lui demande si c'est l'armée qui est de l'autre côté, il sourit et dit que non. Il précise enfin que ce sont des groupes d'ethnies différentes qui se querellent. Cette fois ci nous allons plus loin et atteignons un petit village.

Million pas très content de ne pas pouvoir passer 

Les chauffeurs, très calme, repartent dans de longues conversations avec les hommes du coin. Les autres touristes sortent se dégourdir les jambes. Les femmes locales entament des discussions avec nous, partagées entre l'envie de réclamer argent, vêtements, chaussures, ... et celle d'échanger amicalement. On se sourit, on se sert la main, on échange nos prénoms. L'ambiance est calme.

Mais nous n'oublions pas que juste avant d'être arrivé au village, nous avons vu monter une colonne de fumée noire un peu plus loin. Nous avons vu la même chose en plein Paris avec les gilets jaunes. Et c'est seulement maintenant que nous effleure l'idée qu'après tout nous ne souhaitons pas particulièrement forcer le blocage ni même attendre que ça se règle. Million appelle alors son patron, notre voyagiste Fanuaille qui lui, parle français. Il lui explique la situation, nous le passe et nous décidons ensemble que c'est mieux de rebrousser chemin. On s'en va par une autre route. On s'arrête au niveau d'un policier sans arme, de ceux qui contrôlent la route. Il est triste de la situation ; des parents à lui font partie de l'autre groupe. Il attend des collègues qui justement arrivent. On reprend la route. On s'arrête encore une fois au niveau d'un bus local dont le chauffeur, après discussion, dit que de toute façon la route est aussi bloquée de l'autre côté. Million, encore une fois, décide de tenter le coup car il n’est pas très inquiet. L'homme se sait responsable de nous et tente de faire au mieux. On essaie bien de lui proposer de repasser par la route de montagne sur laquelle nous étions. Ça ne lui plaît pas. On continue. On ne s'arête plus au niveau des autres voitures. "Ça arrive souvent des problèmes comme ça ?" "Oui, des fois, mais on préfère régler ça entre nous. Si on préviens les autorités ils bloquent tout et tout le monde s'inquiète". On comprend le message ; il ne faut pas s'inquiéter. Ça tombe bien ; on ne s'inquiète pas. Depuis que l'on a pris cette route, des groupes de villageois sont rassemblés en attente de nouvelles. Puis petit à petit autour de nous ce sont les activités courantes qui reprennent. Les troupeaux sur la route, des gens qui marchent et portent, d'autres qui assis à l'ombre se reposent - car il est midi maintenant - nous qui prenons des photos, nos pensées qui vagabondent sur de tout autres sujets. Plus un homme armé sur la route. À si ! La ! un ! Mais pas de blocage. Nous retournons à notre somnolence de touristes trimballées. C'était une simple rixe locale. Incident clos. Nous apprendrons que les autres touristes sont passés vers 15h de l'autre côté, escortés par des rangers. Nous retournons á l‘hôtel de ce matin où nous espérons trouver une chambre. Finalement nous saurons à quoi ressemblent les chambres du bout ; moins belles, plus fraîche, plus loin. Nous décidons d’aller sur le lac pour voir crocodiles et hippopotames, histoire de risquer réellement quelque chose. On a vu mieux, mais c’était quand même agréable.

Balade sur le lac Chamo-d'Arba Minch avec les hippos et les crocos
Coucher de soleil sur le lac Abaya 
29
janv

Température 34° / Hébergement : Esmerald lodge

Mouth bird
cordon bleu
Mouth bird
Les oiseaux devant notre chambre au petit matin  

Nous avons repris ce matin pour la troisième fois la route toute cabossée. Une certaine habitude s'installe, mais sans les photos ; il n'y a plus de surprises sur ce tronçon. Alors l'esprit vagabonde. Par exemple Anne se dit que de notre voiture, nos saluts font coloniaux. En même temps l'Éthiopie n'as pas été colonisée, ou si brièvement par les italiens que ceux ci n'on pas laissés de traces à part l'alimentation. Alors elle continue à retourner les saluts, des enfants surtout. Puis elle se dit qu'avec la façon qu'ils ont de faire du stop - avec l'index tendu devant eux et qui montre qu'à chaque culture ses signes - ce qu'elle prend pour des saluts sont peut être leur façon de demander l'arrêt du véhicule... dans le doute, elle continue à saluer.

Dans un premier temps, nous ne faisions que découvrir.

les terrasses qui deviennent vertes à la saison des pluies 

À présent que les choses se répètent nous pouvons observer plus finement, aller au delà de l'attrayant folklore qui cache le labeur. Au travers des incessants déplacements qui s'enchaînent toute la journée, nous voyons à quel point le ravitaillement en eau est pesant. Si tous utilisent les mêmes bidons jaunes, tout le monde n'est pas à la même enseigne. De ceux qui portent leur bidon sur le dos, à ceux qui sont ravitaillés par touk touk, tous les modes de transport sont envisagés. Parfois, rarement, il y a une pompe à eau. Souvent ils vont à la rivière qui à cette saison charrie très peu d'eau, souvent boueuse. Bien sûr, nous ne pouvons pas observer tout de la route et nous espérons qu'il y a d'autres points d'eaux plus salubre. Anne plaignait les pauvres ânes qui croulaient sous la charge. Jusqu'au moment où notre véhicule a croisé des femmes portant au moins aussi lourd sur une longue pente montante.

La corvée du bois et le ravitaillement en eau 

Après de longues heures de route chaudes à laisser vagabonder nos réflexions et à s'assoupir de temps à autre, nous avons atteint un village Jinko. Contente de nous dégourdir les jambes, nous sommes parties accompagnées de l'inévitable guide local. Celui-ci était un ancien instituteur né dans le village mais ne l'habitant plus. Nous avont appris les subtilités de construction du village qui s'étale sur plusieurs générations, s'agrandissant au rythme des mariages et naissances par enceintes successives englobant la précédente. Nous avons appris que les femmes sont très respectées car chez les animistes elles sont en contact direct avec Dieu. Sa parole à la maison est très respectée (cependant se sont bien les anciens de sexe mâle qui font la loi). Le crime le plus grand est le viol (avant le meurtre). On n'excise pas on ne circoncis pas. C'est quand même la femme qui intègre la clan du mari car on ne prend femme que dans une autre clan que la sien. Il y en a 9 clans en tout et c'est au fils aîné qu'on transmet le patrimoine familial. On connaît plein de trucs encore mais on aurait trop peur de se transformer en guide touristique si on continue. Et puis, invitez nous à prendre un verre si vous voulez en connaître plus. Vous pourrez même nous prendre en photo sans que nous vous demandions un pourboire (10 birrs au tarif local par photo).

Peuple Konso 
Huttes du peuple Konso la potiche sur la hutte symbolise matérialisation de l'esprit féminin qui protège la maison

Nous avons également visité un marché local où nous avons croisé des représentants du peuple Banaue. Mais nous ne nous étalerons pas sur la question tant nous avions l'impression d'être prises pour des porte-monnaie sur patte. Soit...

peupleBana 
 marché Bana



Bonne nouvelle, il n'y a qu'1h30 de route pour rejoindre notre hôtel... Enfin, hôtel, faut vite le dire. Nous avons si chaud, nous sommes si exaspérées par cette chaleur que nous prenons très mal ce qui nous est proposé pour la somme de 90 dollars pour la nuit. Il y a tant de choses qui dysfonctionnent que nous allons tout droit à la réception pour qu'ils nous changent de chambre. Ce qui n'est possible que le lendemain. Et puis flûte ; les contrariétés s'accumulent tellement que nous tentons de changer d'hôtel. Ce qui n'est possible évidemment que le lendemain également. Sylvie s'en rend malade et, après une douche, s'empresse de s'endormir dans une chaleur étouffante dans un lit bouillant qui sent mauvais. Au cours d'un voyage de ce type, il y a toujours un moment où les événements vous font péter un câble. Et ici ce n'est pas un problème d'affrontement de villages mais des problèmes de confort qui nous atteignent. Ha pauvre petites occidentales trop chouchoutées par la vie !

Les pintades vulturine 
30
janv

Température 28° /Hébergement : Konso lodge

L'Omo river 

Ce matin non avons décidé de changer de programme. Adieu la vallée de l’Omo. Nous avons cependant conservé la visite au Hammer village, près de l’Omo river à quelques kilomètres du Kenya. Celle-ci, sans être extraordinaire, c'est bien passé. Les gens se sont laissés photographier, moyennant un forfait financier donné au chef du village, d'autant plus que nous leur montrions le résultat. Anne s’est cependant abstenue de prendre son appareil, agacée par un système qui la met mal à l'aise. Elle s'est contentée de traduire, tenir la main aux enfants et laisser boire des jeunes filles à sa gourde. Cette dernière chose à déplu a Sylvie qui ne souhaitait pas transmettre ses microbes vu qu'elle a chopé la crève à garder sa fenêtre de voiture grande ouverte.

Jeune fille Hammer 


Village Hammer - Les hommes portent une calotte d'argile séchée dans laquelle est plantée une plume d’autruche

Contentes de ne pas retourner dans cet horrible hôtel où même le petit déjeuner était détestable, les draps des lits manifestement pas changés, les serviettes très odorantes, les toilettes trop étroites pour que Anne puisse les utiliser, enfin bref où rien n'allait, nous avons décidé de remonter plus rapidement vers le nord. Notre voyagiste, Fanuaille, nous a pleinement épaulé et trouvé une chambre à Konso, lieu par lequel nous sommes passés la veille. Nous avons de la chance que celui-ci soit très arrangeant. Nous savons à présent que le sud de l'Éthiopie n'est pas pour nous ; il y fait trop chaud, la visite des groupes ethniques nous pèse et globalement nous aimons moins ce que nous y voyons. C'est en effet, comme nous l'ont dit nos chauffeurs, un autre pays. Encore fallait-il y aller pour le savoir. Plus tard, loin des désagréments du moment, nous serons contentes d'avoir tenté la chose. Après un repas léger nous sommes réparties pour au moins 5h de route sans escale. Nous pensions dormir sur la route. Sylvie s'est assoupie mais à peine. Quant à Anne qui s'est fait servir un café à l'ancienne - c'est à dire torréfié et moulu dans l'heure précédente, servi très fort dans une petite tasse à ras bord et accompagné d'une boule d'encens mise à consumer sur quelques braises - était très bien réveillée et très attentive. Le chauffeur, qui lui aussi aime les oiseaux et en connaît les noms, nous les signale dès qu'il voit le moindre volatile digne d'intérêt. Il nous a fallu un temps certain pour atteindre le secteur de Konso et voir les cultures en terrasses pour que nous commencions à mieux nous sentir. Il y fait chaud mais tellement moins étouffant ! Et sur la route Anne se dit, comme souvent, que c'est quand même dingue que tous ces gens à peine aperçus ont tous une histoire et qu'il est matériellement impossible de les connaître toutes. Ça lui rappelle que dans le nord, après avoir montré quelques photos prises dans la journée à Mike, leur chauffeur du moment, il s'était arrêté sur l'une d'entre elles en disant "cet homme bat sa femme et ses enfants". De fait, nous ne pouvions plus voir cette photo de la même manière. Et puis cette femme qui peu de temps avant s'est précipité vers la voiture en pleine vitesse en désignant au sol quelque chose qui s'est avéré être un cadavre d'animal qu'elle ne voulait pas voir écrasé par nous à nouveau... Avait elle un lien avec l'animal ? Voulait-elle le cuisiner ? En tous cas c'était déjà un fragment de son histoire.

Anne faisant les textes sur son téléphone  

Enfin arrivées, et contentes de l'être, nous intégrons la chambre. Elle est bâtie sur le modèle traditionnel - c'est à dire circulaire avec un toit de chaume, pas de fenêtres mais avec une température intérieure agréable - au milieu de quelques autres sur une pente plantée d'arbustes fleuris. Il faudra accepter que l'électricité fonctionne uniquement de 18h30 à 22h30 et de 6h à 9h. De toute façon on s'en fout ; on part à 8h. Et que l'eau ne coule qu'en un filet ténu, ce qui transforme la douche en un long moment de méditation qui peut encore se rallonger si on espère de l'eau chaude. Qu'importe ; ici on est bien.

Konso lodge 
31
janv

Température 24° / Hébergement : Haile ressort


Petite sieste pendant une longue route 

Ce matin, en rentrant du petit déjeuner Sylvie a discuté avec notre voisine de chambre, une marcheuse émérite, qui lui a raconté qu'elle était aller voir la cérémonie de passage à l'âge adulte des garçons de la tribu Hammer. Cela consiste en des épreuves de bravoure, de force et de résistance à la douleur. Entre autre, ils pratiquent la flagellation jusqu'au sang. Elle était scandalisée par le comportement des touristes ; c'était à qui feraient les plus gros plans sur les blessures sanguinolentes. Il se trouve que sans savoir de quoi il en retournait, nous avons renoncé à y aller parce qu'il y avait 40 mn de marche en plein soleil. Quelle satisfaction de ne pas avoir participé à cela. Nous voilà de nouveau sur la route avec un objectif de 10h de trajet annoncé. Les bras nous en tombent un peu car nous saturons des cahots de la voiture, des nuages de poussière qui nous font fermer les fenêtres en catastrophe, de l'eau en bouteille qui devient de plus en plus chaude au cours de la journée, ... Il n'y a pas beaucoup de choix en terme d'itinéraire et c'est donc la même route que nous empruntons pour ce retour. Nous regardons avec un oeil de quasi connaisseuse le paysage défiler ; Un tournant particulier, des faces de maison en torchi peintes, un pont au dessus d'une rivière qui coule encore au lieu d'être à sec et qui nous offre le spectacle fugace de gens qui se baignent, de bétail qui boit, de femmes qui lavent le linge.

Les maisons colorés en remontant vers le lac Awasa 

Puis soudain, en sens inverse un motard percute un boeuf au niveau de la tête. Celle-ci se retrouve projetée par cette magistrale claque. Puis nous ne voyons plus rien car nous dépassons rapidement la scène. Dans quel état est l'animal ? Souffre t'il ? Est-il seulement étourdi... peut être qu'il s'est affalé, qu'il est mort. Nous avons juste eu le temps de voir le motard continuer sa course trop rapide. Sylvie n'a rien vu ; plongée dans son Ipad, elle se bat pour saisir des mots malgré les cahots de la route. Mais Anne est bouleversée car c'est tout ce qu'elle craint de voir sur ce type de route où se croisent véhicules sans vrai discipline, personnes et troupeaux. Pendant tout le séjour elle a frémi d'inquiétude à voir un enfant, une chèvre soudainement traverser, ou encore voir les chauffeurs frôler toute cette masse vivante avec pour seul outil le klaxon pour hurler poussez vous. Au milieu de la route le bétail ne se pousse pas, les gens un peu plus, mais pas toujours. Au départ, Anne avait eu l'indélicatesse de dire à chaque chauffeur "tu n'écrases rien ; ni personne, ni animal. Rien !!!". Un temps Anne reste silencieuse, les yeux humides, ruminant ses pensées. Et puis inévitablement on passe à autre chose, même si la scène est désormais gravée dans son esprit... corvée de bois, corvée de fourrage, corvée d'eau ; 4 bidons admettons de 25 litres ça fait 100 litres pour boire, faire la cuisine, se laver (?) pour une famille de 5 à 8 personnes... c'est pas lourd... si si c'est très lourd en fait... Le trajet s'achève sur les bords du lac Awasa bordé de marécages.

Lac Awasa 
 Le lac Awasa, ses marécages, ses pécheurs
1
fév

Température 25° / Hébergement : on dort dans l'avion

En ce dernier jour de voyage un petit pincement au coeur se fait sentir bien que l'une comme l'autre nous soyons contentes de rentrer. C'est la conscience de la dernière fois qui nous travaille ; dernière journée de route, dernière fois à regarder ces gens vivre, dernière découverte dans ce pays, car fidèle à notre principe de ne pas revenir - il y a tant d'endroits à visiter - nous savons que c'est un adieu.

Marché au poissons Awasa 

Nous voilà donc, tôt ce matin, aller au marché au poisson. Le lieu est vivant et joyeux. Mais plus on approche du lieu précis où l'on travaille le poisson, plus les bras nous en tombent. Des hommes accroupis vident les poissons à même le sol recouvert de bâches plastiques maculées de viscères et de sang. Autour, des marabouts cherchent à s'approcher pour attraper quelques restes. Dans l'espoir que nous lui donnions la pièce, un enfant jette des morceaux de viscères à un oiseau qui les happe au vol . "Encore heureux que tu n'ait pas vu ça avant de manger du poisson " dit Sylvie à Anne, rigolarde. Million nous traîne jusqu'aux barques de pêcheurs mais le coeur n'y est pas et nous rebroussons vite chemin. C'était pour le mois instructif.

Retour de pêche et vendeur d'ananas

Puis, après un petit temps de route qui nous sert de transition, nous arrivons au Abijata-Shalla-National Park. Avec l'inévitable guide du lieu nous commençons une marche la plus discrète possible pour voir les autruches semi-sauvages, des phacohères et des sortes de petits toucans. C'est plaisant mais il faut reconnaître que nous avons vu tellement plus impressionnant en Namibie ou au Botswana que lorsqu'on nous propose une marche de 45 mn pour aller voir des sources chaudes, nous déclinons poliment l'offre. Grâce au ciel on peut y aller en voiture. Arrivées au bord de l'eau, Million, plus conscient que nous de la fin de notre voyage, nous propose de faire une photo souvenir à trois.

Le lac Langano, ses accacias et ses sources chaudes 
calao
Abijata-Shalla-National Park et ses quelques habitants Phacochères, autruches...

Pour notre déjeuner Million nous amène dans le restaurant de l'hôtel Sabana Beach qui se trouve être une verrière ouverte sur un joli jardin d'où l'on voit les bords du lac Sangano. Mais surtout, la verrière est envahie de petits oiseaux de toutes les couleurs. Sylvie ne sait plus où donner de la tête, plongée dans cette surprenante volière où les oiseaux circulent librement entre l'intérieur et l'extérieur sans s'effaroucher de notre présence. C'est une belle surprise.

Choucador superbe
tisseran
Hotel Sabana beach  -  lac Sangano
Les beaux oiseaux  éthiopien 

Toutes enjouées, nous reprenons la route et comme dernière surprise, nous retournons à Adis Abeba via la seule autoroute du pays, construites récemment par les Chinois afin de faciliter le transport des produits industriels. Après tant de routes chaotiques, d'obstacles vivants de tous poils, ce beau bitume tout neuf et lisse comme une peau de bébé sur laquelle nous circulons sans accroc à grande allure, nous isolent brutalement de cette réalité éthiopienne à laquelle nous nous étions habituées. Les troupeaux et les hommes sont relégués loin sur les quelques ponts, et la campagne, déserte à présent, nous ferait presque penser à chez nous.

Puis apparaissent les faubourgs de la ville. Puis nous plongeons dans ses embouteillages. C'est laborieusement que nous approchons des alentours de l'aéroport qui, jour et nuit, dégueule d'une dense circulation routière ; il a depuis longtemps dépassé le seuil de saturation.

Nous quittons précipitamment Million, poussées par l'urgence de se plonger dans la difficile progression vers notre avion. Nous nous affalons dans nos sièges... enfin, si l'on peut dire ; la classe économique n'offre pas le confort qui siérait à nos ampleurs. On pue déjà des sueurs de la journée et il nous reste 12h de vol et 1h de train à "odoriférer". Ça y est, c'est fini...

"Je t'ai dit où nous partons fin juin?" "SYLVIIIIE !!! ATTEND UN PEU !!! j'ai envie de dormir. "

Fin du voyage