Whaou !!! Des lamas !!! Sylvie est heureuse. Vous lui donnez 2 lamas et trois flamants roses et elle plane. Elle CLICK CLICK à qui mieux mieux et personne, même un pro de la gâchette numérique, ne saurait l'égaler. Elles n'en sont pas à leurs premiers bestiaux du genre depuis le début du périple mais depuis le début du jour sa dose de lama n'était pas atteinte. En arrivant au refuge du soir, un joli petit troupeau, petits rubans de couleur aux oreilles, le pas facétieux, lui tend une flopée de museaux curieux.
Quand elles descendent du 4x4, elles sont fatiguées, certes, mais très attentives ; parties les dernières le matin, elles craignent un peu les conséquences sur le choix qu'il risque de leur rester en matière de chambre. Ce ne sont pas des 4 étoiles dans les parages et ils ne sont pas légions. Toute la jeunesse qu'elles croisent depuis ce matin leur a bien fait comprendre qu'avec leurs 47 ans bien sonnés elles faisaient figure d'ancêtre dans le secteur et elles craignent un peu l'expérience dortoirs.
C'est sans compter les compétences de Crisu ; partir le dernier – pas trop tôt – arriver le premier – pas trop tard – semble être sa devise.
Ils sont les premiers à choisir jusqu'à la table où elles vont manger ; juste en dessous d'une des rares lampes qui resteront allumées après le démarrage de l'électrogène. Car, pour un temps seulement, il y a l'électricité et les milliards de photos prises dans la journée pourront être déchargés.
Petits gâteaux, petit thé, petite sieste. Elles sont gâtées au milieu de ce rien, dans des baraquements en parpaings où d'autres, dont des enfants, ne se contentent pas de passer mais vivent toute l'année.
Ils passent entre les tables, à l'heure de la soupe, tentant de réciter à toute allure des poèmes ou d'obscures chansons et font la quête, sans doute pour s'acheter 2 ou 3 bonbons à l'espèce de magasin moins fourni que la supérette d'un camping sans étoile.
Sylvie est ravie ; il fait froid ce soir, très froid et tout l'attirail qu'elle a acheté sur Internet et à Décathlon va leur servir. Anne bougonne en enfilant son Damart ; peut-être il pue – prétend-elle – mais elle le met, les chaussettes aussi, les gants pareils. À peine a-t-elle fini que les lumières s'éteignent ; s'en est fini de l'électricité pour ce soir, tout le monde doit dormir à 22h, en plein nulle part. Ce sont les petits jeunes qui doivent bisquer de ne pas pouvoir faire la fête.
Au matin Sylvie est pimpante, Anne ne peut quasiment plus ouvrir les yeux ; la nuit ne lui a pas chassé son mal de tête et leur jeune cuisinier a une tête de déterré. Après prise d'information, il semblerait que les ronflements de Crisu aient été fatals pour son sommeil ; Anne se sent solidaire.
Pas d'eau chaude. Il n'y en avait pas la veille non plus. Sylvie, victorieuse, sort ses lingettes. Décidément, qu'est-ce qu'elle se sent bonne organisatrice. Anne se sent juste mal. Elles se sentiront toutes les deux à peu près propres. Comme quoi elles sont capables de s'entendre, parfois.